Chapitre 49

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Heureusement pour notre pique nique, le ciel est dégagé et le soleil brille. Nous devons nous retrouver derrière le grand chêne du jardin. D'après ce que Kaarl et Maël m'ont dit, c'est ici qu'ils jouaient toujours ensemble. C'est d'ailleurs ce dernier et Rose qui s'occupent du repas. Kaarl avait une dernière réunion ce matin et je ne connais pas les cuisines aussi bien qu'eux.

Il est 12h. Je suis enfin prête. J'ai installé la robe que je me suis choisie pour le bal de ce soir sur mon lit. Ainsi, je n'aurai qu'à la revêtir pour être prête pour mon tout premier bal. J'avoue appréhender quelques peu les regards qui se feront certainement haineux du conseil et des autres membres de la cour. Mais ils ne me gâcheront pas cette fête. Mes nouveaux amis seront là. Et le roi aussi. Mais pour l'instant, ni Kaarl, ni Maël ne m'a proposé de m'accompagner au bal. Peut être que cela ne se fait plus? Après tout, je ne connais les traditions que grâce à mes livres.

Dans le peu de couloirs que je traverse pour sortir du palais, je croise plus de monde que je n'en ai jamais vu. Tous parlent fort. Les femmes toutes excitées, coureraient presque, et les hommes défilent en costumes de fête. D'après Kaarl, aucuns bal n'avait été organisé au palais depuis la mort de ses parents. C'est surement pour ça que tout le monde est impatient.

Cela me va tout autant : personne ne semble remarquer ma présence.

L'air frais qui me brûle les joues en sortant me ranime. J'en avais bien besoin. J'aperçois au loin Kaarl sortir par une autre porte du palais et se diriger vers le grand chêne. Je décide de ne pas le rejoindre. Il à l'air pensif et je ne voudrais pas le déranger.

Quand je tourne au grand chêne pour y trouver mes amis, je n'en crois pas mes yeux. Une grande nappe noire brodée de dorée est étendue au sol. Et dessus, des milliers de tonnes de nourriture sont disposés. J'exagère à peine. Nous sommes 4 mais nous aurions très bien pu inviter toute la cour à déjeuner. Fruits, plats chauds, assiettes de fromage, boissons, pains tout juste sortis du four et gâteaux s'entremêlent. Je n'avais jamais vu pareil pique nique. Maël me sort de ma rêverie :

"-Alors? Cela te va t-il?

-Tu rigoles ?! C'est au delà de tout ce que j'aurai pu imaginer!"

Il éclate de rire rapidement rejoins par Rose qui rit elle aussi.

Après s'être salués, je commence à m'inquiéter de ne pas voir le roi arrivé. Mais je n'ai pas le temps de le chercher qu'il apparaît déjà devant nous. Je m'inquiète vraiment pour un rien.

"-Et bien! On ne risque pas de mourir de faim!"

Tout le monde rit à la remarque du nouvel arrivant. Et nous nous installons pour manger.

"-La mienne sera noire et brodée de petites roses dorées. Ma couturière c'est surpassée! Et toi ?

-J'hésitais aussi avec une noire mais j'ai finalement opté pour une vert sapin, fermée d'un ruban dans le dos.

-Wouah! Elle doit être magnifique!

-Elle l'est!"

Rose et moi rions en discutant de nos robes. Kaarl et Maël, eux, ont l'air de tenir une discussion plutôt sérieuse, ce qui me tends un peu. Mais Rose et moi n'y sommes pas conviée alors je ne m'en mêle pas.

Comme prévu, tout ce que nous avons mangé était délicieux. Vraiment délicieux.

Les longs et forts soupirs entrelacés de Kaarl et Maël nous font soudain sursauter, moi et mon amie.

Leur fameuse discussion "secrète" à l'air d'avoir eu l'effet de les épuiser. En attendant, elle aura durée presque toute l'après midi et il est maintenant l'heure d'aller se préparer pour le bal. Je suis assez déçue de ne pas avoir pu plus "profité" de Kaarl. Et de Maël. Mais c'est comme ça, je n'ai pas vraiment mon mot à dire.

Nous nous levons tous, Maël et Rose replient la nappe tout en rangeant les restes conséquents de nourriture dans de petits paniers. Si ma mort n'était pas prescrite pour dans quelques jours, j'aurai prévu de réorganiser ce genre d'après midi. Mais ce ne sera pas possible.

"-Je tiens à m'excuser de notre discussion à Maël et moi. Elle ne devait pas être très intéressante pour vous."

Je lui réponds en levant les yeux au ciel. Kaarl a tenu à m'accompagner jusqu'à mes appartements.

"-A vrai dire je ne sais même pas de quoi elle traitait."

Je n'ai pas vraiment essayé de cacher l'agacement dans ma voix. Ce qui, au lieu de l'énerver, fait rire le roi.

"-Je vous pensais plus curieuse

-Vous n'avez rien fait pour que je puisse m'intéresser. Et puis _je reprends sur un ton ironique_ je n'aurai pas voulu vous déranger. Vous aviez l'air si sérieux."

Cette fois il éclate de rire.

"-Cela vous intéresserez t-il de savoir de quoi nous parlions ?"

Il s'est arrêté. Et devant son sourire énigmatique, je ne peux que répondre par oui.

"-M'en feriez vous le privilège?"

Il rit doucement. Puis reprends d'un ton trop sérieux à mon goût.

"-Nous parlions du bal de ce soir. Et de la sécurité."

Non. Je n'aurai pas du lui répondre oui. Mon sourire disparaît instantanément, toute ma bonne humeur avec lui. Mes craintes, elles, reviennent avec brutalité.

Un léger haut le coeur me parcourt.

"-Tiana...?"

Il est inquiet. Je le suis aussi. Mais pour différentes raisons.

J'ai pensé toute la nuit au fait que le bal serait le lieu idéal pour une attaque des complotistes. Il auraient la place, leur entrée, et le monde qu'il leur faut pour les aider. Et pour inventer des suspects. Ils pourraient s'en prendre aussi bien à moi qu'au roi.

Notre pique nique avait eu l'effet de chasser ces pensées mais voila que Kaarl mes les renvoient en pleine face.

"-Je peux savoir ce qui se passe dans votre tête?"

Sa remarque aurait du avoir l'effet de me faire rire. Surtout en sachant qu'il peut lire dans mes pensées. Mais il n'en ai rien. Je lui réponds d'une voix que j'aimerai forte mais qui est en fait toute petite.

"-Je me disais que le bal serait le lieu et le moment idéal pour attaquer un roi entouré de monde sans laisser d'indices.

-Exactement."

Je fronce les sourcils. Il a dit ça avec tant de désinvolture.

"-Et c'est pourquoi j'ai demandé à renforcer la sécurité.

-J'en doute bien mais ne pensez vous pas qu'elle ne servira à rien? Comment pouvons nous être sûrs de la fiabilité de vos gardes?

-Nous ne pouvons pas."

Un léger frisson me parcourt. Je croise les bras sur ma poitrine pour le masquer. Mais le roi est plus rapide. Il m'enroule de ses bras musclés et pose mon front contre son torse.

Sa voix se fait plus légère.

"-C'est pourquoi je jouerai le rôle de sécurité pour vous toute seule.

-Nous ne savons pas combien ils sont.

-A comploter?"

J'acquiesce doucement sur son torse.

"-Vous doutez de moi demoiselle?"

Je perçois dans sa voix le petit sourire en coin que j'aime tant chez lui.

Voyant que, trop apeurée de le perdre je ne réponds pas, il poursuit.

"-Et bien sachez que je peux jouer le rôle d'une armée toute entière. Quand il s'agit de vous."

Une larme s'échoua au coin de mon oeuil. Mais je n'y prêtai aucune attention. Mes mains remontèrent le long du torse de Kaarl. Jusque dans son cou. Sans détacher mon regard du sien, j'attrapais tout doucement sa mâchoire. Il caressa mes bras de ses doigts chauds et vient les entrelacer aux miens. Et, je m'abandonnais au baiser tendre et désespéré qu'il m'offrit.

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