Chapitre 17 : Elise

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Je n'ai pas encore ouvert les yeux que je suis déjà prise de nausée. Sans que je sache comment, je sens mon lit bouger et des vibrations me pulse les tympans. Je me souviens d'avoir vue Tasia discuter avec le médecin et surtout qu'elle a demandée si je pouvais voyager. Je dois donc être dans une voiture ou quelque chose dans le genre. Mais avec qui, je l'ignore. Car pas un bruit n'émet de l'habitacle si ce n'est les bruits de moteur.

Ce n'est qu'au bout de minute interminable que j'arrive à ouvrir les yeux. En bougeant légèrement la tête, j'aperçois que je suis bel et bien dans une voiture, ou une camionnette, pourtant, je ne vois qu'une personne avec moi, présent derrière le volant, et ce n'est pas ma sœur.

- Tasia ? L'appelé-je d'une voix incertaine.

- Elle est sur la moto juste devant avec Spider, lance le garçon présent derrière le volant. Je m'appelle Kaïs, je suis un des prospects des Animal Fury, une recrue si tu préfères et je suis chargé de te conduire saine et sauve jusqu'en Oregon.

Ne sachant pas à qui j'ai à faire, je tente tant bien que mal à me redresser afin d'avoir un aperçu de cet homme présent dans le véhicule, mais une crampe abominable me prend le bide si bien que je me couche aussitôt alors que je n'ai pas lever le buste à plus de 10 cm. J'ai l'impression que je n'ai aucune force dans le corps et cette sensation d'être faible est pire que tout, alors que je suis dans un véhicule avec un parfait inconnu.

- Comment tu te sens ? Me demande-t-il après avoir entendu un gémissement sortir de ma bouche.

- Mal... j'ai l'impression que je vais vomir... 

 Et si ce n'est que ça, j'ai une sensation de froid inconfortable, des tremblements que je n'arrive pas à contrôler, probablement dû au premier problème, sans parler de ses nausées qui ne me quitte pas et de ses rots qui sort avec cette odeur d'œuf pourri que je dois être la seule à sentir.

- Okay, lance-t-il après quelques secondes, je vais faire un appel de phare pour prévenir ta sœur et Spider, on va s'arrêter sur la prochaine air de repos, tu as probablement besoin de prendre un bol d'air. 

Aussitôt dit, aussitôt fait, je l'entends jouer avec les manettes présentes autour du volant et en moins de dix minutes, je le sens tourner avant de ralentir pour finalement s'arrêter. D'un coup, je perçois la voix de ma sœur demander ce qu'il se passe et lorsqu'il émet mes problèmes, je vois la porte au-dessus de ma tête s'ouvrir sur elle, avec une mine inquiète.

- Je vais t'aider à aller au toilette, ça va aller Eli. 

Après avoir acquiescer, je tente tant bien que mal de me lever et surtout de tenir debout, sans grand succès à cause de ses crampes nouvellement arrivées. Ce n'est qu'une fois une bataille acharnée pour me rendre sur un toilette réussi, je me déshabille malgré mes membres tremblotants et, à peine assise, je suis prise de douleur abdominale au point que je sens que je me vide avec une gastro intense, bien plus que durant les maladies d'hiver.

Prise par une crise de larmes, j'entends tout de même ma sœur juré avant de parler toute seule, probablement au téléphone, à moins que je sois prise de folie et que je n'entends pas son interlocuteur. 

Je ne sais pas combien de temps je suis restée au toilette, à me vider les entrailles avec une douleur intense, mais lorsque je finis par sortir, le teint blafard pour preuve sur le miroir face à moi, je vois Tasia m'attendre, les bras croisés, avec un petit sourire triste.

- J'étais au téléphone avec le médecin du club, m'annonce-t-elle alors que je me lave les mains. La diarrhées est une conséquence du sevrage sauvage, malheureusement mis à part une alimentation riche on ne peut rien faire qu'attendre. 

Je ne dis rien, mais tout cela me fait sentir comme la pire des merdes. Incapable de tenir tête à ma propre mère, aucune volonté pour dire non à la drogue et une lâcheté totale pour me mettre dans l'alcool, avec l'idée débile que tout cela finira comme par magie. Mais rien n'est miraculeux, oui, grâce à Anastasia je suis désormais loin des griffes de ma marâtre, mais à quel prix ? En plein sevrage sauvage qui me parait bien plus désagréable que ma première dose ? Je ne sais pas si je supporterais cette douleur très longtemps, puis je me dis que sans Tasia, probablement rien de tout ça se serait passer, elle a tuée Etienne pour me sauver, mais peut-être que je ne serais pas ainsi s'il était toujours vivant, peut-être même, que je n'aurais jamais toucher à la moindre substance illicite avec lui près de moi, celui qui a été ma figure paternelle. 

Après avoir été escortée jusqu'à la camionnette, je la laisse m'aider à boire à la bouteille, tels un nourrisson, et mon impression d'être une moins que rien ne fait que se renforcer. Et bien que je voulusse garder mon amertume pour moi-même, je ne peux pas m'empêcher de laisser les mots sortir de ma bouche, bien que je sache que c'est injuste, et surtout hypocrite de lui rejeter la faute.

- Tout ça est ta faute Tasia, dis-je avec un goût amer dans la bouche. Si tu étais restée à mes côtés je ne serais pas devenue une junkie, Etienne serait toujours là, mais peut-être que maman aurait fini par le quitter pour notre sécurité, mais tu as tout précipité en le tuant, même si c'était pour me protéger.

Honnêtement, je m'attendais à ce que Tasia me gronde, ou même me gifle, pourtant, rien de tout cela ne se produit. A la place, elle m'aide à m'installer avant de me mettre un plaid sur le corps pour que je reste au chaud, et avant même de ferme la porte, qui clôtura par la même occasion cette discussion, ce qu'elle me dit me glace le sang par sa véracité.

- Si Etienne était toujours vivant, tu n'aurais peut-être pas été une toxico, tu as raison, mais je sais que tu aurais été une prostituée et ça je ne pouvais pas le supporter, à supposer que tu aurais accepter ton sort, tu aurais aussi pu mettre fin à tes jours à cause de la honte, alors oui je n'ai tuée et t'ai abandonnée, mais si je devais retourner dans le passé, je ne changerais rien du tout. 

Ne voulant pas dire qu'elle a raison, je finis par me redresser en la fusillant du regard avant de lui dire de nombreuses horreurs pour faire passer ma douleur à une autre personne. Je lui donnais une esquisse d'une vie sans elle, en étant fille unique, probablement bien plus heureuse que ce que j'ai pu vivre et surtout, que j'aurais préférée mourir que d'être dans cette état, mais elle fini par me recoucher, sans rien dire, et claquer la porte tandis que je me mets à fondre en larme à la fois épuisée et déprimée par tout ce qui vient de se passer.

Les yeux encore embués de larmes, j'en viens à avoir des difficultés à respirer alors que le véhicule recommence à bouger, signe évident qu'on reprend la route. Je ne sais pas comment se passera la suite du voyage, mais je ne pense pas pouvoir de nouveau regarder ma sœur dans les yeux.

Tentant tant bien que mal de me reprendre, je me laisse bercer par la voix calme de Kaïs qui me dit que tout se passera bien, qu'il nous faut juste du temps pour comprendre que nous ne sommes pas l'ennemies l'une de l'autres mais au contraire un véritable soutient en tant que membre de la même famille.

J'aimerais lui dire qu'il a raison, ou qu'il a tort, mais je finis par fermer les yeux, prise dans les bras de Morphée en espérant que tout ira mieux quand j'ouvrirais une nouvelle fois les yeux. 

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant