La chambre qui m'a été allouée se trouve à gauche du couloir, tout au bout. J'enfonce la clef qu'on m'a remise dans la serrure et ouvre la porte. La pièce, relativement étroite, comporte deux lits placés contre les murs accompagnés chacun d'un bureau d'un style plus moderne que celui qu'utilise la sirène des inscriptions. Une grande commode est apparemment supposée servir aux deux occupants.Mon mystérieux colocataire n'est pas en vue, quoiqu'il soit déjà arrivé au lycée puisque ses affaires sont là, entassées dans une moitié de commode. Il s'est apparemment attribué le lit et le bureau de droite. Sa veste d'uniforme est posée sur le dossier de la chaise. Une veste bleue, c'est un triton. Ce détail me rassure un peu. Je n'aurais pas aimé partager ma chambre avec un vampire. Ces créatures ne sont pas censées boire le sang des fées, mais on ne sait jamais, hein ? Quant aux loups, ils sont turbulents. Et sexistes (les fées aussi, me direz-vous...).
Je dépose mon cactus sur le bureau vide et pousse ma valise dans un coin. Si j'étais une bonne petite fée, je l'ouvrirai et passerai des heures à installer soigneusement mes vêtements dans la penderie. Mais bon, la flemme, quoi. Ce genre d'activité peut peut-être attendre un jour ou deux. En revanche, j'installerai sans doute ce soir mes posters de The Witcher, histoire de me sentir un peu plus chez moi dans cette chambre encore impersonnelle.
Je m'approche de l'unique fenêtre pour voir la vue. La chambre donne côté rue, mais je n'aperçois rien d'autre que le parc et le grand mur, ainsi que les élèves profitant toujours de leur dernière journée de liberté avant la rentrée. La fée rousse et ses copines sont encore au même endroit, très occupées à glousser. Le groupe de loups-garous a en revanche disparu et je me sens un peu déçu. Non que j'avais l'intention de les mater en douce. Mais, bon, un coup d'œil discret ne peut faire de mal à personne.
Je recule en secouant la tête. Je dois me reprendre. Je n'ai pas du tout l'intention de tenter quoi que ce soit avec un loup-garou. Je n'ai pas besoin du petit discours de ma mère pour savoir qu'ils sont des partenaires pénibles pour les autres espèces. En réalité, j'ai juste l'intention de rester discret et de me concentrer sur mes études. Je me contenterai de repousser les prétendantes que Grand-mère ne manquera pas de lâcher sur moi, la connaissant.
Je soupire en massant mes omoplates douloureuses. Je me sens sale après le voyage en TGV et notre périple à travers la gare Montparnasse. Je vais commencer par prendre une bonne douche. Ça me détendra.
J'attrape l'une des savonnettes remises par ma mère, celles qui sont censées "changer mon destin", ou je ne sais quoi, et je me mets en route, impatient de me laver.
La salle de bain commune pour les garçons se relève heureusement plus moderne que le reste du bâtiment. Elle comporte des cabines individuelles préservant l'intimité et heureusement, car je suis plutôt pudique.
J'accroche ma serviette à un portemanteau avant d'aller m'enfermer dans l'une des cabines. Je me déshabille rapidement et laisse l'eau couler le long de mon corps avec un soupir d'aise. J'attrape le savon et me frictionne vigoureusement. Je ne sais pas si mon destin va changer, mais il faut reconnaître que cette savonnette sent plutôt bon la rose, comme le jardin à la maison à certaines saisons. J'insiste particulièrement sur mes omoplates particulièrement douloureuses, aujourd'hui, sans doute en raison de la valise que j'ai tirée une bonne partie de la journée.
- Oof, ça fait du bien, je me murmure à moi-même, les yeux fermés.
Puis j'éteins l'eau avant de trop en gaspiller. Je secoue la tête pour chasser les gouttes de mes cheveux mouillés. C'est alors que je me rends compte que j'ai été idiot de laisser ma serviette hors de la cabine. Je n'ai que mes vêtements et je ne peux pas les enfiler en étant tout mouillé. Après un moment d'hésitation, je finis par enfiler au moins mon caleçon qui va être trempé, mais tant pis.
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Le lycée des Surnaturels (bxb)
FantasyPas facile d'être le seul garçon fée jamais né ! Presque dépourvu de don magique, Vivien Guyonvarc'h ne s'attendait pas à briller en entrant au lycée secret des Surnaturels réservé aux créatures magiques. Il était en revanche loin de se douter qu'il...