Je finissais de rincer les cheveux de Kaarl quand on a toqué à la porte.
« -Je ne suis pas disponible. »
Malgré l'interdiction de Kaarl, la porte s'ouvre d'un coup. Kaarl et moi nous levons d'un même geste. Ma peur s'intensifie quand je vois à qui nous avons à faire. Avec son bras, Kaarl me pousse discrètement derrière lui. Comme pour me protéger. Pour me protéger.
« -Je ne peux vous recevoir maintenant. »
Sa voix est froide. Elle me donnerai des frissons.
« -Excusez moi votre majesté mais nous venons à l'instant de voir Lady SAUVEL poignarder un jeune homme. »
Je frémi à l'entente de mon prénom. Kaarl me pousse un peu plus derrière lui.
« -A l'instant, dites vous ? _Sa voix seule pourrait me faire mourir d'angoisse._
-Oui. Juste maintenant. Dès que j'ai vu cela, je me suis précipité pour vous voi... »
Le petit homme chauve que je connais bien ne termine pas sa phrase. Je suis sortie de derrière Kaarl. Il blêmit. Puis son être tout entier se charge de haine.
Kaarl appelle des gardes. Mais c'est trop tard. Le poignard de l'homme passe à quelques millimètres de ma gorge. Je pousse un petit cri de surprise.
Mais un second poignard fuse l'air. Cette fois dans la direction de Kaarl. Il l'évite aussi. Dans un même mouvement, nous récupérons chacun un poignard et nous mettons en garde. Enfin, il se met en garde et j'essaye de faire comme lui.
L'homme sort encore un autre poignard. Je tremble. Mais je croise le regard du roi. Si confiant que je me détends un peu. Un tout petit peu. Il s'agit du même poignard que celui avec lequel son père ma blessée.
L'homme s'élance non pas sur Kaarl mais sur moi. Il porte une attaque sur ma gorge. J'évite son poignard. Mais cela servait juste à me distraire pendant qu'il préparait son poing.
Il me frappe d'un coup sec dans l'estomac.
Je tombe par terre en ayant pendant quelques secondes l'impression d'être ma mère.
Kaarl se rue vers lui. Tout deux, poignards en l'air. Mais les gardes sont plus rapides et surprennent notre assassin. Du tranchant de la main, l'un deux lui fait lâcher son arme. Le second lui passe des menottes.
Les gardes l'entraîne avec eux. Kaarl m'aide à me relever sans pour autant se tourner vers moi.
« -Attendez. »
La voix de Kaarl aurait pu faire tomber les murs.
Les gardes se retourne. Ils sont grands. Très musclés. Pas étonnant que le membre du conseil n'est pas eu de chances.
Le visage du traître s'habille d'un grand sourire.
« -Je sais ce que vous me voulez à moi. Mais pourquoi ? Pourquoi vous en prendre à elle ? Que vous a t-elle fait ?
-Je pensiez que vous l'auriez compris... »
Son visage se fait malicieux. Celui de Kaarl encore plus dur.
« -Elle est votre seule faiblesse. »
Si je ne m'étais pas appuyée sur la chaise, je me serrais écroulée.
Sa seule faiblesse. C'est donc ma faute si Kaarl prend des risques. Celui qui l'a blessé au bras voulait s'en prendre à moi. Pas à lui. Il m'a défendu. Il m'a protégé. Mais si je suis sa seule faiblesse, cela signifie qu'il m'aime bien. Quelqu'un m'aime ?
Je suis immobile. Debout. Kaarl lui, est plus qu'énervé. Mais je vois quand même un peu de tristesse dans ses yeux, alors qu'il m'adresse la parole.
«-Allez y. Posez la question qui vous tracasse. »
J'ouvre la bouche. Milles et une questions veulent sortir. Mais je m'abstiens. Je vois à sa tête qu'il n'a aucune envie d'y répondre. Pas maintenant.
J'essaye alors, sur le ton de l'ironie.
« -Une servante n'est elle pas dans l'interdiction de poser des questions ? »
Cela le fait sourire un peu. Il se tourne et se sèche à l'aide d'une serviette.
Ma robe est trempée. Mais je n'en ai pas de rechange. Alors j'attend qu'il me donne l'ordre de le laisser.
Kaarl finit par s'en apercevoir.
Son petit sourire en coin m'indique qu'il va se moquait de moi.
« -Voudriez vous que je vous prête une chemise ? »
Je souris plus que jamais. Je ne suis vraiment pas discrète.
« -J'aimerai bien oui »
Il pose sa serviette et se dirige vers son armoire. Il l'a parcourt des yeux. Puis en sort une longue chemise blanche. Avec quelques parties en dentelles.
« -Tenez. Elle devrait vous aller. »
Je lui souris et la lui prends. Je me mets dos à lui pour enlever ma robe. Mais celle ci étant trempée, il m'est très difficile de l'enlever.
Au bout d'un moment, je sens le regard de Kaarl posé sur moi. Je me tourne vers lui. Il éclate de rire.
Je lève les yeux au ciel.
« -Ne pourriez vous pas m'aider plutôt que de rire? »
Se mordant la lèvre pour ne pas continué à rire, il s'approche de moi et s'exécute. Le contact de ses doigts chauds sur mon cou puis descendant sur mon corps pour me retirer ma robe, me donne des papillons dans le ventre.
Je sais qu'il le sait. Et qu'il fait exprès de prendre son temps.
Ce moment avec lui près de moi, chasse instantanément l'image du poignard de l'ancien roi de mes pensées.
Je passe ensuite sa chemise. Elle me va plutôt bien.
Kaarl sourit en me voyant ainsi. Comme si il ne c'était rien passé avant.
« -Oh ! J'ai failli oublier. Nous sommes en hiver, vous ne pouvez pas sortir comme ça ! »
Il se retourne vers son armoire et en sort un pantalon en cuir noir. De taille petite.
Je l'enfile. Il me va parfaitement bien. Moulant mes jambes juste comme il faut. Je me demande que fait ce pantalon dans son armoire.
Je me tourne vers lui et la voit.
Sa ceinture posée sur une chaise. Elle est magnifique. En cuir noir ancien, elle est parsemée de petits clous d'argent.
Kaarl suit mon regard.
« -Elle vous plaît ? »
J'hoche la tête, un sourire au lèvre.
Il rit. Il faut dire que je ressemble à une enfant qui voit un marchand de glaces.
Toujours en riant, il va me la chercher. Et me la passe autour de la taille.
« -Elle vous va mieux qu'a moi. »
Je ris. M'approche de la glace pour voir à quoi je ressemble.
Magnifique. J'adore. Je ressemble à une femme pirate. Tout ce dont j'ai toujours rêvé d'être.
« -C'est parfait. Merci votre majesté. »
Nous rions tous les deux.
Tout en s'habillant, Kaarl me demande.
« -Voudriez vous que nous allions nous promener dans les jardins ? Que je puisse enfin répondre à vos questions ?
-Très bonne idée ! »
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RomanceTiana SAUVEL. Kaarl SAVIOR. Une jeune femme au cœur brisée accusée de tentative de meurtre. Un Roi sans pitié. Sauf cette fois... Elle qui été destinée à se marier avec le fils d'un duc sans même l'aimer. Lui qui cherchait une femme qui pourrait ju...
