Le chagrin amoureux peut transformer
les gens en monstres de tristesse.Mathias Malzieu
Mikey referma le cahier sur lequel il venait de compiler ses souvenirs. Tout ce dont il se rappelait de sa jeunesse ; ce qui pouvait être évité, et ce qu'il n'avait pas envie d'oublier.
Aujourd'hui marquait le début des vacances. Il devait agir maintenant.
2003... C'était il y a plus de dix ans pour lui. Que faisait Aki ce jour-là ?
C'est sous l'air ahuri d'Emma que Mikey se pointa pour petit-déjeuner en famille, pas ensommeillé le moins du monde. Dans le présent qu'il venait de quitter, il était habitué à dormir peu, et son lui adulte imprégnait encore ce corps d'enfant. Il mâchonna ses œufs au plat sans râler, ni grande envie, plissant son nez à cause de ses mèches de cheveux sur sa frimousse.
— T'as enfin lâché ton horrible serviette ? demanda-t-elle avec des yeux ronds.
— Hein ? Quelle serviette ?
— Ben... Celle que tu te trimballes partout...
Mikey fronça les sourcils avant de remettre ses souvenirs à la bonne place. Ah oui... Ce truc qu'Aki avait fini par remplacer.
— Ouais, faut croire. Bon, j'ai des trucs à faire, dit-il en se levant pour couper court à la conversation.
À vrai dire, Mikey ne savait pas trop par quoi commencer. Il n'avait qu'une certitude : il ne comptait pas lâcher Akina ne serait-ce qu'une seconde.
Alors qu'il cherchait sa CB250T, il constata avec dépit qu'il n'y avait que son scooter rouge dans la cour du dojo Sano et il échappa un grognement mécontent.
— Ils avaient p't'être raison quand ils disaient que c'était qu'une vieille mop'... maugréa-t-il une fois enfin arrivé devant chez Aki.
Le vieil immeuble où il avait squatté de nombreuses fois lors des absences de sa mère.
Mikey jeta un coup d'œil sur le parking et sentit la colère l'envahir à la vue de cette voiture grise, rayée de coups de clé sur tout le flanc gauche. Il fixa le bâtiment, incertain, puis s'engagea dans les escaliers. Il verrait bien sur le moment...Le couloir demeurait identique à ses souvenirs, avec cette même porte austère contre laquelle il toqua, mais aucune réponse ne vint. Impatient, Mikey sonna, sans même songer qu'il était sans doute encore tôt pour déranger une famille un samedi...
Des pas lourds résonnèrent enfin, et la porte s'ouvrit brutalement sous ses yeux méfiants. À la vue de cet homme, Mikey se sentit envahi d'une colère monstre, mais aussi d'un immense chagrin. Cette enflure aux cheveux désordonnés, maigre comme un clou, les yeux enfoncés avec cette expression hautaine, se tenait devant lui, débraillé, sans doute réveillé par ses coups de sonnette intempestifs.
— T'es un pote de la gamine ? Dégage, elle est pas là.
— C'est toi que j'viens voir.
Son ton froid n'était vraiment pas commun pour un mouflet de son âge, si bien que l'homme, perplexe, fronça les sourcils avant de sortir un paquet de cigarettes froissé de sa poche.
La veille, lorsque Mikey avait retrouvé Aki, encore innocente des souffrances abritant ce monde, elle lui avait annoncé que sa mère partait bientôt dans un centre pour soigner « sa maladie. » À cause de cette situation, elle s'était retrouvée seule avec ce prédateur. Il ne pouvait pas la laisser entre ses griffes.
VOUS LISEZ
Izanami
Fanfiction[TERMINÉE] « M'aimes-tu assez pour que je sois faible avec toi ? » À l'aube d'un conflit fratricide, le Toman doit répondre à un dilemme : s'allier avec le puissant gang d'Izanami ou risquer l'anéantissement. Derrière ce nom énigmatique se cache l'A...