Surveille tes pensées dans l'obscurité
Elles t'entraînent dans la grande bleue
Fixe-le, l'abîme
Fuis, fuis loin d'iciChelsea Wolfe
Ce soir d'hiver, le téléphone résonna dans le dojo. Shin'ichirō décrocha avec sa nonchalance habituelle avant de se tendre. Sans perdre une seconde, il déboula dans la cuisine où Papy, Emma et Mikey dînaient.
— Grand-père ! On a reçu un appel de l'hosto ! Maman est... Maman est dans un état critique !
Mikey se raidit sur sa chaise, comme pétrifié. La surprise et la peur se lisaient dans les yeux des Sano. Sans vraiment prendre part à l'agitation qui régnait autour de lui, Mikey enfila son manteau et ses chaussures dans un état second.
Maman est dans un état critique.
— Il est fort probable que ce soit votre dernière discussion avec elle, annonça le médecin à la famille arrivée devant la porte de Maman.
Papy entra le premier dans la chambre immaculée, laissant les enfants dans ce couloir inhospitalier.
Mikey détestait le blanc. Un rappel constant de cet environnement.
Dans cet univers aux murs témoins d'espoirs muets, Mikey tentait de trouver refuge dans ses pensées. Il réfléchissait à sa journée ; à ce qu'il allait pouvoir raconter, mais les parasites brouillaient ses pensées comme une télé mal réglée. Du noir, du blanc, du gris, des teintes éthérées. Partout. Dans chaque recoin. Chaque visage paré de ce manque de vivacité. Emma était blanche. Papy était gris. Le Docteur aussi. Sa tête le martelait et ses yeux le piquaient.
Lui, n'était pas un gamin pleurnichard comme ce tocard qu'il avait tabassé cet après-midi.
Lui, il était fort. Intouchable.
Lui, il deviendrait le pilier de chacun. Celui sur qui chacun pourrait compter.
Il les protégerait tous. Il s'en fit la promesse solennelle.
— Maman, j'ai encore gagné un combat aujourd'hui, annonça-t-il une fois seul à son chevet. Les mecs faibles pleurent trop facilement !
Quand Maman sourit, le gris s'estompe. Même le noir de ses cheveux semble plus lumineux que le reste, et le blanc de la neige qui tombe dehors scintille comme des milliers de diamants.
— Moi, je ne vais pas pleurer, assura-t-il à Maman, allongée dans son lit de pureté. C'est pour ça que je sais que je peux te protéger. Alors rentre à la maison.
Je ne pleure pas.
Je ne pleure pas.
Je ne pleure pas.
Maman est morte.
Ne sortez pas, putain de larmes.
Maman est partie.
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Izanami
Fanfiction[TERMINÉE] « M'aimes-tu assez pour que je sois faible avec toi ? » À l'aube d'un conflit fratricide, le Toman doit répondre à un dilemme : s'allier avec le puissant gang d'Izanami ou risquer l'anéantissement. Derrière ce nom énigmatique se cache l'A...