Un amour inattendu ( en pause)

Chapitre 3

Je n'ai pu que marquer en moi l'image de mon père heureux, son rictus qui ornait son visage devenu subitement si doux, si décontracté, si charmant.

— Ça va, Shaelynn ? Tu m'as l'air bizarre. Me demande-t-il .

— Je grave cette image en moi, père. Tu es si différent au volant de cette voiture. J'aime mieux avoir le père jovial, détendu qui a le pétillant dans les yeux que le papa strict qui se base sur l'étiquette. Mais je peux te poser une question ?

Il me regarde avec bienveillance et son sourire resta sur son visage.

— Je t'écoute ma puce.

Je prends donc une grande respiration et me lance :

— D'habitude, tu ne veux pas que je monte dans ce bolide , et.... Papa, je peux essayer de conduire la voiture ? Tu peux m'apprendre s'il te plait ?

Mon paternel reprend donc son sérieux, respire un grand coup. Je savais que je demandais une chose réellement impossible, mais j'avais tellement apprécié le voir aussi heureux derrière le volant de cette voiture que je n'ai pu que prétexter cela pour le retrouver encore sous cette forme. Mon père enleva sa ceinture de sécurité, se tourna vers moi et me dit à haute voix tout en me regardant droit dans les yeux :

— Ainsi, tu souhaiterais sincèrement que je t'enseigne à piloter dès cette heure. Conduire ma supra, et tu voudrais apprendre le drift ? s'étonna-t-il .

— Oui papa, j'aimerai vraiment faire tout cela avec toi.

— Alors entendu, c'est maintenant que cela se passe et ça reste entre toi et moi.

— Et pour Anthony ? Il a lâché qu'il avait tout refusé et ne voulait pas faire tes conneries. Mais que moi je le ferai, car je t'obéirai au doigt et à l'œil. C'était tout ce dont j'étais capable de faire de ma piètre vie. Dis-je tristement .

Mon père respira un bon coup et me dit:

— tu sais Shaelynn, Anthony n'est que ton demi-frère. Il m'a demandé ce soir que je lui achète une voiture de luxe. J'ai refusé et il s'est fâché. Je lui ai expliqué qu'il avait de l'argent de poche, de l'argent facile, je pouvais lui trouver de petit boulot. Je lui ai dit que s'il me réunissait les trois quarts du montant de la voiture qu'il voulait acheter, alors je mettrais le reste de la somme avec un surplus pour une option. Ton frère a décliné et pourtant j'estime que travailler pour économiser de l'argent afin de s'acheter ce dont on rêve est honorable. Vu mon refus, ton frère a décidé de partir de la maison, et ce dès demain matin. Mais revenons -en à notre sujet principal, tu es trop jeune, mais je reconnais avoir également appris à cet âge. Alors sort de la voiture et vient derrière le volant.

Je me presse de sortir de la voiture pour rejoindre le nez de la voiture et je me retrouve face à face avec mon père. Je ne peux m'empêcher de lui sauter dans les bras et de l'enlacer fort.

— Merci, papa, j'ai hâte, tu sais.

Mon père resserre ses bras sur moi et me fait un baiser sur le haut du front.

— J'espère Shaelynn, que tu seras bien différente de ton frère ! Apprends qu'il te faut gagner de l'argent pour t'offrir ce que tu veux, le cambrioler ne sert à rien. Crois-moi, j'en vois tous les jours des vols au tribunal. Ce sont les mauvaises gens qui volent. Par conséquent, ne cède jamais à la facilité. Allez, hop ma puce au volant.

Je rejoins alors le précieux volant, je m'installe et j'obéis à tout ce que me dit mon père. Certes, la première tentative de démarrage se termine par un véhicule cloué au sol, bondissant du nez comme si elle était collée sur place, ce qui se solde par une parole de mon père en rire.

— Oups, caler, aller recommence et pense à doser un peu plus ta commande d'embrayage avec la pédale d'accélérateur. Tu dois trouver le juste équilibre. M'explique sereinement papa.

Mon père demeurait très calme, ce qui à mes yeux était plus que suspect. Quand on sait qu'il tient énormément à sa supra. Je tente de réussir mon démarrage et au final après quelques essais, je finis par enfin réussir à démarrer ce monstre en puissance. Papa me laissera même conduire jusqu'à être arrivé à la maison.

Je reste dans la voiture à observer ma mère qui subitement prend sa veste, me fixe avec un regard froid et furieux. Mais je l'avais déjà surprise, avec ce type, ce mec qui roule en Lamborghini. Un mec qui avait la classe, mais d'après des informations que j'avais pu avoir, ce type n'était pas des plus fiables. Comment protéger ma mère, alors qu'entre elle et mon père, leur couple était en péril . Leur mariage battait sérieusement de l'aile et j'avais dû prendre une décision et agir en fonction.

Je refusais de perdre mon père et donc j'avais accepté la proposition de Max Lorenzo. Monter dans les courses de drift, mais en version illégales ! Et à bien y repenser, c'était peut-être cela qui a fait que mon père a été fâché. Peut-être l'a-t-il appris ? Mais comment ?

Peu importe, la réponse de ma mère ne me surprend pas. Mais pourquoi papa n'a-t-il pas réagi ?

Me viennent à ce moment-là pas mal de choses en tête comme le fait que peut-être papa est au courant de l'histoire. Mais alors, pourquoi accepte-t-il ? Je contemple donc mon père, et je me demande ce qu'il se passe dans sa tête.

— Un souci Shaelynn ? Tu m'as l'air dans tes rêveries ? s'inquiéta papa.

— Non, ça va papa, merci. Mais cela me fait bizarre que tu restes pour la nuit.

Mon père me regarde avec un petit sourire. Je pense profiter de la soirée, pour peut-être encore parler. Mais à mon arrivée, c'est Anthony qui est devant moi. Je gare la voiture devant le garage qui lui est attribué. Je sors du véhicule. Mon père me remplace pour rentrer son petit bijou.

— Je le savais petite conne, que tu ferais tout ce que ce vieux croulant demande ! me dit-il avec arrogance.

— Vois-tu, connard, je le fais parce que j'en ai envie. Mais contrairement à toi, je ne prends pas le large juste pour le simple motif que papa n'a pas voulu me payer une voiture de luxe! Alors, dis-moi : qui est la conne et surtout qui est le débile profond dans l'histoire ? Car tu réunissais les trois quarts de la somme de ta voiture et papa, le vieux croulant comme tu aimes l'appeler te payait le quart de ta charrette avec en surplus une option. Mais jamais, il n'a précisé le montant de l'option. Tu es un crétin Anthony, alors surtout dépêche-toi de foutre le camp d'ici et retourne chez ta mère. Mais un conseil, ne vient jamais m'emmerder, car je suis peut-être ta demi-sœur, mais j'ai peut-être plus de jugeote que toi. Alors, bonne route Frérot, et tâche de faire moins de bruits quand tu te lèves, car c'est très dérangeant.

Je lui dit tout cela sur un ton de l'indifférence, mais au fond de moi , j'étais fier de ma répartie. 

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