Chapitre 2 : Elise

340 27 1
                                    

Finalement je n'ai pas tenu longtemps avant de retourner sur les bancs de l'école, mais j'ai décidé de faire un virage à trois-cent-soixante degrés. Je ne suis plus la jeune fille qui se laisse faire et qui dit oui à tout va, désormais, je fais comme Anastasia, du moins ce qu'elle doit probablement faire pour survivre : la loi du plus fort. Je me suis prise plus d'une claque et plus d'une heure de retenu du haut de mes douze ans, mais je ne compte pas rester à rien faire. Je suis devenue bagarreuse, mais n'oublie pas en même temps la petite fille qui a perdu son innocence et sa joie de vivre lorsque toute cette histoire à commencer. 

Mais bien que je me prenne des coups et qu'apparaissent des hématomes sur mon corps, intérieurement je souffre de crampe dans le ventre depuis pas mal de temps déjà, j'ai bien prévenu ma mère, mais celle-ci s'en fout. J'en suis même à me demander si ma mère prend le temps d'écouter ce que je lui raconte. Je suis même allée jusqu'à aller voir l'infirmière de l'école, mais celle-ci m'annonce que c'est une discussion qu'une jeune fille doit avoir avec sa mère ; retour à la case départ en somme. Mais je sens bien que mon corps se transforme, et bien que je tente de me souvenir des soirées où nous parlions avec Tasia, seulement rien ne me revient, comme si mes souvenirs disparaissaient peu à peu, chose qui m'effraie plus qu'autre chose. 

L'un des autres changement dans ma vie depuis l'année dernière est la perte de client de ma mère. Le site étant désormais payant pour les dépôts d'annonce, elle a dû reprendre le chemin des trottoirs et les autres filles semblent bien plus jeune qu'elle, ne lui laissant que les hommes plus qu'alcoolisé ou les jeunes voulant avoir une première expérience avec une prostituée, parce que c'est ce qu'elle est finalement ; une pute, ni plus ni moins. Mais ce qui me dégoûte le plus, mis à part que je sais tout de ses relations sexuelles avec des inconnus, c'est lorsqu'elle se met à parler à elle-même de la possibilité de faire des shows sur le net. Je l'ai vue plus d'une fois se renseigner sur le sujet et finalement, j'ai même pu avoir un aperçu de ce qu'elle pense faire dans un avenir proche : faire des vidéos d'elle est train de se déshabiller pour des inconnus, moyennant finance, au point même de se faire du bien à travers un écran en fonction des fantasmes des hommes, ou des femmes, qui paient pour cela.

Je tente bien de temps à autre de lui faire entendre raison, si elle n'a plus de clients, ou peu, c'est tout simplement parce qu'elle n'est plus faite pour cela, et dans mon sens, ce genre de métier n'est fait pour personne, mais elle refuse de m'écouter, me disant tout simplement que je suis trop jeune pour comprendre les choix qui s'opposent à elle. 

Cela à entrainer de nombreuses disputes entre nous, mais nous avons jamais été jusqu'aux mains, tout simplement parce que je me refuse de ressembler, même un peu, à Etienne. Rien qu'à cette pensée, mes crampes semblent prendre plaisir à me torturer, et tandis que je me dirige tant bien que mal en direction des toilettes, j'entends ma mère me sommer de revenir pour reprendre cette discussion, peu importe mon appel de détresse. 

A peine arrivée dans les toilettes, je retire tant bien que mal mon pantalon ainsi que mon sous-vêtement, malgré les douleurs intenses qui parcours mon bas ventre, et c'est une fois assise, la tête coller contre le mur présent derrière mon dos et les yeux fermés, que je souffle légèrement afin de faire passer cette géhenne qui semble aimer la torture qu'elle m'inflige.

Posant une de mes mains sur mon bas ventre, je sens quelque chose d'étrange couler avant que je porte mon regard sur ce qui se passe devant moi, et c'est dans un cri de panique que j'appel ma mère, ayant plus que besoin d'elle à ce moment.

Il n'a pas fallu longtemps à celle-ci d'arriver, et d'un sens, je me remercie de ne pas avoir mi le verrou, ne pouvant plus me lever tant je me sens tiraillée à l'intérieur de mon corps.

- Maman, dis-je les dents serrées, je ne comprends pas, pourquoi j'ai autant mal ? Pourquoi je saigne alors que je me suis pas couper ?

Ces mots à peine prononcés, je ne sais pas si je suis choquée par le sourire fier de celle qui m'a mise au monde ou inquiète de savoir que cela ne la préoccupe pas plus que ça, il s'agit tout de même de ma vie, de mon avenir, comment pourrais-je vivre encore des années si je me vide de mon sang ?

- Tu deviens une femme Elise, ce sang que tu perds, ce sont tes menstruations, tes règles en gros, et ça annonce que tu commences à devenir une femme, et que tu me seras surtout très utile dans un avenir proche. 

Le terme de règles me dit quelque chose, il est vrai qu'il y a de cela des années maintenant, j'ai surprise Tasia au toilette, alors que je voulais un coup de main pour un devoir de math, et je l'avais surprise en train de mettre un objet long et blanc sur son sous-vêtement, oubliant complètement mon problème, je lui ai demandé ce qu'elle faisait, m'expliquant en même temps ce qui m'arrive actuellement et comment faire dans la vie de tous les jours.

Heureusement, ce souvenir me permet de relativiser et surtout me dire que c'est un effet naturel, bien que mon jeune âge pose peut-être souci plus tard. Me remémorant les conseils et la marche à suivre, je jette un coup d'œil autour de moi avant de prendre un paquet bleu contenant des produits hygiénique pour protéger mes sous-vêtement.

Pendant que je me dis qu'il faudrait que je me douche et mette des affaires propres, j'entends ma mère commencer à débiter un tas de propos avant qu'une collaboration mère/fille passe le bord de ses lèvres.

- Une quoi ? Demandé-je, pas certaine d'avoir compris.

- Une collaboration mère/fille, pour mes vidéos, lance ma mère sans prendre en compte mon regard choqué. Certes tu es jeune, mais tu vas de développer rapidement maintenant, et dans ce business, les duos de femmes font fureurs, alors je me dis que, dans quelques années, tu pourras me donner un coup de main, mais je t'enseignerais dans l'ombre les théories naturellement, ainsi tu seras préparer le moment venu.

- Mais il est hors de question que j'accepte ça, dis-je en reboutonnant mon pantalon après m'être lever. Tu as un esprit défectueux pour penser à cette merde, et je ne te suivrais pas dans ta connerie, tu es ma mère et tu m'as mise au monde, pour ça je t'en serais éternellement reconnaissante, mais j'ai encore une chose dont tu es dépourvue, de la dignité pour moi-même.

Bien que je m'y attende, la gifle que me donne ma mère me cloue au sol. La regardant en me tenant la joue, je l'entends me dire que je finirais pas capituler, si ce n'est la supplier pour faire cette affaire.

Je tiens à mon intégralité et à me regarder dans le miroir, mais je sais aussi qu'elle est prête à tout pour avoir gain de cause, la situation de Tasia en est un parfait exemple.  

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant