68
SAMIRPrenant le temps de réfléchir sur la route, je me demandais que faire. La décision la plus sage selon moi était d'aller toucher un mot à mon aîné à propos de Said, ça pouvait plus continuer ainsi.
Il ne répondait pas à mes messages ce qui avait le don d'accroître mes inquiétudes. Mon seul souhait était qu'il aille bien, qu'il mange et qu'il ait un toit sur la tête, même si il devait me détester à l'heure actuelle. Quelque chose au fond de moi me disait qu'il pardonnerait à notre grand frère. Leur lien était plus fort que ce que j'ai jamais connu. Vis à vis de moi c'était différent. J'avais énormément d'amour pour lui mais ma réaction ne lui a laissé qu'une image trop amère de ma considération.
Je ne lui en voulais pas en ce qui concernait son aventure avec Ilir. Mon égo n'a pas été blessé. Certes l'acte manquait d'éthique mais connaissant l'état psychologique de Said je n'avais aucune amertume. Des erreurs j'en faisais aussi et à sa place j'aurais peut-être fait pire.
J'étais simplement déçu cependant je gardai ma priorité en tête, retrouver Said auprès de notre famille.
En me stationnant en bas de l'immeuble où nous avons grandi, j'inspirai et pris l'ascenseur après avoir pénétré l'immeuble d'habitation. J'espérai en mon fort intérieur que j'allais retrouver mon cadet chez Sajid, histoire de passer à autre chose.
Je toquai à la porte sachant que Sajid était de repos aujourd'hui. Il devait sûrement dormir même midi passé, les horaires d'intérimaires c'était exténuant. Sans surprise en n'obtenant aucune réponse, je pris les clés et déverrouillai la porte pour rentrer à l'appartement.
— Sajid ? Salam 'aleykom je suis rentré !
Pas de réponse. Je vis déjà les rideaux tirés qui laissaient le soleil à peine traverser la pièce. Je jetai un coup d'œil dans le salon et mes yeux s'écarquillèrent. Un bazar sans nom. Des vêtements un peu partout, un carton de pizza vide et ouvert sur la table basse, une manette de play, des mégots de clopes écrasés sur un cendrier et une odeur de garçon qui a pas rangé sa chambre embaumait la pièce. L'ermite responsable de ce foutoir était allongé vulgairement sur le ventre, en boxer, débardeur remontant trop haut à cause d'un sommeil tumultueux. Le corps imposant de Sajid tout endormi trônait dans la pièce.
Je soupirai. J'allais rester ici un moment. Me rapprochant de mon frère, j'aperçu son visage de profil. Une sale mine. Il devait avoir veillé jusqu'à pas d'heure. On avait tous écopé d'un sommeil merdique apparemment. Ma main secoua légèrement son épaule pour qu'il se réveille.
— Eh oh Sajid...
Un grognement s'échappa de lui avant que je n'insistai encore plus.
Sajid grogna à nouveau, se retournant sur le dos et ouvrant les yeux lentement. Son regard croisa le mien, encore trouble de sommeil. Il se redressa en s'appuyant sur ses coudes, visiblement irrité d'être réveillé.
— Samir ? Qu'est-ce que tu fais là si tôt ?
— Il est dix-sept heures passée Sajid. Lève-toi.
Mes mains tirèrent les rideaux assombrissant trop la pièce à mon goût. En me retournant je vis Sajid s'asseoir -sur le canapé où il a dormi- et se frotter les yeux. J'inspirai et soupira discrètement et mis une main sur son épaule.
— Viens, rafraîchis-toi un peu. T'as l'air patraque.
Il se foutit royalement de moi en reprenant mes termes.
— « Patraque ». Zebi depuis que tu traînes avec les riches t'es devenu quelqu'un d'autre toi. Rebeu distingué hein.
Sa remarque me blessa mais je ne dis rien. C'était pas le but de ma venue et venant de Sajid ça paraissait moins percutant. Le mec ne met jamais de gants pour s'exprimer.
VOUS LISEZ
Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]
Roman d'amourSamir, Sajid et Said. Trois frères ne vivant qu'à trois, après que la vie les ait durement éprouvés. Trois cœurs brisés qui ont grandi et vécu ensemble, mais ayant des rêves bien différents. Arrivant à un tournant de leur vie, comment prendront-i...