Mes années en enfer

Chapitre 39 : Elise

Les jours ont passés au point que l'hiver laisse doucement place au printemps en ce début mars. Peu de choses ont changés depuis quelques jours, du moins c'est ce que je me persuade en regardant par la fenêtre alors qu'une discussion dont je ne devais rien savoir me revient à l'esprit.

Je voulais prendre l'air, et pour le coup je me sentais suffisamment en forme pour y aller seule, c'est donc munie d'une grosse veste ainsi qu'une paire de basket pour vêtements chauds que je me suis glisser dans le couloir alors que le soleil commence à peine à percer le ciel.

Marchant lentement de peur de réveiller les autres, je me stoppe net lorsque j'entends deux voix dont l'une d'elles prononce mon prénom. Regardant à droite et à gauche, je décide de tenter le tout pour le tout et de me diriger vers les voix pour savoir de quoi ils peuvent bien parler, surtout de si bon matin.

- ...quoi la suite ? Lance une des voix

- Maintenant que les deux gars sont morts, on va tout de même renforcer nos sécurités et les entrainements des prospects. Pour ce qui concerne ces derniers, on va mettre Bat sur le coup dans le cas où il y aurait une taupe parmi eux.

Les deux gars sont morts ? Est-ce ceux que j'avais vu il y a quelques semaines justement ? Mais ne devaient-ils pas être trois justement ? Secouant doucement le tête pour me remettre les idées en place, je n'ai pas le temps de bouger que la porte s'ouvre sur Fox, me laissant dans la mouise de constater que je n'ai pas été aussi discrète que j'aurais voulu l'être.

- Elise, dit Fox avec un léger mouvement de tête, ce n'est pas bien d'écouter aux portes, tu sais ?

- Je sais...

M'attendant à prendre une soufflante, il finit par me faire signe d'entrer alors que je tombe sur Wolf et Spider, qui demeurait silencieux jusque-là. M'asseyant après en avoir reçu l'ordre, je regarde Fox s'installer juste en face de moi en poussant un soupir.

- Pour ce que tu viens d'entendre... je ne dirais rien, mais pour ta propre sécurité j'aimerais que tu évites ce genre de chose. Nous parlons de beaucoup de choses, dont certaines ne sont pas légales, alors si nous ne te mettons pas aux courants c'est pour te protéger.

- Mais je suis une grande fille... j'ai besoin de savoir !

- Dans ce cas... l'homme qui t'a gagner aux enchères est mort, il s'agit d'un vieille homme d'une soixantaine d'année, connu des services de police mais jamais arrêter grâce à ses relations. Il nous a avouer avoir eut de nombreuses victimes et toutes mineures. Pour le second, il s'agit du bras droit du MAC, et si tu te demande pourquoi nous l'avons fait, c'est pour deux raisons. La première, les personnes qu'on emmène ne ressortent jamais vivantes, sauf si exception. La seconde, c'est Spider qui a insister tout simplement parce que l'homme nous à avoué qu'il a eu des gestes déplacés envers toi pendant que tu dormais chez ta mère. 

J'ai eu beaucoup de mal à me faire à l'idée de tout ça, et comme si ce n'était pas suffisant, j'ai également subi une crise de manque qui, cette fois, à durée plusieurs jours.

Rien qu'à m'en souvenir, la bile commence à remonter le long de ma gorge. Je me sentais vraiment à bout, Kaïs était en train de me surveiller, à la demande de Tasia qui ne pouvait pas faire autrement, et j'en suis venue à le supplier pour avoir une dose, même minime. J'en suis venue à vouloir vendre mon corps auprès de l'homme qui me plait tout simplement pour avoir une dose de cocaïne... et à imaginer tout cela, je n'ai pas envie de bouger du lit et j'en viens même à vouloir disparaître de la surface de la terre.

Je suis prise de crampe au point que je ne peux plus bouger de là où je me trouve, ça sans parler des nausées qui menace de sortir de ma bouche. J'ai eu des moments où je me sentais très mal, mais jamais à ce point. 

Sur le point de vomir tripes et boyaux, je vois un seau apparaitre juste en dessous de ma bouche alors que tout est en train de sortir de mon estomac. Alors que la honte ne pouvait pas être pire, je sens la présence angélique me tenir les cheveux tout en me caressant le dos. Bien que j'espérasse qu'il s'agisse de Tasia, je reconnais au parfum qui s'échappe de son corps que c'est Kaïs qui est présent, comme si quelqu'un était contre moi pour une erreur que j'ai commise antérieurement.

Une fois certain que tout est sorti, je sens Kaïs me sortir du lit avant de m'emmener en direction de la salle de bain. Je n'ose même pas le tenir ou le regarder dans les yeux tant la honte vie en moi...

- As-tu besoin d'un coup de main ? Demande-t-il alors qu'il me pose dans la salle de bain. Je peux appeler Tasia si tu veux ?

- Non, je veux le faire toute seule, j'ai juste besoin de quelques minutes, lancé-je d'une faible voix.

M'embrassant sur le front, je le sens partir de la pièce avant de me dire qu'il m'attend juste devant et que je peux prendre tout le temps dont j'ai besoin. Après un léger moment, je me lève tout en me tenant au lavabo présent à proximité le temps que le tournis disparaisse puis prend ma douche avant de me brosser les dents pour faire partir le goût immonde sur ma langue. 

Une fois tout cela fait, je soupir un bon coup avant d'ouvrir la porte de la salle de bain, et tombe nez à nez avec Kaïs, qui m'attendait patiemment. Sans émettre le moindre son, je le vois se pencher vers moi avant de m'attraper et me porter pour m'emmener en direction de ma chambre.

- Tu te sens mieux ?

- Pas vraiment... et cette gastro qui n'en finit pas... je commence à en avoir plus qu'assez Kaïs, parfois je me dis que j'aurais sûrement pas dû arrêter de me droguer, je serais beaucoup plus heureuse qu'en train de souffrir pour rien.

- Tout cela n'est pas pour rien Eli, tu en as besoin pour aller mieux, malheureusement c'est une étape cruciale pour ta complète guérison.

Sur ses mots, je le vois me poser sur mon lit en position assise avant de se diriger vers la carafe d'eau présente dans la pièce, munie d'un verre, il me le rempli avant de me le tendre, m'intimant silencieusement de boire le contenu. 

- Tu sais, reprend-t-il au bout d'un moment, tu n'as pas à te sentir honteuse de quoi que ce soit. Tout cela n'est pas ta faute, tu n'as rien choisi pour ses épreuves, que ce soit la crise de manque ou tout le reste.

- Parfois j'ai l'impression que si, que j'ai dû mal faire quelque chose ou que j'aurais dû agir différemment, peut-être témoigner pour Tasia, ou la défendre contre ma mère, je n'en sais rien.

- Tu n'aurais rien pu faire Elise, peu importe ce qui aurait pu se passer, mais n'oublies pas une chose. Si tu avais changé quelque chose, certes tu ne serais pas ainsi actuellement, mais tu ne sais pas ce que tu serais devenue, ni toi, ni Tasia. Ça aurait pu être mieux comme pire. 

Ce qu'il dit à dû sens, je le conçois, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que tout cela est ma faute. De ce fait, je finis même par lui dire qu'il mériterait de s'attarder sur une fille bien moins compliquée que je le suis, une fille bien sous tout rapport et qui pourra le rendre heureux de toutes les manières possibles.

Je n'arrive pas à m'arrêter dans ma tirade, je sors tout ce que j'ai sur le cœur sans même prendre le temps de respirer. Cependant, c'est avec un hoquet de surprise que je me tais, lorsqu'il joint ses lèvres aux miennes.

- Eli, dit-il après le baiser aussi bref soit-il. Il faut que tu comprennes une chose, c'est toi et personne d'autre qui m'intéresse. Et je vais tout faire pour que tu t'en rendes compte.