Chapitre 5

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Il se trouve que Grand-mère est heureusement partie sans nous attendre, trop pressée de retrouver sa chère forêt et son abonnement Netflix. Cela me laisse tout le loisir de faire mes bagages et il est grand temps, car nous partons en milieu d'après-midi.

Mon futur lycée est un pensionnat et je dois donc penser à prendre tout ce qui pourrait me manquer, comme mes posters (collectors également) de The Witcher que je détache du mur et roule soigneusement en prévision du transport.

J'allais m'emparer du dernier lorsque je le vois s'arracher tout seul. Il tombe, voltige à la manière d'une feuille-morte jusqu'à atterrir pile dans ma valise.

Je pivote aussitôt vers la porte, persuadé que Morgane ou Mélusine est en train de se payer royalement ma tête. Il s'agit certainement d'ailleurs plutôt que ma jumelle, qui est une fée de l'air, alors que notre cadette est liée à l'eau. Il n'y a cependant personne sur le seuil ni dans le couloir.

Je rentre dans ma chambre et ferme la porte. Bizarre. C'est peut-être juste le vent. Et voilà que mes omoplates picotent à nouveau. Je plie les bras en arrière pour les malaxer. La douleur s'estompe peu à peu.

Je rencontre Morgane à mi-chemin, tirant derrière elle une valise qui doit bien faire son poids.

— Tu es sûre que tu as besoin de prendre l'intégralité de ta garde-robe ? je lui demande avec effarement. Je te rappelle qu'il faut porter son uniforme, au lycée.

Ma jumelle me toise.

— Et le week-end ? Et après les cours ?

Je lève les yeux au ciel.

— Ouais, et bien ne compte pas sur moi pour te porter cette caisse monstrueuse dans l'escalier.

Morgane secoue la tête.

— Inutile. Regarde donc.

Elle claque des doigts et sa valise se soulève de quelques centimètres. Ma jumelle lève le bras droit en direction de l'escalier et son bagage suit le mouvement sans doute un peu plus vite que prévu. Paf ! Après s'être cogné contre quelques marches, il finit par s'écraser sur le carrelage de l'entrée et glisse jusqu'à la porte qu'il heurte avec un bruit sourd.

— Pas mal, je reconnais. Un peu brutal, néanmoins. Heureusement que personne n'était sur le passage de ton bagage.

Morgane dévale à son tour les marches avec un peu plus de légèreté et se retourne juste pour me lancer :

— Si c'est comme cela, ne compte pas sur moi pour t'aider pour ta propre valise.

Et elle sort sans m'attendre, me laissant me débrouiller comme le presque humain nul que je suis.

Notre mère et nos deux sœurs se sont rassemblées devant la maison pour la scène des grands adieux. Mélusine éclate en sanglots frénétiques en nous voyant franchir la porte. Elle court s'agripper à ma jambe droite et enfouie son visage contre mes genoux.

— Je ne veux pas que Morgane et Vivien partent ! Maman ! Oblige-les à rester !

Puis elle se mouche sur mon bas de pantalon.

— Hé ! Arrête, c'est dégoûtant ! je me plains.

Morgane se baisse pour se mettre à sa hauteur.

— Il le faut bien, petite fleur. Vivien et moi allons devoir étudier dur pour devenir des fées savantes. Et toi aussi ! Tu entres en CP, cette année. Tu vas apprendre à lire. N'est-ce pas merveilleux ?

Mélusine croise ses petits bras, apparemment loin d'être émerveillée par cette perspective.

— Ça ne sert à rien de savoir lire, bougonne-t-elle, puisqu'on a la télé.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant