Je me faufile par le trou dans le mur, mourant d'envie d'aller me jeter dans mon lit pour ne plus jamais en ressortir. Ou, du moins, pas avant un certain nombre d'heures. Il faudra ensuite que j'envisage d'aller dénoncer le groupe Arthur. Mais cela peut peut-être attendre un peu. Je ne sais d'ailleurs toujours pas ce que je vais dire ou non. Morgane mérite certainement d'être punie. Mais... mais... ai-je réellement envie d'être responsable de son renvoi ? La réponse est bien sûr non. Morgane est ma jumelle ! Comment pourrais-je la faire renvoyer ? Elle m'en voudrait pour le reste de sa vie. Je ferais peut-être mieux de ne rien dénoncer du tout, même si cela revient à jouer le jeu d'Hector et que cela ne m'enchante pas le moins du monde. Et si j'y réfléchissais encore un peu ? Ne dit-on pas que la nuit porte conseil ? Enfin, plutôt le jour, dans la situation présente.Je bâille un bon coup, épuisé et transi de froid en observant le bâtiment qui n'est encore qu'une masse sombre. Quelle heure peut-il être ? Le jour commence à peine à envisager de se lever. J'ai apparemment passé une bonne partie de la nuit à faire le mariole au sommet du monument le plus connu de France. Au moins, cela m'a évité de ne faire que penser au départ d'Auguste. Je devrais venir à la rescousse du monde des surnaturels plus souvent.
Le ciel a cessé de produire des flocons. Seules quelques particules blanches isolées virevoltent encore dans les airs, charriées par la brise matinale. La couche de neige, cependant, est suffisamment épaisse pour recouvrir entièrement le sol du parc comme une couette.
C'est alors que j'entends de grands cris. Je me précipite, me demandant si cela a quelque chose à voir avec le groupe Arthur. Ils avaient peut-être prévu une action quelconque au lycée. J'ignore si j'aurais à nouveau l'énergie de les arrêter.
Les beuglements suraigus viennent du côté des bois. Je contourne le bâtiment en courant en suivant des empreintes de pas fraîches dans la neige. Et c'est alors que je tombe sur un attroupement d'élèves en doudoune non loin de là.
La première chose que je vois est la silhouette de Titania voler dans les airs à une allure folle d'une façon qui paraît peu consentie et terminer sa course en entrant en collision avec un arbre. La fée pousse un cri de douleur, glisse le long du tronc et atterrit sur le gazon enneigé sans grande grâce. Pour une fois, ses cheveux roux sont tout emmêlés et je constate que son visage est orné d'un bel œil au beurre noir que je ne peux pas m'empêcher de trouver satisfaisant, quoi que je ne cautionne pas la violence. Puis je vois Morgane, ma propre jumelle, se jeter sur elle pour la rouer de coups, les ailes déployées.
Allons bon.
En plus, la moitié du lycée semble s'être réunie pour assister à leur combat malgré l'heure matinale, à l'exception des loups de seconde, bien sûr.
Jérémie m'aperçoit et se précipite vers moi.
— Te voilà enfin, Vivien, crie-t-il. Il faut que tu les arrêtes !
Je sursaute.
— Pourquoi moi ?
Mon coloc ouvre de grands yeux.
— Parce que c'est ta sœur, bien sûr !
Je cligne des yeux.
— Oh... Mais Morgane semble bien s'en sortir, non ?
Il ne fait en effet aucun doute que ma jumelle a le dessus, malgré les efforts de Titania pour lui griffer le visage. Morgane est féroce, je le sais bien. Je n'ai aucune inquiétude quant au dénouement du combat.
Jérémie paraît scandalisé.
— Tu dois l'empêcher de démolir Titania. Pas lui venir en aide pour cela ! Elle aura des ennuis, sinon... D'ailleurs, c'est Morgane qui a commencé.
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Le lycée des Surnaturels (bxb)
FantasyPas facile d'être le seul garçon fée jamais né ! Presque dépourvu de don magique, Vivien Guyonvarc'h ne s'attendait pas à briller en entrant au lycée secret des Surnaturels réservé aux créatures magiques. Il était en revanche loin de se douter qu'il...