Nous repartons pour Paris dès le dimanche après-midi, l'anniversaire de Grand-mère n'étant quand même pas une raison suffisante pour manquer les cours. De toute façon, je préfère encore subir deux heures de mathématiques plutôt que d'être coincé une heure de plus chez elle. Oh, elle a continué à m'ignorer, mais d'une façon si ostentatoire que cela revenait finalement à m'accorder une grande attention, alors que j'ai passé des heures avec mes sœurs à tout ranger après la fête. J'ai entendu Maman et Grand-mère s'interroger sur la surcharge de pouvoir de la ronde féerique. Il paraît que cela n'était jamais arrivé auparavant. Heureusement, je suis la dernière personne à laquelle elles penseraient pour trouver le coupable de ce phénomène.Pendant le trajet entre la gare Montparnasse et le lycée (en métro, car Morgane et moi sommes désormais bien rôdés à la vie parisienne), je songe à tout ce qui m'attend dans les prochains jours, à commencer par l'exposé pour le cours d'artéfact sur lequel je n'ai plus bossé depuis notre sortie à la tour Eiffel. Je devais le faire mais, bon, je n'en ai pas eu l'occasion. J'étais sur une quête dans The Witcher, et... Voilà.
— Tu as choisi quoi, comme artéfact ? je demande brusquement à Morgane à mi-voix entre deux stations.
Elle sautille sur place, s'attirant un regard noir de la part des voyageurs accrochés à la même barre qu'elle.
— Un truc troooop cool. Un bracelet en or viking qui donne une force surhumaine à celui qui le porte. Si je l'utilisais, je pourrais envoyer ton loup au tapis d'un seul coup-de-poing !
Je fronce les sourcils. Morgane oublie souvent que les fées sont des créatures pacifiques qui prônent la non-violence. Même s'il est vrai que cet artéfact est carrément super cool. Je suppose néanmoins qu'il est conservé dans un musée, à l'abri des convoitises.
— Et toi ? veut savoir à son tour ma sœur. Tu as travaillé sur cette obscure statue de chat du Louvre, n'est-ce pas ? Avec ton coloc triton ? Celle dont personne ne connaît l'usage ?
Je me tords les doigts.
— Euh...
Nous sommes heureusement interrompus par l'arrivée de toute une flopée de gens qui nous poussent chacun d'un côté. Nous ne nous retrouvons qu'à notre arrêt sur le quai et Morgane a oublié sa question. Nous montons sur un escalator tandis qu'elle jacasse sur la préparation de sa prochaine course. Je l'écoute d'une oreille distraite.
— ... Et j'ai demandé à la prof une séance d'entraînement supplémentaire par semaine, est en train de dire ma jumelle lorsque nous franchissons la porte d'entrée de l'enceinte du lycée.
Le sort de protection me procure des frissons sur tout le corps. À moins que ce soit la vue d'un certain loup planté au milieu de notre chemin avec un grand sourire.
Mon cœur fait un bond.
— Allons donc, marmonne ma jumelle. Voilà ton amoureux...
Elle fait brusquement sortir ses ailes d'un air courroucé.
Je l'ignore et m'avance lentement vers Auguste, luttant de toutes mes forces pour ne pas courir me jeter dans ses bras. De quoi aurais-je l'air, sinon ? D'un type en manque de son copain ? Ce que je ne suis pas. Il est vrai que j'ai un peu pensé à cet alpha pendant mon week-end, mais pas non plus de façon excessive.
— Salut, je lui dis de mon ton le plus neutre.
L'alpha fait preuve de moins de réserve et me serre contre lui à m'en étouffer.
— Tu m'as manqué, me glisse-t-il à l'oreille.
Je réussis plus ou moins à conserver mon air blasé, tandis que je vois en arrière-plan deux loups se courser sous leur forme animale. Ils ont l'air de bien s'amuser, ces gamins.
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Le lycée des Surnaturels (bxb)
FantasyPas facile d'être le seul garçon fée jamais né ! Presque dépourvu de don magique, Vivien Guyonvarc'h ne s'attendait pas à briller en entrant au lycée secret des Surnaturels réservé aux créatures magiques. Il était en revanche loin de se douter qu'il...