Chapitre 2

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Nous arrivons au palais. Je ne saurai décrire les émotions qui me parcourent.

Un peu d'excitation, de peur, de haine.

Un garde me demande de sortir de la calèche dans laquelle j'ai été conduite. C'est une des calèches royales. Dans ma tenu entièrement noire, je suis parfaitement bien assortie avec elle.

Dès que je pose un pied dehors tout le monde se tourne vers moi.

Nous sommes en hiver, les premières neiges ont commencé à tomber et les arbres ont finalement perdu toutes leurs feuilles, mais cela n'empêche pas les nobles de sortir dans les jardins.

Les conversations s'arrêtent lorsqu'un des gardes qui m'a amené ici me bouscule pour me faire avancer. Je me félicite d'avoir réfléchit en m'habillant : une robe m'aurait fait trébucher.

Je m'avance vers l'entrée du palais, menottée, la gorge serrée. Un second garde, habillé du même costume que le premier, pantalon de costume noir aux piqures dorées, et veste trop légère pour la saison, m'accoste et fait signe aux nobles autour de reprendre leurs activités. Qui consistent à discuter de sujets débiles tout en marchant bras dessus, bras dessous. Après tout, pourquoi travailleraient ils alors que des paysans aux revenus presque imaginaires sont là pour le faire à leur place ?

Les gardes me font presser le pas, cependant, j'ai quand même le temps d'admirer l'allée qui mène au palais.

Impressionnante. Magnifique. Je ne l'aurai jamais imaginé aussi grande. Elle traverse la cour, un immense jardin parfaitement tondu. Des rosiers de toutes les couleurs, malgré le froid, la borde. Plusieurs bancs, où plusieurs dames discutent, sont disposés un peu partout dans les jardins. L'allée, elle, est en gravier blanc, contrastant avec les murs noirs du palais, et quelques lampadaires remplacent le soleil, couvert par les nuages.

Nous entrons dans le palais. Enfin.

L'atmosphère y est sombre, froide.

Les murs noirs, assortis aux costumes des gardes et à la calèche, sont parsemés de cadres aux encadrements noirs eux aussi. Je me fond parfaitement bien dans le décor. Après avoir traversé un grand hall, un immense hall, nous nous retrouvons dans un couloir. Ce n'est que là que je pense à regarder au dessus de moi : le plafond est rempli d'arabesques en forme de roses noires elles aussi.

Quelques vases, dorés cette fois, sont posés sur des armoiries.

J'aime beaucoup le style du palais. Lugubre mais chaleureux d'une certaine manière. J'ai toujours rêvé de décorer ma chambre de pétales de roses fanées, d'arabesques, de peintures noires,.... Bien évidement, mon père n'a jamais voulu.

J'aurai aimé avoir plus de temps pour pouvoir contempler le palais qui a peuplé les rêves de mon enfance. Combien de fois ai-je rêver de vivre ici, d'être mariée au roi ou de simplement vivre à la cour ? Heureuse.

Considérée à la même hauteur que les autres. Pour changer.

Mais les gardes sont pressés. Eux.

Ceux- ci m'obligent à m'arrêter. En face se trouve une porte au moins 3 fois plus grande que moi.

« - Votre procès ne va pas tarder à commencer. Les visiteurs sont déjà dans la salle. Nous n'attendons plus que le conseil. »

Le garde lâche ces paroles si froidement que j'en ai la chair de poule. Son visage carré et sa barbe parfaitement taillée vont très bien avec elles.

Le second poursuit de la même voix tranchante :

« -Inutile de vous rappeler que vous ne devez prendre la parole que lorsqu'on vous y autorise. »

Je hoche la tête en silence.

Les portes s'ouvrent. J'ai peur. Je crois que je n'ai jamais autant stressée de toute ma vie. Un des gardes me pousse en avant si bien que je manque de trébucher.

Mais il en faut bien plus pour me déstabiliser.

Et j'ai bien l'intention d'assister à ce procès la tête haute. Mon procès.

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