Chapitre 22

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J'ai la chambre pour moi tout seul parce que Jérémie passe le week-end dans sa famille. Maman aurait aussi voulu que nous rentrions à la maison, mais cela n'aurait pas été raisonnable. Saint-Malo est à presque trois heures de Paris (sans compter le temps pour aller jusqu'à la gare Montparnasse et celui pour aller de la gare de Saint-Malo à chez nous) et les billets de TGV sont hors de prix. Et puis, bon, nous sommes au lycée depuis moins d'une semaine ! Et Maman a deux autres filles pour se consoler de notre absence (j'espère d'ailleurs qu'elle ne va pas se mettre en tête d'en faire une autre, maintenant qu'il y a deux chambres vides à la maison).

Je profite de ce calme pour faire une grasse matinée digne de ce nom et, cette fois-ci, aucune petite peste ne vient me balancer de l'eau dessus. Je peux donc pioncer jusqu'à neuf heures avant de me mettre en quête d'un petit-déjeuner digne de ce nom. La cantine est quasiment vide lorsque j'y entre et, cette fois-ci, je parviens à mettre la main sur un croissant !

Je le grignote en m'attablant à mon endroit habituel, presque détendu. C'est curieux. Je commence à ressentir l'impression d'être chez moi, alors que ce lycée majestueux n'a rien à voir avec notre maisonnette de Saint-Malo. Même si Maman et Oriande me manquent un peu. Bon, d'accord, Mélusine aussi. Mais pas Grand-mère.

J'ai passé une bonne partie de la nuit à cogiter à propos de la maginélose dont je me croyais atteint hier et j'ai réussi à atténuer ma panique. Je me suis sans doute laissé emporté, hier. Je ne souffre sans doute pas de cette maladie. Du moins, je n'en ai pas de preuve formelle, et il est donc inutile de s'inquiéter de cela pour le moment, voilà. Je vais plutôt profiter du week-end et penser à autre chose.

N'étant pas très doué pour m'occuper tout seul, j'envoie un SMS à Morgane.

"Tu veux qu'on fasse quelque chose ensemble", je lui propose.

Mon téléphone se met à vibrer quelques secondes après.

"Nan. Je pars faire du shopping".

Le message de ma jumelle est sec, dépourvu de tout émoji et elle ne me propose pas de l'accompagner, ce qui est étrange, car elle aime bien me demander mon avis (et me faire porter ses sacs, surtout). Je suppose qu'elle m'en veut encore d'avoir raté les sélections.

Je soupire en posant mon portable sur un coin de mon bureau. Je n'ai pas le courage de faire des pieds et des mains pour me faire pardonner. Elle finira bien par le faire, quand elle aura besoin de moi.

Abandonné par ma propre jumelle, je commence à jouer à The Witcher 3, sans conviction. J'enfourche Ablette, mon cheval (enfin, celui de Geralt) et je galope dans une forêt sombre. J'en profite pour ramasser quelques plantes pour mon stock de potions, car j'ai horreur de manquer d'ingrédients au moment où j'en ai besoin. Puis je me lasse après quelques minutes et je préfère mettre mon ordinateur en veille.

Je m'occupe un moment en faisant rouler mon fauteuil de bureau à travers la pièce (à la maison, j'utilise une chaise ordinaire). Cela me permet de constater que le sol est légèrement en pente. Puis j'envisage d'achever de vider ma valise avant d'y renoncer par flemme.

Je tourne la tête vers la fenêtre en soupirant. Il fait beau. Je devrais profiter du beau temps. Si je m'apprête à exploser dans un futur plus ou moins proche, je...

Je me lève d'un bond, furieux contre moi-même. Je dois arrêter de penser à cela.

Je décide d'aller faire un tour dans le parc baigné par la lumière du soleil qui semble aussi vide que le reste du lycée en ce jour. Par pur réflexe, je me dirige vers la forêt miniature qui ne doit comporter en tout et pour tout qu'une quarantaine d'arbres. Je choisis un chêne, et m'assieds à son pied, le dos calé contre son tronc. 

Le lycée des Surnaturels (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant