Chapitre 51

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Le lendemain matin, je me réveille avec un regain d'optimisme. Je me dis que, au moins, les cours vont me permettre de me changer les idées, ce qui est toujours ça de pris. Et puis, je suis sincèrement heureux de retrouver Jérémie qui est toujours gentil et de bonne humeur. Ça me change de certains membres de ma propre famille.

Mon colocataire et moi nous mettons en route ensemble pour la cantine tout en bavardant.

— Tes vacances se sont bien passées ? je lui demande alors que nous quittons le couloir des dortoirs.

Il soupire en posant le pied sur la première marche de l'escalier. Deux loups très pressés nous doublent en ricanant entre eux.

— J'ai surtout révisé en prévision des examens de fin de trimestre. Et la composition d'artéfacts m'a pris un temps interminable. Quelle problématique as-tu choisie ?

Je me crispe. Une problématique ? Il faut choisir une problématique, en plus ?

— Euh..., je réponds, les yeux fixés sur les marches. Et bien... euh... À vrai dire, je n'ai pas encore tout à fait bouclé mon devoir. Je voulais... euh... le relire avant jeudi.

Je pourrais bien sûr tout avouer à mon colocataire, mais Jérémie est l'une des seules personnes qui ne me prend pas pour un nul complet... Je crois que je n'ai tout simplement pas envie de le décevoir.

Mon colocataire prend un air inquiet.

— Moi j'ai eu envie de m'en débarrasser au plus vite. Je l'ai sans doute un peu bâclée... Tu crois que la notation sera sévère ?

Nous sommes arrivés devant la porte de la cantine. Je m'apprête à trouver quelque chose à répondre à Jérémie, lorsque je vois soudain un groupe de loups qui a pris possession de la table la plus proche. Auguste est parmi eux ! Et sa tête pivote vers moi. Nos yeux s'accrochent une seconde. Puis le loup lève la main, plie un doigt et l'agite dans ma direction pour me signifier apparemment de venir le voir.

Le cœur battant, je fais aussitôt comme si je ne l'avais pas vu. Jérémie me jette un regard étonné, mais ne me pose pas de question. C'est l'une des qualités que j'apprécie chez lui.

Je m'empare d'un plateau et y dépose à toute allure des aliments sans même les regarder.

— Allons manger avec Morgane et ses amies, je propose d'une voix presque normale en désignant une table prise d'assaut par des fées et située fort heureusement à l'opposé de celle des loups.

Jérémie se raidit aussitôt.

— N... nous risquons de les déranger, n... non ? bafouille-t-il.

Je lève les yeux au ciel.

— Mais non ! Allez, viens.

Je manœuvre habilement de façon à ce que Jérémie se retrouve assis à côté de Morgane. Ce qui ne risque d'ailleurs pas d'arranger les affaires de mon ami triton, puisqu'il reste assis droit comme un I sans oser prendre la parole et encore moins regarder en direction de sa voisine. Qu'il ne vienne pas dire ensuite que je ne fais pas de mon mieux pour l'aider.

Pour ma part, j'ai l'habitude d'être entouré de fées, alors cela me tranquillise un peu. Je me laisse bercer par les bavardages que je ne fais même pas semblant d'écouter. Je m'étale le contenu d'un petit pot de fraise sur mon morceau de pain, morose.

—... Et sinon, vous avez fait combien de pages pour le devoir d'artéfact ? demande soudain la fée à ma droite.

Et, tout à coup, toute la tablée ne se met qu'à parler de ça. Je n'arrive plus à penser à autre chose. Nous revenons de deux semaines de vacances ! Pourquoi est-ce que le seul sujet de conversation est cette maudite composition d'artéfact ? Même Jérémie en retrouve brièvement la parole.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant