Depuis ce jour, je me drogue tous les deux jours, et uniquement sous la présence de ma mère qui gère elle-même mes doses. Je n'ai pas ressenti le moindre effet pour la première piqûre si ce n'est des démangeaisons désagréables et la sensation que rien ne pourra me donner la moindre pause dans ce qui est devenue ma vie. Pourtant, deux jours plus tard, ma mère à retenter l'expérience qui m'a donner tellement de joie que je n'ai pas pu sortir de mon lit bien que je débordasse d'énergie, riant aux éclats pour le moindre rayon de soleil et me sentant aussi légère qu'une plume, loin des tracas quotidien.
J'aurais dû dire à ma mère de stopper dès la première fois, mais j'en fusse incapable. Et depuis les premiers effets, c'est encore pire. Je ne me lasse pas des ressentis de ce produit magique, je suis en hyper vigilance constamment, je me concentre bien mieux en cours au point que mes notes sont excellentes, et surtout, je ne pense plus à rien de négatifs. Je sais que c'est à cause de cette drogue que je suis dans cet état, et que les rechutes sont mauvaises autant physiquement que psychologiquement, pourtant, je ne pourrais pas empêcher ma mère de rapprocher l'aiguille de ma veine, étant même impatiente pour la prochaine dose à chaque heure qui passe.
Pourtant, je me pose tout de même la question de l'argent. Avoir autant de drogue n'est pas gratuit et malgré tout, nous vivons relativement décemment, je sais par ailleurs que ma mère ne gagne pas autant que ça étant donné que les clients se font de plus en plus rares et que ses shows internet ne rapporte pas grand-chose. Mais toutes les questions et les peurs se dissipent à chaque piqûre, déconnectant mon cerveau pour mon plus grand bonheur.
Bien que je sois la plupart du temps dans le coltar à cause de la cocaïne, j'entends tout de même ma mère parler d'un moyen pour obtenir plus d'argent. Je m'attends à ce qu'elle cherche un nouvel homme pour se faire entretenir pourtant elle demeure toujours solitaire, lorsque je lui ai demander la raison, elle me répond tout simplement qu'un Sugar Daddy demande des jeunes femmes, en insistant bien pour le « jeune ».
Mes moments de lucidités, bien que rares, me permet de trouver quelques recherches sur Tasia, en oubliant tout de suite les forums que j'ai pu découvrir il y a quelques temps. C'est ainsi que j'ai appris qu'elle a été transférée dans la prison d'Angola, en Louisiane.
J'ai également cherché un moyen, quel qu'il soit, pour lui envoyer la moindre lettre, mais cela est impossible, absolument rien ne passe l'enceinte de la prison, même les gardiens vivent sur place, à mon plus grand étonnement. Je sais par ailleurs que les prisonniers sont scrupuleusement fouillés et dépossédés de tous leurs biens, que ce soit un bijou ou une photographie de famille. Autant dire que le control est plus que strict, je préfère même pas penser ce qui se passera si quelqu'un faisait entrer illégalement la moindre substance illicite.
Tellement focalisée sur ce que je fais, j'entends que trop tard ma mère entrée pour ma prise habituelle. Bien qu'elle ait vue ce que je faisais, elle n'a pas cherché à dire quoi que ce soit et m'intime de m'allonger dans mon lit que je trouve pas si mal de ça après avoir passé un moment défoncée à même le sol.
- J'ai vu que tu as fait des recherches sur Anastasia, me lance-t-elle, mine de rien, alors qu'elle prépare mon aiguille.
- Tu ne peux pas me reprocher d'être curieuse, dis-je en m'installant confortablement. ;
- Naturellement, mais ce genre de chose te fait plus de mal que de bien, tu le sais pourtant. Comment veux-tu te reconstruire si tu regardes toujours dans le passé ?
- C'est à ça que me sert la cocaïne, ça me permet d'avoir un voile d'insouciance le temp d'un instant.
Je vois ma mère hocher la tête sans prononcer le moindre mot tandis qu'elle appuie doucement sur la seringue m'insérant la drogue à même la veine. Aussitôt, je me sens bien, comme en train de voler, loin de mes tracas quotidien. Je sens mon cœur qui bat plus vite que de raison, j'ai la sensation que mon corps déborde d'énergie au point que je pourrais soulever des montagnes et je perçois le monde légèrement différemment à cause de mes pupilles dilatées.
Déconnectée de la réalité, j'ai l'impression que ma mère est restée à mes côtés, en train de me caresser les cheveux, une habitude qu'elle a abandonnée il y a longtemps, sauf quand elle veut quelque chose qui ne nécessite aucun refus. Pourtant, elle demeure silencieuse un long moment avant que sa voix perce la brume dans laquelle je suis.
- Tu sais Elise, il va falloir que tu m'aimes à un moment ou un autre. La cocaïne coûte cher et je ne pourrais bientôt plus te fournir correctement, surtout quelque chose de cette qualité. Du coup, j'ai pensé à quelque chose qui pourrait nous aider toutes les deux.
- Hm ? Dis-je d'une manière distraite en essayant de me concentrer.
- J'aimerais qu'on fasse un partenariat, au moins essayer si ça te plait, lance-t-elle d'une voix douce. On ramassera beaucoup d'argent et on pourra déménagée dans une meilleure maison et on sera certaine que tu ne manqueras de rien, que ce soit d'un point de vue de la nourriture ou de la drogue.
Il ne m'a pas fallu plus de mots pour exploser de rire. Je sais que cette méthode la taraude depuis pas mal de temps, pour l'avoir déjà entendue sous prétexte que ce sera une bonne idée. Mais je ne m'attendais pas qu'elle attende que je sois complètement shootée pour me faire cette proposition.
Je repère malgré ma vision, la tête déconfite de ma mère. Croyant probablement que j'allais accepter d'entrer de jeu, chose que j'aurais bien pu faire, je le reconnais, si j'avais été bien plus dépendante que cela.
- Je ne suis pas comme toi maman, dis-je malgré mon fou-rire. Je suis une droguée mais pas au point de vendre mon corps, faut pas rêver.
- Certes, mais je ne désespère pas, un jour tu finiras pas accepter. Lance-t-elle avant de se relever.
Me posant un baiser sur le front, j'entends son murmure qui se faufile jusqu'à mon cerveau, me faisant frissonner d'appréhension.
- Et ce jour-là, je te réserve bien plus qu'un simple show sur le net.
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Mes années en enfer
RomanceJe ne sais pas ce qui a été le plus compliqué : perdre celle que je considérais comme un modèle ou comprendre que ma mère était tout simplement prête à tout pour vivre comme une reine, probablement les deux. J'étais choquée de voir de quoi elle éta...