49 - Douceur nocturne

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Un jour, les murs de votre maison finissent par s'effondrer.
Mais si la porte est encore debout,
il suffit de la franchir pour se retrouver à l'intérieur.

Paul Auster




       Sanctuaire de Musashi
       2005

— J'veux les buter ! Les démonter jusqu'au dernier !!

— J'en étais sûr.

       Mikey se tenait fièrement devant ses troupes, un air arrogant sur son visage juvénile. Son capitaine venait de réclamer vengeance.

       En seulement deux ans, le Toman avait connu une expansion spectaculaire. Désormais, près de cent gaillards se ralliaient sous son commandement.

— On va éclater le clan Mœbius !! annonça Mikey d'un ton impérieux. On réglera nos comptes le trois août, lors de la fête de Musashi !

       Drapé dans son uniforme noir et doré, à la tête de cette fratrie qui ne cessait de prospérer, Mikey se sentait en phase. Ils avaient réussi à créer une grande famille où personne n'était mis sur la touche, où personne ne serait abandonné. Tant qu'il serait là pour veiller sur chacun d'entre eux... personne ne perdrait le moindre combat, comme il se l'était juré.

— On va rider, les mecs ? demanda Draken une fois seuls entre fondateurs.

— Un peu qu'on va ! sourit Baji. Y'a des p'tits cons qui se baladent sur notre territoire, faut leur rappeler qui sont les patrons de Shibuya maintenant.

— Y'a aussi des gars du Yotsuya Kaidan qui foutent le zbeul, rajouta Kazutora. Faut qu'on les garde à l'œil, ces connards.

— Mikey les a déjà dans sa ligne de mire, répondit Draken. Hein Mikey ?

— Hm ?

       Mikey se goinfrait des taiyakis apportés par son second, indifférent au visage consterné de ses capitaines.

— P'tain, la gueule du boss, rit Mitsuya.

— Ouais, des fois, on se demande si c'est vraiment lui le chef ! sourit Draken.

— Heureusement que Shin' lui a monté cette CB250T, sinon on aurait encore droit à cette merde de « Street Hawk », ricana Baji.

— Ram'nez vous, que j'vous sèche en un coup ! répliqua Mikey, armé d'un sourire vaniteux.

— C'est pas la peine, Pachin et Baji ont pas réussi, et c'est eux les plus forts... intervint Kazutora.

— HEEEEY ?! s'écrièrent les deux concernés.

       Dans un éclat de rire général, les six amis firent gronder leurs motos, qui retentirent comme un coup de tonnerre à travers le parking. L'écho se répercuta joyeusement contre les façades environnantes, amplifiant leur plaisir et satisfaisant leur ego masculin.

— J'vous accompagne jusqu'au périph' et j'file, annonça tranquillement Mikey.

— Ah ? grogna Baji. Tu vas foutre quoi ?

— J'ai un bail à régler.

— Il s'appelle « Jade » ce bail ?

       Mikey fronça les sourcils face à leurs ricanements moqueurs, avant qu'ils ne cessent lorsqu'il les terrassa de son regard noir. Sans plus attendre, il démarra en trombe et partit finalement chez la jeune fille.

IzanamiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant