Chapitre 16

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Le lendemain, en cours, tous les élèves de seconde ont des petits yeux, ce qui est bien fait pour eux. Ils n'avaient qu'à ne pas passer la nuit à picoler. Je dormais déjà du sommeil du juste lorsque mon colocataire est rentré. Ce matin, il n'est même pas parti plus tôt pour aller faire trempette, ce qui va certainement le mettre de mauvaise humeur (Il se dit couramment, dans le milieu des surnaturels, que les sirènes et tritons sont grincheux lorsqu'ils passent trop de temps sans prendre leur forme aquatique). Quand mon réveil a sonné, Jérémie s'est contenté de pousser un grognement et de relever sa couette au-dessus de sa tête.

— On a un cours commun d'artéfact dans quarante-cinq minutes, je lui ai dit en enfilant une paire de chaussettes (non trouées, cette fois).

Il m'a répondu quelque chose qui ressemblait à : "humphgrrr".

En désespoir de cause, j'ai fini par aller petit-déjeuner sans lui. Ça ne sera pas de ma faute s'il arrive en retard.

Pour ma part, je suis assez impatient de suivre ce cours parce qu'il est donné par M. Marlin, notre proviseur. Après un petit-déjeuner expéditif, je m'y dirige donc d'un pas énergique. La salle prévue pour cette leçon est ouverte et je risque un œil à l'intérieur. Le bureau du professeur est vide, mais un élève est déjà installé au premier rang. C'est ce magicien boutonneux, avec sa veste jaune (pardon or), alias le voleur de croissants. S'il s'est installé, cela veut dire, je suppose, qu'il nous est permis d'entrer avant l'arrivée du professeur. Je vais donc m'asseoir deux rangées derrière lui et sors ma trousse.

Cette salle de classe est plus ordinaire que l'amphithéâtre dans lequel j'ai suivi le cours de magie féérique. C'est une simple pièce rectangulaire, avec des tables pour deux placées les unes derrière les autres. Bon, elle est tout de même située dans un bâtiment historique, alors elle a des moulures au plafond et des fenêtres qui doivent faire au moins deux mètres de haut. Des signes étranges sont écrits à la craie sur le tableau noir. Les restes d'un cours de magie humaine, je suppose. Je n'y pige rien du tout.

Le magicien devant moi se retourne alors et me toise.

— Tu es ce garçon fée ? n'est-ce pas ? demande-t-il.

Je serre les dents, parce que je n'ai pas oublié le coup du croissant qu'il m'a chouravé juste sous le nez et que je n'aime pas beaucoup son ton. À croire qu'il se sent très supérieur à moi.

— En effet, je réponds, plutôt froidement.

Il grimace.

— Est-il vrai que tu n'as aucun pouvoir ? Pour quelle raison t'a-t-on d'ailleurs permis de fréquenter l'institut Excalibur ?

Pour le coup, je reste muet devant un questionnement aussi direct. Un goût désagréable me monte à la gorge.

— J'ai des pouvoirs, je proteste d'une voix faible.

Le magicien hausse un sourcil.

— Ah oui ?

Il continue à me regarder, comme s'il s'attendait à une démonstration. Comme rien ne vient, il finit par se retourner lentement, dégoulinant de mépris.

Je serre les poings. Mon cœur bat trop vite d'une façon désagréable.

Je sursaute lorsque quelqu'un se laisse lourdement tomber à côté de moi.

— Coucou ! me lance Auguste, un grand sourire idiot sur le visage.

— Ne viens pas t'asseoir à côté de moi, je chuchote furieusement. De quoi allons-nous avoir l'air ?

Le loup me regarde avec ce qu'il s'imagine sans doute être de grands yeux innocents. Autant vous dire que rien ne semble moins innocent qu'un alpha.

— Je croyais qu'on était d'accord pour être des amis ? Les amis ne sont-ils pas habilités à partager un pupitre ?

Le lycée des Surnaturels (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant