Chapitre 7 : Elise

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J'en suis à la veille de mes quinze ans, pourtant, rien n'a vraiment changer depuis le jour où j'ai vue Johnny mort devant chez moi. Pour l'école, je suis en chute libre. En fin d'année de collège, je sais très bien que je commencerais pas le lycée l'année prochaine, si je patauge à longtemps de temps pour le programme en cours, je sais très bien que je me noierais dès les premières semaines. 

A la maison, absolument rien n'a changer, maman continue son métier tant bien que mal, allant jusqu'à baisser ses tarifs et il n'y a aucune amélioration dans ce domaine, les meubles sont rafistolés tant bien que mal et, comme pour la télé, nous allons régulièrement dans la décharge du coin pour trouver nos nouveaux mobiliers sans parler des vêtements que je trouve dans les associations ou les bennes utilisées pour les associations pour les sans-abris.

Mais le plus surprenant pour moi reste la drogue. Voilà bientôt une année complète que je n'y touche plus, au point que je rejette même ma mère lorsqu'elle arrive avec le matériel, et bien que je ne ressente aucune chute quant au fait que la drogue quitte mon corps, je suis constamment en état de manque en milieu de journée, et si je m'attendais surtout à ce que cela s'amenuise au fil du temps il en est rien, j'ai même l'impression que ça en pire, comme si mon corps était toujours en train de se droguer, à mon insu, chose complètement impossible quand on y pense. 

En ce qui concerne l'alcool, c'est ce qui a remplacé la drogue dans mon esprit. Je sais que ce n'est pas bon non plus, au même titre que la cocaïne, mais c'est mon nouveau moyen d'oublier, et je pense que j'aurais probablement plus de facilité à me débarrasser de cette addiction que l'autre. 

Pour ce qui est de Tasia, je n'ai aucune nouvelle depuis qu'elle est arrivée à Angola, cherchant sans relâche la moindre informations j'en suis venue à me créer une alarme sur le net quand le nom de la prison est mentionnée, peu importe la raison. 

Ce matin, c'est encore plus compliqué que les précédents à me lever. Grognant de douleur et par manque de force, je finis tout de même par me glisser dans la salle de bain avant d'allumer l'eau de la douche et tomber dans celle-ci. Bien que glacée, je n'ai aucun courage pour mettre de l'eau chaude dans le pommeau, me contentant de me gratter au coude, là où ma mère avait l'habitude de me piquer, ressentant une gène bien plus importante que la vieille. 

A force de me gratter, je finis par sentir des petites boules dans cette zone, les mêmes que lorsque je me piquais. Mais depuis le temps, ça aurait dû se résorber un minimum, pas devenir bien plus important, non ?

Ni tenant plus, je m'extirpe de la baignoire après avoir pris une serviette que je noue autour de mon corps frigorifiée, bien décidé à obtenir une réponse à ma question, je pars en direction de la cuisine où je sais que ma mère est attablée, en train de prendre un café soluble en guise de petit déjeuner. 

- Maman, je peux te poser une question ?

- Tu veux reprendre les doses ?

- Non ! Mais c'est à propos de ça justement. 

Je sens ma mère tendue alors que ses yeux se froncent. Ne voulant pas prendre quatre chemins, je lui explique ce que je ressens au niveau du coude mais également que j'avais déjà repéré cela lorsque je me piquais, ce qui aurait dû disparaitre étant donné que j'ai décidé de tirer un train sur la drogue. Cependant, ma mère détourne le regard en me disant qu'elle ne voit pas de quoi je parle. Suspicieuse, je finis par lui poser des tonnes de questions à la seconde, en sachant très bien qu'elle finira par craquer et me dire ce que je veux entendre pour avoir la paix, et cela ne manque pas quand je la vois se lever, le visage rouge de colère. 

- Qu'est-ce que tu veux entendre au juste ? Me lance-t-elle en explosant de rage.

- La vérité !

- La vérité ?! Je vais te la dire moi ! dit-elle avant de reprendre son calme, comme s'il s'agissait d'un point sur ses épaules qui disparait. Oui, je te pique tous les soirs durant ton sommeil et je n'ai aucun regret, je fais ça pour ton bien, tu en as besoin et je continuerais autant de temps qu'il le faudrait, que tu le veuille ou non.

- C'était mon choix !

- Le choix d'une enfant qui ne sait pas réfléchir correctement. Je suis ta mère, je sais mieux que toi ce dont tu as besoin pour ton propre développement, tu me remercieras plus tard, tu verras. 

N'en revenant pas, je finis par me diriger vers un des placards du bas avant d'extirper une bière qui était cacher. La décapsulant d'une main assuré, je finis par commencer à boire dans le but d'avaler la pilule qu'elle vient de me donner sans penser au mal qu'elle peut me faire en sachant que je pourrais mourir d'overdose à la moindre occasion. Complètement choquée de ce que je fais, je vois ma mère, la bouche ouverte telle un poisson rouge, me prévenir des dangers de l'alcool tandis que je vois ma cannette comme de l'eau.

- Et c'est toi qui me dis ça ? Dis-je dans un rire. A cause de toi je sais que je suis accro à la cocaïne, pour l'alcool j'ai décidé de boire pour oublier la merde dans laquelle tu m'as mise. Tu as devant toi ta dernière fille qui est devenue une véritable loque humaine, tu devrais être heureuse pour l'éducation que tu as sus me donner. 

Ne la laissant rien rétorquer, je finis par partir en direction de ma prison qui est l'école en sachant parfaitement que je pourrais jamais mourir de vieillesse comme je le voudrais. D'une manière ou d'une autre, je suis devenue dépendante de deux substances aussi toxiques l'une que l'autre. Il ne me reste plus qu'à savoir si je mourrais d'une overdose ou d'un coma éthylique. Riant toute seule sur le chemin des cours, je me mets à murmurer pour moi-même.

- Les paris sont ouverts. 

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant