9 - Démons intérieurs

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— PFFFF ! Mais t'avais quel âge ?!

— Douze ans ! Il n'a plus jamais cherché à soulever la jupe des filles après cette humiliation.

       Ryusei s'essuya le coin des yeux, encore hilare.

— J'crois que c'est pour cela que Tora m'appréciait, sourit Jade en touillant son fond de glace. Une fille capable de coller un pain à un gars, il n'y en avait pas tant que ça.

— T'étais la seule ! scanda l'intéressé qui revenait avec des canettes de sodas.

— J'aurais fait pareil, ne serait-ce que pour susciter ton attention, susurra Ryusei avec un grand sourire ironique.

— Pourquoi je ne suis même pas étonnée ? T'es un peu masochiste sur les bords, mon cher Ryusei.

— Je n'accepte ça qu'avec toi, beauté !

       La mine maussade, Kazutora se rassit devant eux tandis qu'ils éclataient de rire à leurs conneries. Il ne se rappelait plus vraiment de sa première rencontre avec Jade. Il sirota son soda, le front plissé par la réflexion.






       Juin 2002


— HANEMIYA ! Dépêche-toi d'aller en cours si tu ne veux pas une nouvelle retenue !

— Trop relou.

       Kazutora rejoignit ses amis qui l'attendaient, planqués à l'angle du couloir en ricanant.

— Déconne pas Hanemiya, tu vas encore perdre ton temps dans c'te bahut !

— Peuh, je sécherai, répondit-il en bousculant un groupe de filles pour passer.

— Hey, tu t'crois où ?!

— Chuuut, Harada !..

       Kazutora tourna vivement la tête vers la personne qui avait osé lui répondre : une fille de la classe voisine aux cheveux noirs mi-longs, le regard clair et perçant. Il plissa les sourcils, puis se campa devant elle, bombant le torse pour signifier son ascendance. La jeune fille déglutit et eut un mouvement de recul, mais ne cilla pas. Enfin... Elle zieuta rapidement son cou, où se trouvait déjà son tatouage de tigre, et un éclair intéressé traversa ses iris avant de le fixer à nouveau.

— Que faites-vous, jeunes gens ? À vos places, le cours va commencer !

       Sauvée par le gong !

       Kazutora soupira et lui tourna le dos, non sans lui donner un coup de sac au passage avant de regagner sa classe.

— T'es folle, Harada ! C'est un voyou...

— Ça ne lui octroie pas tous les droits à c'que j'sache.

     Kazutora lui lança un regard irrité par-dessus son épaule. Octro-quoi ?

     Harada lui tira narquoisement la langue avant de disparaître dans sa salle.


      C'était la première interaction dont il se souvenait.


      Il avait parfois recroisé cette espèce de folle dingue dans les couloirs et avait entendu son nom dans les murmures des conversations. Les filles surtout, parlaient dans son dos à propos de la couleur particulière de ses yeux. Au Japon, ce mélange de bleu et de vert n'était pas commun. Peut-être avait-elle un parent étranger ?

IzanamiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant