Le lycée des Surnaturels (bxb)

Chapitre 43

Les jours passent et l'automne s'installe durablement. Les feuilles des arbres rougissent et il se met à pleuvoir presque tous les jours. Je prends l'habitude d'éviter d'avoir à traverser le parc pour ne pas me mettre de la boue sur les chaussures et le bas de mon uniforme. Le soleil se couche de plus en plus tôt tandis que les vacances de la Toussaint approchent à grands pas. Ce n'est pas pour autant que nous avons moins de travail, bien au contraire. Nos professeurs semblent s'être donnés le mot pour nous épuiser intellectuellement en prévision des deux semaines de repos. Et même physiquement, dans mon cas, car suivre un cours d'EPS de deux heures destiné à des loups-garous quand on est soi-même loin d'être un athlète n'a rien d'évident.

Quant à ma relation avec Auguste... Eh bien, disons que je me suis habitué à voir un alpha s'asseoir à côté de moi pendant nos cours communs et m'attendre devant la sortie pendant les autres. C'est... Enfin... C'est supportable. Il suffit simplement que j'essaie de ne pas trop m'y habituer, car cela ne durera pas.

Pour le moment, heureusement, plus personne n'a cherché à l'envoûter.

Ce matin-là, Auguste et moi entrons d'ailleurs côte à côte en cours d'artéfact. M. Marlin nous adresse à tous un grand sourire lorsque nous avons fini de nous asseoir. Je remarque du coin de l'œil qu'il a posé sur son bureau tout un bric à brac, comme s'il avait l'intention d'organiser une brocante.

— Maintenant que tous les exposés ont été présentés, il est temps de passer à la pratique ! Aujourd'hui, nous allons tenter de fabriquer un artéfact.

Il ouvre les bras dans un geste d'emphase.

Un murmure excité se répand dans toute la pièce, surtout parmi les fées. Je ne participe pas pour ma part à ce petit moment de réjouissance. Je crois vous avoir déjà dit ce que je pensais de la pratique.

— Les loups, sirènes, tritons et vampires, mettez-vous avec des fées ou Hector. Bien sûr, toutes les fées n'ont pas les capacités nécessaires pour créer un artéfact. C'est une opération qui nécessite une bonne dose de magie et un certain doigté, même pour les magiciens. Ne vous mettez pas la pression à ce sujet. Le plus important est d'essayer.

Toutes les fées prennent aussitôt un air très important, Morgane la première. Les élèves dépourvus de magie se lèvent sans grand enthousiasme pour se choisir une partenaire. Auguste, qui s'était bien sûr assis à côté de moi, est le seul à ne pas bouger.

— J'ai déjà ma fée, me glisse-t-il à l'oreille.

Je l'ignore. Je ne dois pas encourager sa possessivité d'alpha. Même si elle me donne des frissons sur tout le corps.

— Venez maintenant choisir un objet à transformer en artéfact, ordonne pendant ce temps-là le professeur en désignant le bric à brac de son bureau.

Je parviens à me lever avant Auguste. Qui sait ce qu'il aurait été capable de vouloir prendre ? Je préfère ne pas le découvrir.

— J'y vais.

Je ne suis cependant pas aussi rapide que les autres fées qui se sont ruées en avant pour s'emparer des meilleurs objets. Morgane est déjà en train de repartir avec une grande clef ancienne qu'elle brandit avec détermination. Je me demande ce qu'elle veut en faire. Elle a la tête de quand elle a une idée fixe. Titania s'empare juste avant moi d'une grosse bouilloire en cuir. J'essaie de prendre une montre en or, mais c'est au tour d'Hector de la piquer juste sous mon nez. Il finit par le plus rester qu'une paire de lunettes de soleil en plastique un peu cabossées. Bon, au moins elles ne seront pas trop lourdes à porter.

Je traverse la salle en sens inverse, bon dernier, comme d'habitude. Tiens, Jérémie a réussi à se mettre avec Morgane. J'espère qu'il va réussir à lui adresser la parole. Et que ma jumelle ne va pas trop le tyranniser. Au collège, j'avais appris à ne jamais me mettre avec elle en tp de chimie ou de svt. Elle me faisait faire toutes les tâches pénibles et me tenait pour responsable dès que quelque chose allait de travers.