Chapitre 8 : Elise

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Bien que j'aie atteint les quinze ans depuis quelques mois, je tente difficilement de diminuer mes prises d'alcool qui ont crevées les plafonds, au point que je demeure rarement sobre. Cependant, je reste tout de même lucide, surtout quand ma mère tente de me faire aller dans son sens, notamment pour la prostitution. J'en suis autant dépendante que la cocaïne, c'est un fait, mais j'aimerais pouvoir arrêter de moi-même une merde dans laquelle je me suis mise toute seule.

J'ai complètement arrêté l'école. Finalement je n'aurais même pas fait la fin de l'année scolaire. Pas par envie ou tout simplement par flemme ou manque totale de sobriété pour ne pas inquiéter les autres, mais tout simplement parce que je me sentais plus assez forte pour vivre la vie au quotidien dans cet établissement en plus de la drogue et de l'alcool qui me mette dans un état second à chaque minute de la journée.

Pour la drogue, justement, j'en suis venue à me faire piquer tous les jours sans aucune exception. Mais les doses semblent être bien plus conséquente, à moins que je devienne de plus en plus dépendante, voire les deux. Je suis complètement accro à cette substance, au point que si je tente de stopper mes prises, je sais que je m'en sortiras pas indemne, ça me semble inconcevable de toute manière, que je le veuille ou pas. Et les seringues me semblent bien plus rempli que lors de mes premiers mois de toxicomane, je ne sais pas, et je pense que je n'aurais pas la réponse, peu importe si je supplie ma mère pour savoir. 

Actuellement en train de planer sur le canapé qui me semble désormais confortable, je regarde sans forcément les voir les différents courriers présents sur le petit meuble d'appoint situé non loin de moi. En me concentrant sur ceux-ci, je remarque le tampon rouge sur chaque lettre signifiant qu'il s'agit de la dernière relance jusqu'à la venue des huissiers ou la coupure des énergies nécessaire pour notre vie. 

Me redressant tant bien que mal, je vois ma mère me rejoindre avant de prendre toutes les lettres pour les mettre hors de ma vue, ne disant pas un seul mot, n'esquissant aucun sourire, je me rends compte que la situation est grave quand elle ne cherche même pas à me mettre sur le trottoir, pourtant, je sens que sans la drogue, je serais probablement prête à tout pour une seringue.

- C'est quoi tout ça ? Demandé-je d'une voix enrouée pour ne pas l'avoir utiliser récemment.

- Je n'arrive plus à faire face à toutes ses factures, sans parler de tes seringues qui coûtent une véritable fortune, je pensais pouvoir subvenir à nos besoins mais visiblement je me trompais. 

- Tu as besoin d'aide pour quelque chose ?

- Ça ne sera pas de refus, effectivement. 

Me levant tant bien que mal, je commence à tenter de trouver des solutions alors que tout tourne autour de moi. Pour commencer, je commence à donner l'idée de diminuer mes doses, ou au moins les remettre à une tous les deux jours. Ça sera compliqué à assumer, surtout vue ma dépendance, mais je pense pouvoir endurer, surtout si je sais que je pourrais toujours en bénéficier dans le temps.

- Je... je vais trouver un travail, que ce soit dans un magasin pour les rayonnages ou un diner pour le service je ferais quelque chose pour ramener de l'argent à la maison.

M'arrêtant quelques minutes pour me racler la gorge, je me secoue la tête afin de me mettre les idées en place. Pourtant, je me stoppe instantanément lorsque j'entends ma mère rire à gorge déployée. 

- Toi ? Travailler ? Mais qui voudrait d'une toxico doublée d'une alcoolique ? Désolée de te le dire trésor, mais personne ne voudra de toi dans son établissement, mis à part les bordels ou les boites de streap-tease. Vois la réalité en face ma puce.

- Alors j'arrête de me droguer, et cette fois t'avise pas à m'en donner en cachette ! 

Je vois ma mère hausse les épaules pour simple réponse avant de vaquer à ses occupations. Déterminée dans ma prise de décision, je n'ai pu tenir que deux jours tant le manque était important. J'étais constamment rempli de sueur, les membres tremblants et les nausées me nouant l'estomac. Et tout ça, c'est sans compter sur les démangeaisons sur les avant-bras à cause des nombreuses claques qui les couvrent.

- Je vois bien à quel point cela te tracasse me dit ma mère alors qu'elle me pique pour la première fois depuis quarante-huit heure. Si tu veux, j'ai une place toute trouvée sur la grande avenue, je serais pas loin pour te guider au besoin. 

Bien que l'idée de me faire de l'argent facilement devient de plus en plus alléchante, je refuse de manière incertaine alors que mes membres me semblent de plus en plus lourds. Ce manque de certitude a dû être perçu par ma mère qui arbore un sourire triomphant avant de partir en direction de la cuisine.

L'esprit embrumé, je fixe sans même le voir le plafond gondoler à cause du récent dégât des eaux dû à une tuyauterie usée, je commence à mettre mes différentes options en évidence et, comme ma mère à bien pu me le dire, elles demeurent faibles et sans issu. Cependant, je sens que je m'y prends de la mauvaise manière avec mon addiction, surtout que je n'en ai pas une, mais deux. 

Alors je me jure intérieurement de commencer par arrêter l'alcool, ça ne sera pas le plus compliqué en sachant que, d'une manière ou d'une autre, je sais qu'il existe des groupes d'alcoolique anonyme pour m'aider à tenir. Je vais commencer par-là, et une fois certaine que je n'y toucherais plus, je me renseignerais pour la drogue. Je ne pourrais rien faire seule, c'est une certitude, et j'ai été vraiment idiote de le penser. Et si celle qui m'a donner la vie ne veut pas me faire changer de voie pour quelque chose qui ne risque pas de me faire passer l'arme à gauche, je le ferais moi-même, avec une aide extérieure, en espérant que j'y arrive. 

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant