Chapitre 25 : Elise

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On dit que chaque amélioration est une victoire, même infime, alors je suis heureuse de me dire que je commence à peine à voir le bout du tunnel. Bien que ce ne soit pas très poli à la base, force est de constater que je rote beaucoup moins qu'au début de ma période sans aucune drogue. Ce n'est pas encore terminé une bonne fois pour toute, mais il y a une diminution flagrante pour mon plus grand plaisir.

Je suis également moins prise de mes tremblements, et donc je commence à m'habituer à l'absence de stupéfiant. Que demandé de mieux ? Je dors également un peu mieux, mes nuits semblent plus longue qu'avant ce qui doit aussi soulager les autres, pas forcé à me veiller lors de mes périodes éveillées.

Cependant, je suis toujours aussi fatiguée, si ce n'est plus qu'auparavant. Ça fait maintenant 9 jours que je suis arrivée à Florence et pourtant, j'ai l'impression que cela fait des mois, voire des années que je suis ici, tant le manque me fait délirer. D'après le médecin du club, mon état de faiblesse est normale. Après plusieurs jours sans dormir ou très peu, mon corps à besoin de récupérer, seulement, je n'en peux plus d'être dans mon lit à alterner entre le sommeil et l'état d'éveil.

C'est donc avec un état d'esprit combatif que je finis par me lever du lit. Bien que je mette quelques minutes à arriver jusqu'à la porte, qui se trouve pourtant à quelques pas, ma détermination est toujours aussi robuste et je finis par ouvrir la porte, tombant nez à nez avec Weasel, l'ami d'enfance de Tasia.

- Déjà debout marmotte ? Me lance-t-il en se levant de sa chaise.

- Oui... répondis-je en me frottant les yeux. J'aimerais descendre après m'être laver, c'est possible ?

- Bien-sûr, lance-t-il après m'avoir crocher le bras. Je t'emmène, tu as toutes tes affaires ?

Voyant que j'ai les mains vides, celui-ci me porte jusqu'à ma commode afin de prendre des vêtements propres puis m'escorte jusqu'à la salle de bain. Après être certain que je pourrais me débrouiller seule, et donc que je n'ai pas besoin de Tasia, il me laisse en m'indiquant qu'il se trouvera derrière la porte et que je n'avais qu'à l'appeler au moindre problème.  

Sans porter le moindre regard vers le miroir, je me déshabille doucement avant de me glisser, les jambes flageolantes, sous l'eau chaude. Laissant ma tête sous le jet, je me mets à souffler lentement avant de mettre mes cheveux trempés en arrière. Prenant les produits de toilettes situés sur les rebords de la baignoire, je prends mon temps pour me laver tout en réfléchissant à ma vie et surtout à ce que je veux en faire. Visiblement, je vais y rester un paquet de temps, et descendre me permettra de connaitre un peu les membres du club. Je dois également un paquet d'excuses à Tasia, ma grande sœur, celle de mon enfance, me manque, et maintenant que je sais qu'elle est avec moi, et en bonne santé, je devrais plutôt réapprendre à la connaitre au lieux de lui mettre tous mes malheurs sur le dos.

Une fois propre et sortie de la douche, je me sèche rapidement avant de mettre des sous-vêtement, un jogging lâche et un t-shirt tout aussi grand. Un simple coup de peigne et un brossage de dent plus tard, je suis aussi prête que possible à rencontrer les nouveaux membres de cette famille.

Voyant que je peine à rester debout, la douche ayant prise une bonne partie de ma force physique, Weasel se mis dos à moi avant de se pencher, m'intimant silencieusement de me mettre sur son dos pour descendre, ce que je fais tant bien que mal.

Je me sens à la fois balloter par les mouvements de mon porteur mais également scruter dès l'instant ou je me trouve en bas des marches. Je n'ai pas besoin de regarder autour de moi pour comprendre que je suis devenue l'attention de chaque personne présente dans cette immense pièce qui est le salon. 

Et la pièce de vie d'ailleurs, parlons-en. Il s'agit ni plus ni moins du rez-de-chaussée complet emménager de manière que tout le monde puisse s'installer sans avoir l'impression d'étouffer. Les murs couleurs anthracite, semble ressortir facilement avec le mobilier de bois et les tons blancs dont s'échappe les coussins et le canapé. L'écran plat crocher au mur aurait même pu passer inaperçu s'il n'était pas allumer et ne diffusait pas un match de boxe en direct sous les encouragements de quelques hommes présents complètement obnubilés par le combat.

Si je m'attendais à devoir être à leurs côtés, je suis surprise lorsqu'il passe un poteau blanc qui mène directement dans une cuisine moderne aux couleurs bleu pastel et blanc. Aux fourneaux, je vois Tasia, qui ne semble pas surprise de me voir et montre du regard un siège juste en face du bar où trône une assiette pleine de pancakes et d'œufs brouillés, juste à côté de Spider qui bois tranquillement son café en couvant ma sœur du regard.

Comprenant le sous-entendu, Weasel me pose doucement sur le siège avant de nous laisser, indiquant par la même occasion qu'il va profiter du match, en demandant haut et fort qui mène jusque-là.

Je me sens vraiment gênée d'être là avec eux. Pas parce que je n'ai pas confiance, mais j'ai l'impression de ne pas être à ma place, tout simplement. Voyant que je ne bouge pas d'un pouce, Tasia m'intime de manger et qu'on devra parler juste après. Regardant doucement l'homme présent à mes côtés, celui-ci m'indique qu'il ne bougera pas de là, faisant lui-même parti de cette famille ô combien dysfonctionnelle.

N'ayant pas forcément faim, je tente tout de même de faire honneur à la cuisine en mangeant le plus possible, sans pour autant me donner envie de vomir. Cependant, je ne peux pas m'empêcher de voir que Kaïs manque encore à l'appel et rien que pour cela, je me mets à interroger Spider.

- Sais-tu quand Kaïs sera de retour ?

- Non, pour le moment il est en mission avec Wolf, le sergent d'arme et il n'a aucune limite de temps, mais il va bien, rassure-toi.

Hochant doucement la tête, je continue de manger, me mettant même à jouer avec ma nourriture, avant que Tasia ne me dise que je pourrais sûrement l'appeler, à la condition que je ne pose aucune question sur ce qu'il fait.

- Ce n'est pas une question de confiance ou quoi, m'indiqua-t-elle, mais moins tu sauras de chose et plus tu seras en sécurité.

- Je comprends... et je suis vraiment désolée pour tout ce que j'ai pu te dire. J'aimerais t'assurer que je ne recommencerais plus mais....

- Mais la douleur fait parfois dire des choses qu'on ne pense pas, termine-t-elle avec un léger sourire. Je le sais, le médecin m'a prévenu même si c'est dure à entendre. Tout ira bien mieux une fois sevrer à 100%, ne t'inquiète pas. 

Soulagée qu'elle me comprenne, je lui adresse un léger sourire reconnaissant avant de me mettre à boire mon jus qu'elle a posée sur le plan de travail au préalable. Cependant, la sensation de soif ne semble pas disparaitre si bien que je continue à boire de l'eau au point de faire passer la carafe.

Une fois l'estomac plein de nourriture, et surtout d'eau, je profite pour parler à ma sœur de tout et de rien, tentant surtout de reprendre un semblant de relation même si plusieurs années se sont écoulées. Elle en profite pour me présenter quelques membres présents dans la pièce d'à côté ainsi que leurs fonctions au sein du club, bien que la plupart sont des full patchs, des membres sans forcément être dans la hiérarchie comme Weasel.

Je discute également avec Fox, le président, qui vient de passer le pas de la cuisine avec un portable dans les mains. Il profite même de nous voir toutes les deux pour savoir où j'en étais dans mon sevrage. Et bien que j'ai l'impression de ne pas avancer dans ce domaine, ses yeux me font comprendre qu'au contraire, je combats durement le manque de la drogue, si bien que je ne sais pas exactement comment réagir. 

Néanmoins, je finis par demander aux membres présents si je peux parler à Kaïs, ne serait-ce que quelques minutes, afin d'avoir des nouvelles par moi-même, bien qu'intérieurement c'est tout simplement parce que sa présence me manque bien plus que je ne pourrais l'avouer. Au départ, j'ai cru qu'ils allaient refuser, sûrement pour la sécurité des membres de son club, pourtant, Fox fait un signe en direction de Spider qui finit par sortir son téléphone et composer un numéro.

- Wolf, c'est Spider... Rien tout va bien, tu peux me passer le prospect ? La petite aimerait lui parler... Merci.

Sans un mot de plus, il me tant le portable en me faisant promettre de ne poser aucune question sur la mission en cours, voyant que j'hochais vivement de la tête, au point de me donner une migraine, il me fit un sourire avant de me donner son téléphone.

- Allô ? Kaïs ?

- Salut toi, content d'entendre ta voix ! Tu sembles aller mieux !

Soupirant de soulagement, je me mets à lui parler de tout et de rien. Bien plus heureuse d'entendre sa voix qu'autre chose. Au fil du temps, je sens mes yeux se fermer et mes épaules se détendre, comme si j'étais apaiser, il n'a pas fallu longtemps pour que je finisse par m'endormir, à même la table, alors qu'il continue de parler. 

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant