Mes années en enfer

Chapitre 37 : Elise

Mais bordel, qu'est-ce qui m'a pris de lui dire ça ? En plus je n'ai absolument rien à lui dire !

Cette question ne m'a pas quitter de la journée de même que mon stresse en vue de cette discussion complètement stérile. J'en viens même à rester dans ma chambre une partie de la journée à tourner en rond avant que mes jambes ne me rappel à l'ordre et que je sois obligée de me rasseoir, ça et la gastro qui ne m'a toujours pas quitter d'ailleurs.

Je ne vois pas le temps passer tant mes pensées me préoccupe. Si bien que je sursaute lorsque des coups résonnent à travers la porte. Me raclant la gorge afin de faire passer la boule de stresse qui semble y avoir élu domicile, je suis rassurée quand je vois le regard doux de ma grande sœur. Sachant qu'elle m'a déjà aidée il y a quelques temps de cela, je décide de lui demander un coup de main, une nouvelle fois, même si je sais qu'elle va probablement juste me répéter les mêmes phrases.

- Hey, tout va bien Eli ? Me demande-t-elle en se posant sur mon lit.

- Pas vraiment... je crois que j'ai fait une bourde.

- Comment ça ? 

Inspirant un coup, pour me donner un semblant de courage, je me mets à lui raconter ce que j'ai fait ce matin-même. Mes joues rougissantes à la vue de son torse dépourvue de vêtement mais également son air canaille qui m'a donner une drôle d'impression.

Dans un premier temps, je vois ma sœur m'écouter attentivement en hochant la tête de temps à autres, ne posant que des questions si besoin, elle me laisse tout de même le temps de m'exprimer, et de poser des mots sur mes ressentis.

- Je vais te le dire une nouvelle fois Elise, lance-t-elle au bout d'un moment. Tu es encore jeune, certes en général tu es en âge de faire des découvertes avec le sexe opposé, mais ce n'est pas une étiquette que tu dois arracher ou une case à cocher. Tu as le temps pour tout cela et bien plus encore. De ce que tu me dis, je pense qu'il ressent la même chose pour toi, mais ce n'est pas pour autant que vous devez vous précipitez, Kaïs connait le mode de vie du club, et je sais qu'il va m'en parler avant de faire quoi que ce soit.

- Vraiment ? Pourquoi ?

- C'est une manière pour les membres du club de faire comprendre que c'est du sérieux et pas une amourette de passage, mais là n'est pas la question pour le moment. Le plus important, là tout de suite, c'est de mettre des mots sur ce que vous ressentez mais également si c'est réciproque. Je ne suis pas contre que vous vous rapprochez, mais s'il doit se passer quelque chose, j'aimerais être au courant pour t'aider ou répondre à tes questions si tu en as.   

Rassurée tout de même, je me mets à acquiescer doucement en fermant les yeux tandis qu'elle m'embrasse sur le front en guise de soutien. Dans un dernier conseil, elle me rétorque que ce serait bien que l'on en discute, lui et moi, une bonne fois pour toute afin que je ne me pose plus de question tels que celles-ci.

- Tu as raison, Tasia, mais pour le moment j'ai l'impression que ma tête va exploser avec tout ça, est-ce que tu aurais un moyen pour m'empêcher de penser ou me focaliser sur autre chose ?

Riant légèrement, Tasia me lance qu'elle ne serait pas contre un coup de main en cuisine pour nourrir les ogres qui vivent en ses lieux. Me levant doucement, je me joins à elle pour cuisiner un repas dans des proportions gargantuesques. Lors de la préparation, nous ne faisons que discuter alors qu'elle me demandait de faire quelques tâches comme éplucher des aliments ou la remplacer de temps de faire quelque chose, puis l'arrivé des garçons semblent avoir allégé l'atmosphère tandis qu'ils tentèrent, par divers moyens possibles, de chaparder de la nourriture sous l'œil avisé de ma sœur. 

J'ai fini par passer la journée avec elle, si on ne compte pas mes passages éclairs dans les sanitaires, sans même que j'y pense une seconde, la journée est sur le point de se terminer alors que je n'ai pas revue Kaïs une seule fois, me laissant penser que je ne le verrais probablement pas avant le lendemain.

Pourtant, telle est ma surprise lorsque je le vois, déjà dans ma chambre, en train de regarder les photos que j'ai réussi à avoir lorsque vous étions jeunes, ma sœur et moi. Je le vois esquisser un sourire en coin alors que ses yeux sont rivés sur l'une d'entre elles. Je sais, sans avoir besoin de les regarder, que la plupart sont suites à une sortie et dans des positions ou des grimaces qui prêtent à rires, ce sont des moments heureux que j'ai passé avec Tasia, dans la ville de Camden, avant que tout ce cauchemar ne débute.

- Je ne pensais pas te voir tout de suite, lancé-je en fermant doucement la porte. Je ne t'ai pas vue de la journée.

- J'ai eu pas mal de chose à faire aujourd'hui, mais je t'ai promis que je serais présent, non ?

Souriant doucement, je lui indique mon envie de me mettre à l'aise avant de lui parler, une manière comme une autre pour moi de retarder l'inévitable, malheureusement, tout fini par arriver beaucoup trop vite, quand, à peine installée sous ma couette, je le vois se poser sur le fauteuil qu'il a préalablement positionné juste à côté de mon lit.

- Alors dis-moi Eli, de quoi voulais-tu me parler ?

Incapable de répondre, je me mets à fixer le plafond sans pouvoir sortir quoi que ce soit tandis que Kaïs me regarde, attendant une réponse.

- Tu ne sais pas toi-même, c'est ça ? 

Ne bougeant pas d'un iota, je l'entends se mouvoir et avant même que je ne puisse penser à quoi que ce soit, je le sens s'allonger à mes côtés alors qu'il pose deux doigts sur ma mâchoire pour que je tourne ma tête dans sa direction.

- Parles-moi Eli

- J'ai peur...

- Peur de quoi ?

- De ce que je pourrais ressentir pour toi, surtout si je ne suis qu'une connaissance...

M'embrassant doucement le front, je sens ses lèvres dériver vers ma joue avant de se poser une nouvelle fois sur ma peau. Chuchotant des paroles réconfortantes que je ne comprends pas, je sens mes yeux se fermer peu à peu et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve à m'endormir dans ses bras.