Je passe le reste de l'heure à roupiller discrètement, la tête calée contre mon bras. Nous assistons à un autre exposé d'une sirène et d'une fée à propos d'une bague rendant plus ou moins invisible que je suis d'un œil vitreux.Auguste me flanque un coup de coude lorsque la sirène se lance dans de grandes explications sur le fonctionnement de l'artéfact sans apparemment comprendre ce qu'elle dit.
— Le sujet que j'ai proposé était quand même plus intéressant, non ? me chuchote-t-il en se rengorgeant.
— Mouais, je reconnais de mauvaise grâce. Mais ma sœur Morgane va parler d'un bracelet donnant une force surhumaine.
Un éclat d'intérêt s'allume dans les yeux de l'alpha et il s'approche encore davantage de moi.
— Ah oui ? Il est conservé où, ce bracelet ?
Je soupire en roulant des yeux.
— Tu n'en as pas besoin. Tu es un loup. Tu as déjà une force surhumaine. Et je suppose qu'il est interdit d'en faire usage dans les compétitions sportives.
Auguste prend l'air outré.
— Les loups se battent à la loyale, m'assure-t-il, drapé dans sa dignité.
Je réprime un bâillement.
— Si tu le dis.
Les fées trichent dès qu'elles le peuvent, leur principale préoccupation étant de gagner. Pour cela, tous les coups sont permis. Je vous déconseille de jouer un jour aux cartes avec mes sœurs. Il est en revanche plus difficile de truquer une course de vol, ce qui explique sans doute pourquoi mes semblables se donnent autant de mal dans cette discipline.
Nos chemins se séparent au cours suivant, car il me faut aller en magie féerique. La leçon se révèle heureusement consacrée aux pouvoirs liés aux plantes et comme je suis (a priori) une fée de l'eau, je me contente de faire semblant d'écouter avec passion pendant que quelques-unes de mes camarades s'affairent autour d'un géranium pour lui donner une meilleure mine. J'ai de plus en plus sommeil. L'une des fées en bas a changé accidentellement la couleur des fleurs et se fait réprimander par Mme Bihan. Mes yeux me piquent. Je les ferme un instant, juste pour quelques secondes, histoire de les reposer un peu.
... Et je suis réveillé par une voix courroucée qui me dit :
— Mon cours ne vous intéresse pas, M. Guyonvarc'h ?
Je relève précipitamment le buste en clignant des paupières. Mme Bihan se tient juste en face de moi, les bras croisés. Zut, j'ai dû m'endormir !
— Euh... Si, si, je bredouille.
J'essaie de prendre mon air le plus attentif. La prof ne paraît pas décidée à me lâcher pour autant.
— Ce n'est pas en roupillant que vous pourrez développer vos capacités, M. Guyonvarc'h. Vous avez un certain potentiel. Encore faut-il vous donner un peu de mal pour le travailler.
Mes joues me brûlent. Tout le monde me regarde. Comme je ne sais pas quoi dire, je reste silencieux, attendant que ce mauvais moment prenne fin. Mme Bihan finit par tourner les talons et redescendre les gradins. L'attention se détourne de moi. Morgane me fait les gros yeux une seconde. Je lui réponds par un froncement de sourcil et nous en restons là.
J'attrape un stylo en bougonnant intérieurement. Tout ça, c'est de la faute d'Auguste, je vous le dis. Ce loup se révèle mauvais pour ma santé. Il est finalement une très bonne chose qu'il soit destiné à rencontrer son âme sœur dans quelque temps. Non ?
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Le lycée des Surnaturels (bxb)
FantasiPas facile d'être le seul garçon fée jamais né ! Presque dépourvu de don magique, Vivien Guyonvarc'h ne s'attendait pas à briller en entrant au lycée secret des Surnaturels réservé aux créatures magiques. Il était en revanche loin de se douter qu'il...