Chapitre 23 : Elise

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Non seulement je ne me suis pas rendu compte que je me suis endormie avec la présence de Kaïs à mes côtés, mais en plus je me tape une migraine pas possible à cause du bruit en provenance du rez-de-chaussée.

Pas qu'ils soient bruyants, loin de là, mais disons que j'ai l'impression d'avoir un marteau-piqueur dans la tête et je suis sensible avec le bruit. Espérons que cela va passer.  

Voulant me lever pour ne pas rester dans le lit toute la journée et surtout parce qu'il est de nouveau trempé, je cherche à me redresser avant de constater que mes bras sont pris de tremblements me faisant perdre toutes forces dans ses membres. Ne supportant plus d'être à ce point inutile et fragile, je fais en sorte de me lever, tant bien que mal et finis comme la veille, par terre, les jambes entremêlées avec le drap. La seule différence est que je me mets à pleurer à chaude larmes. Je sais que j'ai besoin de passer par là pour pouvoir être mieux dans ma peau et dans ma vie mais c'est dur. Je ne sais pas si je survivrais à cette vie, à ce sevrage qui va durer plusieurs mois, si ce n'est plus.  

Bien que je sois en train de pleurer à n'en plus finir, j'entends également la porte s'ouvrir sur une personne que je ne vois pas tellement mes yeux sont gorgés d'eau. Là seule chose dont je suis certaine, c'est qu'il s'agit de trois silhouettes, de tailles toutes différentes je ne sais pas exactement de qu'il s'agit, mais je finis par voir trois paires de chaussures, m'indiquant qu'il s'agit de deux hommes et d'une femme.

Sentant d'un coup des mains m'attraper les bras, je tente tant bien que mal de les repousser, non sans crier malgré les nausées et l'odeur nauséabonde qui sort de ma bouche. Après quelques minutes, j'entends la voix apaisante de Kaïs et de Tasia qui essaies de me calmer. Comme si mon corps n'attendait que ça, j'ai l'impression qu'il se met à peser une tonne si bien que Kaïs et Spider s'y mettent à deux pour me porter et me poser sur la chaise de bureau pendant que Tasia vire tous mes draps souillés.

- Je transpire beaucoup... dis-je après m'être humidifié les lèvres.

- C'est normal il ne faut pas t'inquiéter, lance-t-elle en faisant une grosse boule de linge avant de soulever le matelas. On va le laisser sécher, ou tu iras dans une autre chambre. Le médecin est là pour voir si tout va bien et te soulager un peu avec des cachets, malheureusement je sais que c'est compliqué mais on a pas vraiment le choix de passer par là.

- Je ne veux pas me droguer, m'emporté-je en secouant vigoureusement de la tête, avant de me la tenir en grimaçant.

- Il n'est pas question de te droguer, lance Spider doucement. On veut juste savoir si tu peux prendre des cachets contre la douleur sans que ça ne te pose des problèmes d'un point de vue de la santé.

Après avoir eu mon approbation, je vois Tasia partir avant de revenir accompagné d'un homme d'une cinquantaine d'année. Bien portant, l'homme n'est pas bien grand et sa grosse sacoche me fait penser que, non seulement il doit être habitué à venir, mais qu'en plus il semble bien équiper niveau matériel.

- Bonjour mademoiselle, je suis le médecin du club, je viens juste pour vous ausculter et voir si vous avez besoin de quelque chose. Si vous avez des questions en même temps n'hésitez pas à les poser.

- Je veux que Tasia reste avec moi, dis-je, n'ayant pas forcément confiance envers cet inconnu.

- Il n'y a aucun problème. 

Tant un premier temps, je le vois poser sa sacoche sur le bureau et sortir un tensiomètre et un stéthoscope. Durant ce temps, Tasia lui explique que j'ai eu des problèmes de drogue et d'alcool et que j'ai tout stopper d'un coup, par faute de meilleurs solutions. Ne sachant pas si c'était la bonne chose à faire, elle demande s'il ne faudrait pas plutôt me droguer une nouvelle fois et réduire les doses au fur et à mesure.

- Reprendre après une période sèche est très mauvais pour ne pas dire du suicide, c'est la meilleure façon pour avoir une overdose, ça et des aiguilles bien rempli bien entendue. Même à faible dose le corps va l'accepter ou le rejeter, d'une manière ou d'une autre c'est loin d'être conseillé. 

Soulagée de ne pas avoir à revenir là-dessus, de toute façon je m'y serais fortement opposé, je laisse le médecin m'ausculter tout en me posant des questions sur mes symptômes liée au manque.

- Malheureusement, ce n'est que le début, beaucoup de personne ont fait des sevrages sauvages à la morphine et on réussit à s'en sortir en quelques jours, mais non sans mal. Vous y arriverez, mais je pense que ça sera tout de même long, long et éprouvant.

Continuant son travail, il fini par me faire une prise de sang et prévoit des compléments alimentaires ainsi que du magnésium pour prévenir d'une possible carence. Un léger anti-dépresseur est également nécessaire selon lui, j'avoue que je n'y connais rien, mais pour aller mieux je suis prête à tenter. 

Après quelques minutes, je l'entends de m'ordonner d'ouvrir la bouche et de soulever la langue, en regardant Tasia qui se met à hausser les épaules, je m'exécute et en moins d'une minutes, il me verse quelques gouttes dans la bouche et range son flacon que je n'avais pas aperçu auparavant.

- Qu'est-ce que c'est ? Demande Tasia en voyant la fiole.

- Du CBD, il s'agit d'une molécule provenant du cannabis, rien de psychotrope, le but est d'apaiser et d'agir comme un anti-inflammatoire, rien d'autre.

Etrangement, je me sens bien après avoir eu se produit, je ne suis pas guéri, ça serait vraiment miraculeux, mais je me sens vraiment apaiser, un peu comme si je flottais, comme si je pouvais dormir et que je me sentirais mieux de jours en jours.

Sentant probablement que je suis sur le point de chavirer, Kaïs, qui est resté tout comme Spider, se précipite vers moi avant de me porter pour m'allonger là où il peut.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je m'endors, la tête enfouie dans son cou, respirant son odeur comme le seul réconfort qu'il m'est disponible.   

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant