Chapitre 36

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Grâce à Maël et Kaarl et à leur bonne humeur, je n'ai pas vraiment repensé à ce qui allait ce passer avec mon père.

Cependant, nous y sommes. Kaarl a insisté pour m'accompagner. J'ai fini par accepter. Après tout, je sais comment cette histoire va finir et que j'aurai besoin de lui pour tenir.

Nous sommes dans une calèche. Très différente de celle qui m'a emmené au palais pour mon procès. Celle ci est noire avec des arabesques dorées. Le logo de la famille royal sert de poignée. Les deux chevaux blancs qui nous guident sont la seule touche de lumière. Deux gardes sont assis à l'avant. Un autre parcourt la route à cheval, derrière la calèche.

Les banquettes sont des plus confortables. A carreaux noirs et dorés, elles sont assorties à la calèche.

Le roi est assis en face de moi. A la vue de la tête qu'il fait, je devine qu'il appréhende comme moi, cette entrevue avec mon père. Il ne le connait pas mais assez pour savoir de quoi il est capable.

Nous nous rendons chez lui. Chez moi. Mon ancien chez moi. En d'autres circonstances, j'aurai pris plaisir à faire visiter le roi. Mais nous n'en aurons certainement pas le temps.

Je me tourne vers la fenêtre. Je regarde les arbres passés. Je me demande dans quel état je ferai le chemin du retour.

Je reconnais la route sur laquelle nous sommes. Petite, c'est celle que ma mère et moi prenions à cheval pour aller pique niquer quand mon père et ma soeur n'étaient pas là. Nous sommes donc bientôt arrivés.

Je sens la boule dans mon ventre grossir. Et ma gorge se serrer légèrement.

Et si c'était un piège ? Et que j'avais mené Kaarl droit dedans ? Et si mon père faisait parti du complot ? Et qu'il savait que le roi viendrait avec moi avec une garde réduite ?

Non. Non, cela m'étonnerai beaucoup. Je chasse ces idées de ma tête. La calèche s'arrête. Devant une maison que je connais bien.

Rien n'a changé. Le jardin est parfaitement tondu. Comme à son habitude. Je vois que mon père à fait recrépir les murs. La plupart des fleurs dont ma mère et moi prenions soin ont fanées. Cela m'arrache un petit pincement au coeur. Mon père ne daigne même pas honorer la mémoire de ma mère. Ma soeur non plus d'ailleurs. J'espère qu'elle ne sera pas là.

Kaarl m'aide à sortir. Il me dit d'un regard que tout va bien se passer. Mais je sais autant que lui qu'il a un peu peur aussi.

Nous nous approchons tous les deux de l'entrée. Kaarl toque. Je n'ose respirer.

Un homme grand et bien battu nous ouvre. Mon père. Lui non plus n'a pas changé. Sa barbe et ses cheveux bruns parfaitement rasés reflète la droiture et le coeur de pierre qu'il a.

Il me lance un regard de dédain. Je détourne malgré moi le regard.

Puis s'adresse au roi.

« -Votre majesté, je ne vous attendais pas. »

Il fait une révérence tout en me lançant un regard noir.

« -Il ne fallait pas vous donner la peine de l'accompagner. »

Kaarl sourit et prend un air détendu. Peut être pour me rassurer. Car je suis pour ma part de plus en plus tendue.

« -Quant à toi Tiana, tu n'aurai pas du déranger sa majesté pour tes problèmes. C'est tout toi ça : Penser que les autres ne sont là que pour toi. »

Il lève les yeux au ciel et rit en se tournant vers le roi. Il rit aussi. Pour faire bonne impression.

J'espère.

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