M. Marlin me donne finalement l'autorisation de partir, ce que je m'empresse de faire non sans soulagement. Je n'aurais pas supporté une révélation de plus. Et je n'avais pas la moindre idée de comment me comporter face à une personne se réclamant comme mon père. Aucune fée n'a de père. J'y réfléchirai plus tard, si je survis au courroux de Grand-mère, ce qui n'est pas gagné d'avance.— Ohé !
J'utilise mes dernières forces pour me diriger à pas rapides vers les dortoirs. Dans l'immédiat, je vais m'allonger sur mon lit et dormir pendant des heures. Ou quelques jours. Ou quelques semaines, même. Oui, je ne vois pas trop quelles raisons j'aurais d'ailleurs de me réveiller un jour. La seule bonne nouvelle que j'ai apprise est finalement le fait que je ne vais finalement pas exploser. Ce qui est toujours ça de pris, me direz-vous.
— Ohé !
Mais, pour le reste, je me suis plongé dans les ennuis jusqu'au cou. Pire : j'ai plongé toute la communauté des surnaturels dans les ennuis. En plus, je suis censé rentrer à la maison demain et aller fêter Noël en famille à Paimpont quelques jours plus tard. Je ne vois pas comment je pourrais éviter Grand-mère, à moins de m'enfuir et d'aller vivre seul dans un pays éloigné.
C'est alors que j'entends :
— Ohé ! Garçon fée ! Tu es devenu sourd, ou quoi ?
Je m'arrête de marcher, les sourcils froncés. Aurais-je des hallucinations auditives ? On dirait... On dirait la voix d'Auguste !
Je me retourne lentement, persuadé d'être en train de rêver. Sauf que non. C'est bien lui qui se tient derrière moi, ses cheveux blonds en bataille et tout essoufflé. Apparemment, il a couru pour me rejoindre. Le souffle court, il me dévisage. Un sourire étire ses lèvres lorsqu'il me voit l'observer à mon tour.
— Qu'est-ce que tu fais là ? je lui demande en m'approchant de lui à petits pas. Tu... tu es déjà revenu de Marseille ?
Je m'arrête à une certaine distance et regarde derrière lui, au cas où il cacherait son âme sœur derrière son dos. Il serait bien capable de vouloir me la présenter. Qui sait comment je réagirai ? Si ça se trouve, je lui balancerai des coups de poing, comme ma jumelle avec Titania. La violence est peut-être une spécificité de notre famille. C'est peut-être parce que nous sommes à moitié magicien, qui sait ?
L'alpha secoue doucement la tête, sans avoir complètement repris son souffle.
— Non, me répond-t-il. J'ai décidé de renoncer à ma Grande Lune.
Il s'avance alors résolument vers moi.
Je me fige, les yeux exorbités. Cette fois-ci, c'est sûr, j'hallucine. C'est peut-être un effet secondaire de la potion magique de M. Marlin contre les boutons.
— Euh... pardon ? Tu as quoi ?
Auguste est arrivé à mon niveau et s'arrête juste devant moi.
— J'ai renoncé à la cérémonie, me répète-t-il avec patience, comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle au monde.
Je cligne frénétiquement des paupières.
— Tu es idiot ou quoi ? Tu as renoncé à rencontrer l'amour de ta vie ?
Il me sourit avec douceur.
— Je n'ai renoncé à rien du tout. J'ai choisi de consacrer mon attention à mon garçon fée préféré.
Mon cœur bat tellement vite qu'il risque de tomber en panne à n'importe quel moment. J'espère qu'Auguste a pris des cours de secourisme pour me réanimer.
VOUS LISEZ
Le lycée des Surnaturels (bxb)
FantastikPas facile d'être le seul garçon fée jamais né ! Presque dépourvu de don magique, Vivien Guyonvarc'h ne s'attendait pas à briller en entrant au lycée secret des Surnaturels réservé aux créatures magiques. Il était en revanche loin de se douter qu'il...