Chapitre 26

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— Je ne me suis pas battu, je grommelle à quatre pattes, le téléphone collé contre mon oreille tout en attrapant de ma main libre mon sac de linge sale qui était allé se fourrer sous mon lit. J'ai juste essayé de noyer un magicien dans une flaque de boue.

— Oh, répond Maman. Ce n'était pas ton proviseur, au moins ?

— Non.

J'entends un soupir.

— Bon, je suppose que tout va bien, alors. Tant que tu ne recommences pas.

Je me relève, retire mon t-shirt désormais plus brun que blanc et le laisse tomber dans mon sac, une opération complexe lorsqu'on doit tenir son portable d'une main pour écouter des réprimandes maternelles. Je ne supportais cependant plus de le porter, alourdi qu'il était par la boue et la pluie. Je m'efforce de ne pas regarder mes boutons dévoilés à l'air libre.

— J'essaierai. Tu ne l'as pas dit à Grand-mère, n'est-ce pas ?

— Bien sûr que non ! Elle en ferait toute une histoire !

Souvent, je trouve que Maman se comporte envers nous plus comme une grande sœur que comme une mère. Il est vrai qu'elle n'avait que dix-huit ans, lorsqu'elle nous a mis au monde, Morgane et moi. Enfin, je ne vais pas m'en plaindre. J'imagine qu'il est cool d'avoir une mère cool.

— Cela dit, reprend Maman en prenant son ton le plus réprobateur, j'ai été très surprise et déçue que l'administration m'appelle pour me signaler qu'un de mes enfants s'était si mal comporté. Et d'autant plus lorsque j'ai appris qu'il s'agissait de toi qui es toujours un si gentil petit garçon. Je sais que Morgane est parfois un peu vive, mais toi...

— Maman, je la coupe. J'ai quinze ans. Je ne suis plus un gentil petit garçon.

— Qui plus est, reprend ma mère comme si je n'avais rien dit, ce magicien aurait pu te blesser sérieusement. J'espère que tu as pensé à te protéger le visage lorsqu'il s'est jeté sur toi.

— C'est moi qui me suis jeté sur lui.

— Je n'ai jamais songé au fait que tu aurais intérêt à apprendre à te défendre contre les agressions de notre monde si violent. Tes sœurs peuvent utiliser leurs pouvoirs mais, toi... Enfin... Ton don, aussi merveilleux soit-il, n'est pas très utile dans un combat...

— Maman ! Tu m'écoutes, oui ou non ?

Le flot de paroles s'interrompt un quart de seconde. J'en profite pour retirer également mon short et mes chaussettes.

— Bien sûr que je t'écoute, mon chéri.

— Bon, alors décidons que l'incident est clos. Il ne se reproduira plus et il n'est donc pas nécessaire du tout que je prenne des cours de combat.

Nouveau petit blanc au cours duquel ma mère se demande probablement si son moment de sévérité a été suffisant. J'enfile mon pantalon d'uniforme qui me paraît soudain aussi confortable qu'un pyjama.

— Hum...

— J'ai plein de devoirs à faire, j'affirme avec aplomb. Et je dois aller laver mes vêtements plein de boue.

— En effet. Il ne faudrait pas que les taches s'incrustent ! Heureusement que tu ne portais pas ta belle veste verte toute neuve...

Visiblement, ma mère s'intéresse plus à ma garde-robe qu'à mes devoirs.

Je raccroche avec un grognement d'exaspération, achève de m'habiller, et me mets en route vers la laverie, mon sac à linge sous le bras. J'aime ma mère, et je sais qu'elle m'aime aussi, mais, parfois, je la trouve juste étouffante. Entre Grand-mère qui veut m'accoupler et elle qui pense que j'ai encore cinq ans, je...

Le lycée des Surnaturels (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant