Chapitre 40

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— Auguste ?

Les jours ne cessent de raccourcir ces derniers temps et il fait déjà nuit noire. En débouchant de l'escalier menant au grenier, je vois à peine où je mets les pieds et je sors mon portable pour m'en servir comme lampe torche. La lueur qui s'en dégage éclaire un plafond mansardé doté d'une imposante poutre. J'aperçois un mouvement furtif du coin de l'œil. Je crois bien avoir dérangé une chauve-souris qui dormait tranquillement, la tête en bas (tu parles d'un endroit romantique !). Pas de loup en vue, en revanche.

— Auguste ?

Ma voix résonne dans la pièce vide.

Je tapote contre le mur jusqu'à trouver un antique interrupteur. J'appuie dessus. Aucun éclairage ne daigne s'allumer. Tant pis, je me contenterai de mon téléphone. Si j'étais une fée du feu, il me suffirait sans doute de claquer des doigts pour produire une bonne petite flambée, mais...

Juste au moment où je pensais cela, le bout de mon index s'éclaire. La flamme qui y danse est d'abord minuscule avant de se mettre à pousser à la manière d'une fleur qui ouvre ses pétales. Je ne ressens aucune douleur ou sensation de chaleur sur ma peau, comme si cette flamme était le prolongement de mon être.

— Non non non non non...

Paniqué, je secoue le doigt tout en soufflant dessus comme un forcené jusqu'à éteindre la flamme. J'inspecte les dégâts et je ne trouve aucune brûlure ou cloque, ni simplement rougeur.

J'enfonce mes mains dans mes poches pour ne plus les voir. Voilà, problème réglé. Sauf que je ne peux plus tenir mon portable et que je me retrouve à nouveau dans le noir.

Je me mets à trembler, les jambes coupées. Je ne sais plus ce que je suis. J'utilise des pouvoirs liés à l'eau, à l'air et maintenant au feu, ce qui est contraire aux lois magiques fondamentales qui lient les fées à un seul élément. Est-ce le signe que la maginélose atteint un stade dangereux ? Est-ce qu'il serait temps d'en parler à Maman et à me résigner à passer le reste de ma courte existence enfermé ? Pour autant... Pour autant je ne ressens pas l'envie d'exploser, et...

Un craquement non loin de là me ramène brutalement à la réalité. Oui, c'est vrai, mon petit ami m'attend. J'espère d'ailleurs qu'il n'a pas été témoin de cette petite scène. Je sais que je peux lui faire confiance, mais...

— Auguste ? je répète pour la cent cinquantième fois.

Et, également pour la cent cinquantième fois, personne ne me répond, ce qui commence à me courir sur le haricot. Je ne suis pas d'humeur à jouer à cache-cache.

— Auguste, je grogne. Si tu ne te montres pas dans cinq secondes, je m'en vais. Je te préviens. Je compte. Un. Deux. Deux et demi. Deux trois quarts. Troooois...

CRAC !

Je sursaute et me retourne, perturbé dans mes calculs. La porte donnant sur la fameuse terrasse est ouverte, vaguement éclairée par la lune. C'est de là que vient le bruit.

Une voix grave s'élève.

— Vivien.

Je fronce les sourcils. Il m'a appelé Vivien ? Pas "garçon fée" ? Qu'est-ce qu'il lui prend ? Est-ce qu'il est malade ?

Je m'avance et franchit la porte, accueilli par la fraîcheur nocturne. Je repère tout de suite Auguste, debout face à moi, juste à côté du rebord de la terrasse qui ne comporte aucune barrière protégeant ses occupants de la bonne dizaine de mètres les séparant du sol tout en bas, ce qui ne me paraît pas très aux normes pour un établissement scolaire.

— Qu'est-ce... qu'est-ce que tu fais ? je glapis.

Le loup se tourne vers moi. L'expression de son visage est curieusement neutre. Habituellement, en me voyant, il se met à sourire ou prend son air énamouré si niais. Là, je ne distingue rien du tout, comme si je contemplais la face lisse d'un mannequin en cire.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant