Chapitre 43

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Je ne me souviens pas vraiment de comment je me suis endormie hier soir. Je sais que Kaarl m'a proposé de rester au cas où je referai un cauchemar et que j'ai dis oui. Toujours est il que quand je me réveille, Kaarl est allongé sur le dos, à côté de moi. Le regard perdu vers le plafond.

Je m'installe de la même manière que lui. Je ne sais pas si j'ai fait le bon choix : le pardonner. Mais je me suis dis que dans tout les cas, j'allais mourir dans moins d'une semaine. Et qu'ainsi, je n'avais rien à perdre. Et mieux fallait que je finisse ma vie en étant avec celui que j'aime malgré tout plutôt que seule avec mes regrets.

Le roi à l'air triste. Ses traits sont tirés. Enfin, de ce que je peux en voir. Il n'a pas du beaucoup dormir. Peut être ai-je fais d'autres cauchemars ? Auquel cas, je ne m'en rappelle pas.

Ou alors s'en veut-il encore ?

J'hésite un long moment avant de prendre la parole. Mais une question me triture l'esprit.

"-Votre majesté?"

Il pousse un profond soupir. Je vois bien qu'il souffre. Mais il ne se tourne pas vers moi.

"-Quand vous m'aurez pardonné, ce que je ne vous demande pas de faire, j'aimerai que vous m'appeliez de nouveau par mon prénom. Je m'excuse encore pour hier. Tout ce que j'ai dis était absurde."

Sa voix est toute douce, comme perdue.

Je reprends d'un ton que j'essaye de faire rassurant. Laissant ma douleur de côté pour une fois.

"-Kaarl?"

Je sais que ça lui fait plaisir, mais pour qu'il n'est pas envie de sourire, c'est qu'il est vraiment mal.

Je décide de ne pas faire d'allusion à son état.

"-Pourquoi êtes vous venu me voir hier soir? Quand je dormais? Vous vouliez me dire quelque chose?"

Il garde le silence un moment.

"-Non. Enfin si mais je vous l'ai dis. Je voulais m'excuser. J'ai toqué. J'ai pensé que vous dormiez comme vous ne répondiez pas. Mais je vous ai entendu crier. Alors je suis entré et vous connaissez la suite."

J'acquiesce en silence. Aucun de nous n'a changé de position.

J'ai milles et une choses à lui dire. A lui demander. A lui reprocher. Mais je ne sais par quoi commencer.

Je m'agite un peu. Ouvre la bouche. La referme.

Kaarl se tourne enfin vers moi.

"-Je vous écoute."

Il pose sa tête sur sa main et s'appui sur son coude. De manière à être face à moi.

Je ne bouge pas. De peur de croiser son regard.

J'hésite entre la longue tirade ou l'interrogatoire. Mais je n'arrive pas à me retenir longtemps.

"-Je ne vous en veux pas. Je ne m'étais jamais dis que vous aussi vous pouviez avoir peur. Que vous pouviez aussi vous trompez. Tout le monde fais des erreurs. Moi la première. Et les actes de vos gardes n'ont rien à voir avec vous. Vous étiez en danger et vous avez pris des précautions. Je ne peux pas vous en vouloir pour ça.

Je voulais aussi vous dire que je n'ai pas écrit cette lettre. Je vous le promet. Je n'ai ni papier ni encre à ma disposition. Et je n'ai pas non plus le sceau de ma famille avec moi. Je sais que tout coupable dirait ça mais

Je n'ai pas de contact avec Tristan, je vous le promet. Et jamais je ne vous trahirai."

Je ne sais pas vraiment quoi penser de mes paroles. Est ce assez ? Ou trop ? Devrais je continuer ?

Voyant qu'il ne dit rien, je fini poursuivre sur mes questions.

"-Avez vous une idée de qui aurait pu écrire cette fausse lettre ? Je me disais que cela pourrait être Tristan lui même. Enfin a part si vous pensez toujours qu'il s'agit de moi. "

Je décide de les poser une par une. J'ai peur pendant un instant qu'il ne réponde pas. Mais il finit par le faire.

"-Non. Je n'en ai aucunes idées."

Super ! Pour une réponse détaillée et claire, c'est loupé.

Et sa voix était franche et dure. Pourquoi? Je n'arriverai jamais à le comprendre.

Voyant mon agacement et ma déception, il reprend en se levant.

"-Désolé. Je je ne sais pas ce que j'ai."

Je me redresse à mon tour alors qu'il s'appuit sur ma commode et jette un coup d'oeuil à son reflet.

"-Moi je sais."

Je baisse les yeux.

"-Vous m'en voulez."

Il reprend, agacé.

"-Non Tiana. Je ne vous en veux pas. _il lève les yeux au ciel_ Tout ne tourne pas autour de vo"

Il se rend compte de ce qu'il dit avant de terminer.

Je le regarde. Assez étonnée par ses paroles. Mais après tout, autant qu'il soit honnête.

Il se prend la tête entre les mains.

Je décide de ne rien dire et me lève. Mais une douleur énorme dans les côtes m'arrête de suite.

Je pousse un petit cri de douleur. Je retire ma couette. Et vois un énorme hématome sur mon côté droit. Juste au dessus de ma cicatrice.

Et, subitement, je me rappelle hier soir, et la gravité des événements. Je me met à pleurer. Et pousse un juron en me rappelant que je suis sensée devenir forte.

Kaarl se précipite vers moi, toute colère disparue.

Il me prend dans ses bras. M'oblige à poser ma tête sur son épaule.

"-Il ne recommenceront plus Tiana."

Je pleure encore mais me rend soudain compte de la proximité du toucher de Kaarl sur ma taille.

Je suis toujours en sous-vêtements.

Mais le roi ne me laisse pas le temps de m'inquiéter.

"-Vous avez raison Tiana. Je vous en veux."

Sa voix n'a rien de menaçante mais j'ai quand même un peu peur. Je recule pour pouvoir le regarder dans les yeux.

"-Je vous en veux de me pardonner aussi vite. Vous ne devriez pas. Je vous en veux de faire comme si tout allez bien pour vous, de faire semblant d'oublier un instant votre douleur, parce que vous voyez que moi, je ne vais pas bien."

Je vois mieux que jamais qu'il n'est vraiment, vraiment pas bien. Sa douleur me fait souffrir à moi aussi.

J'approche mon visage du sien. M'arrête à quelques millimètres de ses lèvres. Et chuchote :

"-N'est ce pas ce que vous faites pour moi depuis le début ?"

Il m'embrasse avant que je n'ai le temps de poursuivre.

Ses lèvres sont brulantes. Son baiser passionné. Ses mains remontent jusqu'à mon visage. Les miennes parcourent son torse, puis sa nuque.

Il met toute sa haine, toute sa tristesse, toutes ses peurs et tout son amour dedans.

Je le sens parce qu'il est mille fois plus puissant que d'habitude. Je le sens parce qu'il tremble. Je le sens parce qu'un goût salé s'infiltre entre nos bouches. Un goût de larmes. Mais qui ne sont pas les miennes.

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