ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 62

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Nous étions tous dans la voiture de Naoto, silencieux. Il conduisait, Karamilla était à côté, et moi à l'arrière. Elle n'avait pas prononcé le moindre mot depuis le décès. Son regard se perdait dans le paysage qui défilait. Personnellement, je ne savais plus où donner de la tête. J'étais épuisé, mais dès que je fermais les yeux, son visage meurtri me revenait en tête. Naoto, n'osait pas parler, ne sachant pas vraiment quoi dire non plus.

Lorsqu'environ une heure de route s'écoula, nous arrivâmes à l'hôtel. Naoto passa la carte dans le détecteur de la chambre, puis il nous laissa entrer. La chambre était peu spacieuse, il y avait dans la même pièce un canapé dans un coin avec une table basse devant, deux lits, et une cuisine. Une douche et des toilettes se trouvaient dans la pièce à côté. Les meubles et les draps étaient dans les tons rose orangé. Karamilla s'assit sur le canapé, la tête basse, les bras repliés sur ses jambes. Je ne savais pas quoi faire, alors je m'adossai à la table à manger. Naoto s'avança, puis il nous regarda tour à tour avec pitié. Il prit une grande inspiration et prononça les premiers mots que nous entendîmes depuis un moment.

Naoto- Je... Je suis sincèrement... Désolé.

Karamilla leva lentement la tête vers lui, et le dévisagea de son regard vide.

Karamilla- Pourquoi ?

Il ne répondit rien. Se contentant de la fixer avec de grands yeux.

Karamilla- Tu n'as fait que lui rendre service. Il l'a dit lui-même. Dans tous les cas, tu as toujours eu en tête que Mikey était quelqu'un de mauvais et dangereux, c'est normal que ton premier réflex ait été de tirer quand tu l'as vu pointer une arme contre Takemichi. Et puis dans tous les cas... Il aurait fini par trouver un moyen de mourir.

Une larme s'écoula de mon œil à l'entente de sa voix. Il n'y avait aucun ton. C'était comme-ci elle lisait un texte.

Naoto garda le silence, baissant la tête. Karamilla prit une profonde inspiration et dodelina la tête sur le côté d'un air nonchalant.

Karamilla- Bon... J'imagine que vous avez des questions à me poser.

Naoto hésita, mais finit par se lancer.

Naoto- Comment as-tu fait pour survivre ?

Karamilla- Quand j'ai sauté, je me suis rattrapée sur un balcon, j'ai escaladé la barrière de sécurité, et j'ai attendu que Mikey soit parti pour me barrer.

Il acquiesça d'un hochement de tête.

Naoto- Comment on peut faire pour savoir si tu es réellement morte ? Ce serait bon à savoir pour la prochaine fois.

Elle le regarda en pivotant lentement la tête vers lui, comme un robot.

Karamilla- Partez déjà du principe que tant que Mikey est vivant, il y a très peu de chance que je sois morte. Et... Si ça ne vous suffit toujours pas...

Un léger sourire étira ses lèvres.

Karamilla- J'ai un dicton qui fonctionne dans toutes les situations : « Pas de corps, pas de mort ».

Naoto rit légèrement et on passa à autre chose.

Moi- Euh... Qu'est-ce qu'il s'est passé... Pour qu'il tue tout le monde ?

Elle leva la tête vers le ciel couvert par le plafond, respira bruyamment puis réfléchit avant de répondre.

Moi- Il ne le voulait pas. C'est dur à expliquer. Il... Mikey ne se contrôlait pas vraiment. J'ai envie de dire que c'était sur un coup de tête mais ce serait faux. Pour faire simple, il y avait quelque chose en lui qu'il n'arrivait pas à contrôler. Un peu comme des pensées intrusives, mais il se sentait obligé de les écouter. Si je suis partie, c'est parce que le jour où je le fuyais, il voulait me tuer. J'étais la dernière sur la liste. Et lorsqu'il était persuadé de tous nous avoir tué, il s'est mis à errer. Jusqu'au jour où... Il s'est rappelé que tu existais. Au début, il voulait te tuer. Avant qu'il soit obligé de le faire. Puis il s'est dit que tu pouvais être celui qui le libérerait. Et voilà où on en est.

ℒℯ  𝒟ℯ́𝓈ℯ𝓈𝓅ℴ𝒾𝓇  ℰ𝒸𝒶𝓇𝓁𝒶𝓉ℯOù les histoires vivent. Découvrez maintenant