20 - Éclats d'or

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       Jade aurait dû se douter qu'il ne laisserait pas son message sans réponse. Cependant, elle n'aurait jamais cru le retrouver devant chez elle, à la dévisager d'un regard noir.

       Deux jours après sa discussion avec Kazutora, elle lui avait adressé un unique message qui ne nécessitait aucune réponse de sa part. Pourtant, à force de le côtoyer, elle savait pertinemment que Mikey ne resterait pas de marbre. Il était bien trop fier, mais surtout à cheval sur ses principes, pour lâcher leur accord tacite sur un coup de tête.

— « Suite à la bataille de l'entrepôt, je crains que nous ne devions mettre un terme à notre collaboration. Il semblerait qu'Izanami ait été visé par le tir inconnu et nous comptons confronter les fautifs dans les prochaines semaines afin de demander justice. Le Toman n'est pas requis pour cet affrontement. », lut Mikey. Sérieusement ? C'est quoi cette connerie ?

       Jade croisa les bras tout en posant négligemment son épaule contre sa porte. Cet idiot avait interrompu sa tranquille matinée.

— J'te cause.

— Pardon, j'ai cru que je devenais sénile et que j'entendais des voix.

— Vraiment trop drôle, railla-t-il. T'as appris quoi sur le tireur ? On doit se partager nos infos, c'est la base de notre accord, j'te rappelle.

       Elle le savait très bien puisque c'était elle-même qui l'avait fixé. Jade se contenta de soupirer, laissant ses doigts pianoter sur son avant-bras. Tout comme Mikey, elle montrait parfois une fierté mal placée. Ce qu'il s'était passé à l'entrepôt l'avait perturbé plus qu'elle ne voulait l'admettre.

— Qu'est-ce que tu fiches chez moi, Sano ?

       Ses paroles, ses gestes... Derrière ce tas de ferraille, agité par la douleur et bercé par le son de l'eau, Mikey avait été poussé dans ses derniers retranchements, là où seule une sincérité totale pouvait éclore.

— T'as envoyé un SMS comme une espèce de lâche, là. T'aurais pas répondu et t'aurais évité mes appels. Pas envie de perdre mon temps avec tes gamineries, alors je prends les devants.

— Je ne te savais pas si entreprenant.

— Arrête ton sarcasme de merde et dis-moi ce qu'il se passe, trancha-t-il en avançant d'un pas.

       Sans l'embrasure de sa porte d'entrée, Jade aurait reculé. Non pas par intimidation, mais parce qu'elle se sentait mal à l'aise à proximité du blond.

— Mon message était pourtant clair, répondit-elle d'un ton sec. Tu ne dois pas avoir appris assez de kanjis pour le déchiffrer, alors je vais résumer simplement : fin de la collaboration Izanami, Toman.

— N'importe quoi, lâcha-t-il en la poussant d'un coup d'épaule pour entrer, sous son regard médusé.

— Mais tu te crois où ?!

— Chez la cheffe de pacotille, répondit-il sans lui adresser un regard, occupé à détailler le lieu où elle résidait. 'Tain, ta baraque est aussi insipide que toi.

— Non seulement, tu me fais une violation de domicile, commença-t-elle en se pinçant l'arête du nez, mais en plus, tu te permets de juger. Je demande à voir l'antre de débauche qui te sert d'appartement un jour, ça ne doit pas être bien fameux.

— Crois pas que ce qu'il s'est passé à l'entrepôt soit le début d'une relation quelconque entre nous.

       Jade failli s'étrangler de stupeur, mais elle masqua sa surprise par un ricanement soudain.

IzanamiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant