Coincé entre les quatre murs tapissés de collages maladroits et de dessins enfantins, Manjirō se tenait immobile, figé dans ce décor scolaire. Devant le rebord de la fenêtre de sa classe, ciseaux en main, il contempla un instant les lames avant de s'atteler à graver ces initiales.
M. J.
La pointe métallique entailla grossièrement le bois, traçant chaque lettre d'une façon presque mécanique, désintéressée. Mais alors que la lame s'enfonçait, quelque chose dans son esprit se bloqua, et il fut rattrapé par l'incompréhension de son action.
Il se souvenait bien d'avoir fait ça un soir de retenue, mais... Les raisons profondes de ce geste lui échappaient.
Était-ce une manière de narguer le professeur l'ayant puni ou bien la marque d'un souvenir plus intime qu'il souhaitait garder à jamais ? Il ne subsistait là que des fragments de nostalgie, englués aux murs blafards de cette pièce où il évoluait en solitaire, et le silence dans la salle devenait pesant ; assourdissant. Chaque coup d'œil aux murs blancs, parsemés de taches colorées, réveillait en lui un sentiment de perte.
Il contempla longuement les lettres, avec une intensité telle qu'il espérait qu'elles se mettent à parler afin de lui avouer le secret qu'elles renfermaient. La lettre J... À qui correspondait-elle ? Il tenta de se souvenir, mais rien ne vint, à part ce vide ; une sensation lancinante d'avoir laissé derrière lui un morceau essentiel, désormais hors de portée. Et dans ce rêve, comme dans la réalité, cette absence le hantait.
Le grincement de la porte à proximité troubla le silence. Mikey releva la tête et sentit son cœur s'emballer.
— Alors le délinquant, encore puni ?
Aki.
Devant cette presque inconnue, Mikey plissa les yeux. Pour une raison qu'il n'expliquait pas, cette apparition était floue, comme si son souvenir initial se troublait face à cette incohérence : il n'avait jamais parlé à une fille durant ses heures de colle...
Pas perturbée le moins du monde, la petite silhouette d'Aki se percha sur une table et l'observa, un sourire malicieux en coin, à peine visible.
— Qu'est-ce que tu fais là ? se surprit-il à lui demander.
— Quelle question... Je viens te tenir compagnie.
Mikey rangea sa paire de ciseau et prit place sur la table en face d'elle. Vêtue de l'uniforme de son ancienne école, Aki le fixait sans qu'il ressente une once de jugement de sa part.
— Qu'est-ce que tu es pour moi ? demanda-t-il sans détours.
Cette fois, les commissures d'Aki se fanèrent, d'une façon presque imperceptible avant qu'elle ne glisse de son bureau pour se tenir debout devant lui. Mikey eut un mouvement de recul, mais Aki se contenta de frôler sa tempe du bout des doigts, comme pour le rassurer.
— Tu étais censé te souvenir de moi dans toutes nos vies, déclara-t-elle d'un ton chargé de mélancolie.
Je veux te voir. Veux-tu partager ton existence à mes côtés ?
Encore une plante ? T'es en retard.
Ne me quitte jamais.
VOUS LISEZ
Izanami
Fanfiction[TERMINÉE] « M'aimes-tu assez pour que je sois faible avec toi ? » À l'aube d'un conflit fratricide, le Toman doit répondre à un dilemme : s'allier avec le puissant gang d'Izanami ou risquer l'anéantissement. Derrière ce nom énigmatique se cache l'A...
