Izanami

40 - Les lycoris fleurissent

       Izana encaissa de plein fouet le redoutable high kick de Mikey. Sa tête percuta le sol dans un bruit sourd et une gerbe de sang éclaboussa le sol. Malgré la violence du choc, Izana parvint à se relever avec peine, l'air plus aliéné que jamais.

— Et bien voilà... Tu vois quand tu veux !

       Mikey esquiva le coup de poing qu'Izana lui destinait. Cette fois, le leader du Tenjiku avait morflé : ses mouvements n'étaient plus aussi précis, ni aussi destructeurs qu'auparavant.

       Mikey dominait le combat.

— Pourquoi t'es comme ça ? demanda Mikey en lui flanquant un coup droit dans le sternum. Pourquoi t'a impliqué Emma dans un truc qui regarde que nous ?!

       La mâchoire d'Izana se crispa. Mikey le toisa, le regard noir.

— Tu crois que je sais pas que t'as essayé de buter ma sœur ?

       Izana éclata d'un rire sinistre, un rire qui aurait pu glacer le sang de n'importe qui. C'était le rire d'une personne dont la folie avait pris possession de son esprit, une démence émanant des tréfonds les plus obscurs de son âme. Chaque son résonnait comme un écho dérangeant.

— Juste une façon de t'affaiblir, mais t'es plus intelligent que je ne le pensais.

— Emma était pourtant comme ta sœur.

— Vous n'êtes pas ma famille.

       Le regard de Mikey tomba quelque peu. C'était ce que Shin' avait pourtant essayé de faire : lui offrir une famille. Cependant, le sentiment d'abandon ressenti par Izana était si fort qu'il avait pris le dessus sur la raison.

— On aurait pu parler, Izana.

— Ta famille n'a fait que m'apporter encore plus de solitude, Mikey !

       Izana tremblait de rage, les yeux humides. Toutes ses émotions jaillissaient, toutes les cicatrices émotionnelles causées par cette solitude non désirée, ces abandons à répétition qui avaient profondément blessé son cœur, se reflétaient dans son regard tourmenté.

— Tu peux pas comprendre ! T'as jamais été seul, toi !

— Je l'ai été plus que tu ne le penses.

       Sa voix s'était adoucie. Quiconque connaissait bien Mikey aurait remarqué les muscles de sa gorge se crisper d'une douleur muette. Un passé lourd constamment sur ses épaules, épée de Damoclès funeste pendue au-dessus de sa tête, prête à l'achever.

       Alors qu'il tentait de raisonner Izana, son instinct piqua sa poitrine. Un pressentiment si fort qu'il en eut le vertige. Il tourna brusquement la tête vers ce quelque chose de terrible qui venait d'attirer son attention.

       Inupi regarda avec effroi Mucho se redresser devant lui, prêt à lui asséner le coup fatal. Il était foutu. Il regarda Koko dans l'espoir de le voir réagir, qu'il fasse quelque chose ! Mais Hajime semblait pétrifié par son incapacité à faire un choix. Alors que Mucho allait abattre son coup le plus puissant, ses bras se refermèrent d'un coup devant lui en signe de protection et il recula, les sourcils froncés.

— T'es là, toi...

— J'arrive à temps, Inui.

       Sanzu venait de surgir entre les deux hommes, l'air sérieux. Mucho poussa un grognement de mécontentement, mais il était clair qu'il ne sous-estimait pas le moins du monde son adversaire.