Chapitre 46

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Une brume épaisse et froide s'installe les jours suivants et paraît décidée à ne plus jamais partir. Le jour de mon départ, je la contemple par la fenêtre du salon, déprimé. Notons tout de même qu'elle est bien assortie à la fête d'Halloween désormais toute proche et dont les loups semblent parfaitement fanatiques. Le village croule sous les décorations. Je n'en ai jamais vu autant au mètre carré. Devant chaque porche, on peut voir des citrouilles au sourire maléfique, des fausses toiles d'araignée, des fantômes ou des sorcières avec leurs mentons couverts de verrues. Et des loups. Surtout des loups. Il y en a de toute taille. L'un des voisins des Koch a même installé une statue grandeur nature !

— Ce n'est pas très discret tout ça, je commente, le nez collé contre la vitre.

La voix d'Auguste s'élève derrière mon dos.

— Qu'est-ce que tu veux ? Les loups-garous considèrent qu'Halloween est un peu leur fête, alors nous nous permettons de nous lâcher un peu ce jour-là. Tant que nous restons sous notre forme humaine, il n'y a pas de problème. Et puis, les humains passent rarement jusqu'ici... J'ai par ailleurs entendu dire que les villages féériques étaient encore moins discrets.

Je pince les lèvres.

— Les villages féériques sont protégés des regards indiscrets par de puissants enchantements, comme celui de la forêt de Paimpont. Nous pouvons donc y faire ce que nous voulons, comme nous balader les ailes en l'air. Pour celles qui en ont.

Je ne lui ai pas révélé que j'avais maintenant des ailes. Mais il ne m'a pas dit la date de la cérémonie de la Grande Lune, alors nous sommes quittes. Auguste garde des secrets ? Moi aussi. Rien ne nous oblige d'ailleurs à tout nous dire. La preuve.

L'alpha se lève et vient se coller contre moi. Je me raidis.

— Je n'ai jamais vu un village de fées. Tu m'y emmèneras un jour ?

Il pose sa tête sur mon épaule tout en m'enlaçant. Cela pourrait être agréable, si je ne savais pas qu'Auguste s'apprête à me laisser tomber dans quelques semaines. Et qu'il ne m'en a rien dit.

— Peut-être..., je lui réponds d'une voix neutre.

Sauf que je ne vois pas du tout quand nous pourrions en avoir le temps... Lors des prochaines vacances scolaires, ce sera une autre que mon petit-ami collera.

Mon ventre se creuse.

— Pourquoi est-ce que tu es grognon ? se plaint Auguste.

— Je ne suis pas grognon.

Auguste m'attrape pour me faire pivoter face à lui.

— Si, tu es grognon. Depuis plusieurs jours, même.

Je détourne le regard.

— Je suis fatigué, c'est tout.

L'alpha me lâche pour regarder avec un soupir la pile de manuels et de cahiers étalée derrière nous.

— Il est vrai que nous n'avons pas eu beaucoup l'occasion de nous reposer, aujourd'hui...

Auguste et moi nous sommes installés sur la table du salon pour faire les devoirs dont nos professeurs ont jugé bon de nous accabler. J'en ai fait de même, au début, puis j'ai prétendu avoir fini. Ce n'est pas si grave, parce qu'il me restera la deuxième semaine pour m'y mettre. Je n'ai en réalité pas la tête à cela. La conversation que j'ai eue avec Eva continue à tourner en boucle dans ma tête depuis mon arrivée. Je ne comprends pas pourquoi l'alpha ne m'a rien dit. Je ne sais même pas s'il a l'intention de le faire un jour. Avait-il donc l'intention de me déclarer le 21 décembre : "oh, en fait, voilà, je pars rencontrer mon âme sœur. Tout est fini entre nous. Joyeux Noël en avance, sinon".

Le lycée des Surnaturels (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant