Chapitre 30 : Kaïs

220 27 0
                                    

Je me trouve dans une voiture, devant un bâtiment où de la musique et des rires semblent s'échapper des fenêtres. Pourtant, il ne s'agit ni plus, ni moins d'un bordel tenu par le MAC en personne. Ça ne me fait pas plaisir d'y être et à voir le visage de Wolf, lui non plus, pourtant c'est là où le bras droit va tous les deux jours, et c'est là où nous allons devoir le choper de la manière la plus discrète possible. Voulant parler à mon sergent d'arme, je me stoppe quand je constate qu'il est au téléphone avant qu'il ne mette en haut-parleur.

- Répète Bat, ordonne-t-il en fronçant de nouveau les sourcils.

- L'homme est un sexagénaire, le crâne à moitié dégarnis à la coupe au moine, rasé de près sur la caméra il est habillé comme un homme d'affaire. En revanche, sur ce que j'ai glaner sur la toile il aime les jeunes, et je précise bien « jeune ».

- Tu veux dire des gamines ? Demandé-je après avoir eu l'accord de Wolf.

- Pas forcément, il a également été vue avec des jeunes Kaïs, précise Bat avant de se mettre à rire, je crois que tu devines ta prochaine mission mon gars ! Bon courage ! 

Sur le point de dire quelque chose, le regard que me lance le sergent d'arme me clou sur place, il plaisante j'espère ? Laissant Bat raccrocher, Wolf fini par s'approcher de moi en me donnant la marche à suivre, qui est de le faire sortir et nous diriger vers la ruelle où nous le choperons.

- Tu plaisantes ?

- Ce n'est pas comme si nous avons le choix, lance-t-il d'une voix grave. Il est temps que cet ordure paie. Larencontre entre l'acheteur et le bras droit à lieux demain au domicile deNathalie, ça nous laisse le temps de le choper maintenant. Ne garde pas ton cuir sur le dos, il n'est pas question que quelqu'un sache que tu fais parti d'un club.

Après un soupir, je finis par retirer mon cuir avant de descendre de la voiture. La seule chose que je garde dans ma poche est mon porte feuilles avec également ma carte d'identité. Car je sais très bien qu'ils vont me demander mon âge pour être certains que je ne sois pas mineur. Je peux sortir en boite et autre bâtiment pour faire la fête, mais pas pour boire, pas encore. Alors que je suis sur le point de traverser, j'entends Wolf, qui avait baissé la vitre de sa fenêtre, me lance quelques conseils pour l'attirer dans mes filets, et bien que je ne sois qu'en probation, l'envie de lui envoyer un doigt d'honneur frôle les sommets, mais je prends sur moi, souffle un bon coup avant de reprendre la route vers ma destination. 

Passer la sécurité de l'entrée est facile, mais le trouver pas tellement. Complètement éblouis par les lumières qui semblent pointer les points stratégiques, c'est-à-dire les filles prêtent à donner leurs corps contre quelques billets, je tente de me diriger vers le bar pour me commander à boire et me mettre en chasse contre cette raclure.

Après avoir mon verre de soda dans les mains, je finis par me positionner, le dos contre le chrome du bar avant de laisser vagabonder mon regard partout autour de moi. Probablement typique des bordels que l'on voit dans les films, ce lieux semble même ressembler à un club de streap-tease si on regarde les estrades avec les barres de pôle dance et les banquettes mises de manières stratégiques. Les murs sont de couleurs rouge bordeaux et probablement d'une texture douce que je ne saurais pas reconnaitre. Tout parait de la même couleur si ce n'est les rideaux noirs qui séparent la salle des pièces privées.

L'odeur omniprésentes est celle de la sueur et du péché. Tout dans cette partie du club prouve que le sexe est un moyen lucratif d'obtenir un maximum de bénéfices et la tête des clients montrent qu'ils se fichent totalement de l'apparence des personnes, tant qu'ils ont de quoi payer.

En passant en revue la pièce, je repère également le gars que je dois emmener. Poser à quelques pas de là où je me trouve, je le vois regarder autour de lui, à l'affut d'une personne pour la soirée.

Prenant une gorgée de ma boisson, déviant le regard lorsque ses yeux croisent les miens, je me mets à me demander si Elise va bien, si son sevrage se déroule comme le médecin le pensait et surtout, si je lui manque également. Un bruit derrière moi attire mon attention, en me retournant, je remarque que le barman pose une bière juste en face de moi, chose qui me fait froncer les sourcils.

- Je n'ai rien demandé, et je n'ai pas l'âge de boire

- C'est offert par un client, lance-t-il en lui indiquant celui que je dois amener à Wolf. 

Bien que cela me donne froid dans le dos, je prends cette démarche comme un signe et lui souris en levant mon verre afin de le remercier, et si je m'attendais à ce qu'il reste à sa place, il finit par se lever pour s'approcher de moi.

Maintenant, ça passe ou ça casse.

- Salut toi, lance l'homme en se plaçant à mes côtés, proche de moi, que fais-tu dans le coin ?

- Je suis venu par curiosité, je ne suis pas du coin et j'avais entendu dire que c'était sympa pour faire des rencontres sans prise de tête.

Je ne sais absolument pas ce que je dois dire, mais à voir son sourire, j'ai dû taper dans le mile. Les prochaines minutes se déroulent en discussion fortuite et bien que je sois écœurer de ce que je fais, je n'oublie pas ma mission première et serrer la mâchoire pendant qu'il me scrute d'un regard libidineux. Finalement, je finis même par lui proposer qu'on s'isole afin de poursuivre notre soirée.

- Avec plaisir mon mignon, on peut prendre une chambre ici, l'avantage c'est qu'on a pas besoin d'attendre et de faire la route.

- Où on peut aller à mon hôtel ? Lancé-je en posant une main sur son avant-bras. Ça ne nous coutera rien et en plus on aura la soirée entière sans personne pour nous déranger.

 Il semble réfléchir quelques secondes avant d'hocher la tête et payer nos consommations. Pour ne pas lui mettre la puce à l'oreille, je finis même par lui laisser me mettre la main aux fesses alors que j'aurais préféré la lui arracher. Sans même qu'il ne s'en rende compte, nous finissons par passer par la ruelle que nous avons choisi avec Wolf pour l'enlever.

Ce dont je ne m'attendais pas, cependant, c'est qu'il finisse par me pousser contre le mur avant de m'embrasser à pleine bouche, comme s'il ne pouvait pas attendre une seconde de plus.

Bien que mon envie de vomir monte crescendo, je reste inactif jusqu'à ce que le poids de l'homme se dégage de moi et qu'il tombe à terre, pousser par Wolf qui nous attendait patiemment. 

- Tu en as mis du temps, râlais-je en m'essuyant la bouche.

- Et bah mon cochon, tu râles pour un baiser ? Lance-t-il dans un rire.

Je n'en reviens pas de ce que j'ai dû faire pour le club. Je m'attendais à nettoyer des motos, des armes et même à récurer des chiottes, mais devoir faire ça, c'est impensable, pourtant, je sais que je pourrais recommencer si on me le demandait, pour ma nouvelle famille, je serais prêt à tout.

Après que Wolf ait assommer le gars et mis dans la voiture, il me lance mon cuir afin que je puisse le remettre avant de me dire que le boulot n'est pas terminé.

- Demain à lieu la transaction chez Nathalie, lance-t-il après qu'on est monté dans la voiture. On y récupérera le bras droit et possiblement un troisième colis, mais il faut avant avoir l'aval de Fox.

- Et pour celui derrière ? Qu'est-ce qu'on fait ?

- On va le mettre dans une des cages du club, dans le secret le plus total pour éviter les fuites. Une fois les derniers colis récupérer, on rentre à la maison.

Donc nous reprenons la route demain, ce qui nous fait rentrer d'ici trois jours. Espérons juste que la jouer furtif sera en notre faveur, je n'aimerais pas me faire arrêter avant d'avoir rayer ses ordures de la surface de la terre.  

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant