Lorsque le réveil sonne le lendemain matin, j'ai la conviction de ne presque pas avoir fermé les yeux de la nuit. Non que mon lit ne soit pas confortable. Il l'est. Beaucoup plus que celui que j'ai à la maison qui est un meuble de récupération à moitié déglingué. Simplement, je ne dors jamais bien les premières nuits lorsque je ne suis pas chez moi. Tous les bruits inconnus me font sursauter. En plus, mes omoplates m'ont fait souffrir au moins une heure. Je ne comprends pas ce qui leur prend. Si cela continue, je serai obligé d'en parler à Maman (les fées des plantes sont de très bonnes guérisseuses).Lorsque j'ai rassemblé suffisamment d'énergie pour ouvrir les yeux, je tourne la tête en direction du lit de mon colocataire. Il est vide. Une note est posée sur les draps soigneusement tirés. Je suis obligé de me lever en titubant pour la lire.
"Suis parti nager", est-il écrit.
Évidemment, Jérémie est un triton. Il ne peut pas rester trop longtemps loin de l'eau.
Je bâille une bonne centaine de fois en m'approchant de ma partie de placard. Je dois m'y reprendre à plusieurs fois pour réussir à enfiler mon uniforme (il dispose de toute sorte de boutons placés à des endroits incongrus).
Quand je suis à peu près habillé correctement, je m'approche de la glace accrochée à l'armoire et je passe mes doigts dans mes cheveux pour les ordonner un peu. Voilà, ça ira très bien comme cela. Gardons un look un peu naturel.
J'attrape mon sac de cours que j'ai rempli hier de ma trousse et de cahiers neufs pour le caler sur mes épaules.
Je prends une grande inspiration en m'engageant dans le couloir. Les choses sérieuses commencent aujourd'hui. Je ferais mieux de ne pas traîner, d'ailleurs. Maman nous a raconté un jour qu'il y avait traditionnellement des croissants à la cantine le jour de la rentrée, mais jamais assez, car les loups-garous sont voraces et trichent sur la quantité.
Je presse le pas en direction de ce que je crois être la cantine. Sauf que, hier soir, je n'ai eu qu'à suivre Jérémie et que je n'ai pas vraiment fait attention à l'itinéraire. Je me retrouve obligé de demander le chemin à deux fées de terminale qui daignent me renseigner en me toisant de haut.
— C'était ce garçon fée, non ? demande l'une d'entre elles à l'autre sans prendre la peine de chuchoter.
Si j'étais Morgane, je me serais sans doute retourné pour leur lancer un commentaire cinglant. Ou je leur aurais même adressé un doigt d'honneur. Ma jumelle est tout à fait capable de ce genre de comportement. Mais, comme je suis juste moi, je me contente de presser encore davantage le pas en faisant mine de ne rien avoir entendu.
Une queue s'est formée devant le self lorsque je finis enfin par arriver (pour le coup, c'est exactement comme dans mon ancien collège. Enfin, mis à part le fait que les dames de la cantine sont respectivement une sirène et une fée). Je me mets tout au bout en prenant un plateau vide et je regarde autour de moi dans l'espoir de repérer Morgane ou Jérémie.
Les sirènes et tritons ont presque tous les cheveux mouillés et sortent apparemment d'un petit plongeon matinal, comme mon coloc que je ne vois d'ailleurs nulle part. Les loups sont les plus bruyants. J'en ai deux spécimens devant moi dans la queue. Ils ne cessent de se chamailler en se poussant. Apparemment, ça les éclate. Moi, pas trop, surtout quand nous arrivons devant la corbeille à croissant et que je constate qu'elle est presque vide. J'observe anxieusement les deux loups en prendre deux chacun. Ouf, il en reste un tout dernier !
J'approche la main de la corbeille lorsque le croissant se met soudain à léviter et me file sous le nez. J'essaie de l'attraper, mais il finit dans la main du magicien boutonneux que j'avais repéré hier.
VOUS LISEZ
Le lycée des Surnaturels (bxb)
FantasiPas facile d'être le seul garçon fée jamais né ! Presque dépourvu de don magique, Vivien Guyonvarc'h ne s'attendait pas à briller en entrant au lycée secret des Surnaturels réservé aux créatures magiques. Il était en revanche loin de se douter qu'il...