Après avoir frimé à mort, Morgane vient se jeter dans mes bras si violemment que nous manquons de tomber à la renverse. Elle n'a pas retiré ses lunettes de vol qui se cognent contre mon nez.— Tu as pensé à venir ! s'exclame-t-elle, toute contente, comme si elle ne m'avait pas harcelé pour m'empêcher d'oublier la date.
Je la serre contre moi, même si elle n'a pas encore eu le temps de prendre sa douche et ne sent pas la rose. Enfin, c'est ma jumelle...
— Ouais, je soupire. Félicitations !
Elle s'écarte de moi, radieuse, et me sourit de toutes ses dents.
— Merci !
Planté à côté de nous, Jérémie la regarde avec des yeux de merlan frit, son paquet de pop-corn vide entre les mains.
Je lui flanque un coup de coude.
— Dis-lui quelque chose, je lui chuchote à l'oreille, pour qu'il arrête d'avoir l'air idiot.
Le triton se tourne vers moi, paniqué.
— Quoi ? Quoi ? Quoi ? chuchote-t-il furieusement.
Mais c'est trop tard, car Morgane s'est déjà éloignée pour aller jacasser avec ses nombreuses copines. Elles se sont toutes accrochées par le bras et piaillent à qui mieux mieux, sous les regards furieux du groupe de Titania.
Jérémie se redresse, aussi dépité que soulagé. Ma jumelle ne lui a pas adressé un regard. Il faudra qu'il se donne du mal s'il veut attirer son attention. Je ne sais pas encore si je souhaite l'aider. J'apprécie mon colocataire et je ne suis pas certain qu'il sortirait indemne d'une relation avec Morgane.
Jérémie et moi redescendons les gradins. J'aperçois Auguste au loin, au milieu de toute une troupe de ses semblables. Les images du combat défilent dans ma tête. Les loups-garous sont quand même un peu trop violents pour moi. Et leur système amoureux me passe largement au-dessus de la tête. Je n'ai donc aucun intérêt à fréquenter cet individu allergisant plus que nécessaire. Nous ferons ensemble cet exposé d'artéfacts, puisqu'il ne m'a pas laissé le choix à ce sujet, puis...
Ma sage réflexion est interrompue par une sonnerie venue de mon téléphone. C'est un appel vidéo de Maman. Je m'éloigne de quelques pas et décroche. Je tombe sur un gros plan complètement déformé du visage de Mélusine. En me voyant, ma petite sœur m'adresse un sourire plein de dents qui me permet d'admirer les restes de son goûter.
— Coucou Vivien ! clame-t-elle.
— Salut Mélu. Tu me passes Maman ?
— OK !
La bouche de Mélusine est remplacée par l'intérieur du conduit auditif de ma mère.
— Comment vas-tu, trésor ? me demande-t-elle.
— Maman, je soupire, c'est un appel vidéo. Il y a une caméra.
J'entends un petit rire.
— Oh oui, bien sûr !
L'écran devient tout flou. L'imagine finit par se stabiliser sur ma mère en train de tenir son téléphone à bout de bras. Cela me permet de distinguer Oriande, qui est assise sur ses genoux. Elle agite aussitôt sa petite main potelée dans ma direction.
— Vivi !
Je lui envoie un baiser du bout des doigts.
Le visage de Mélusine apparaît aussitôt au premier plan. Il va vraiment falloir qu'elle arrête de faire cela, parce que c'est assez effrayant.
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Le lycée des Surnaturels (bxb)
FantasyPas facile d'être le seul garçon fée jamais né ! Presque dépourvu de don magique, Vivien Guyonvarc'h ne s'attendait pas à briller en entrant au lycée secret des Surnaturels réservé aux créatures magiques. Il était en revanche loin de se douter qu'il...