Chapitre 41 : Elise

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Depuis que j'ai commencer à m'entrainer, deux semaines sont passées et je reprends doucement une vie normale. Les nausées ont totalement disparu, bien que j'aie toujours des crampes elles demeurent de plus en plus espacée et bien que la diarrhée soit toujours là, je ressens, au plus profond de moi, qu'elle commence à perdre du terrain ce qui me soulage bien plus que je l'aurais penser. Cependant, j'ai désormais quelques migraines ophtalmiques bien que cela ne reste jamais longtemps. 

Heureuse de cette avancée, je tente également de prendre un peu de poids afin de ne plus être aussi squelettique, pour cela, je participe à chaque repas avec les membres du club. J'ai désormais la certitude que le plus difficile est passé, rien n'est encore gagné bien-sûr, mais je peux enfin percevoir le bout du tunnel. 

Voyant que je me sens bien aujourd'hui, je décide de faire un tour dans le jardin pour profiter du temps relativement frais mais également de la nature joviale de ceux qui partage ma vie. Pourtant, j'ai la surprise de les voir tous avec une mine sérieuse et sur les nerfs, surtout lorsque je constate qu'un faible groupe, en train de jouer aux cartes, sont sur le point d'en venir aux mains pour une raison que j'ignore.

Ne voulant pas être la seule dans l'ignorance, je finis par rejoindre Tasia, dans les bras de Spider, entourer de Fox, Wolf, Weasel et Kaïs. Une fois installée à côté de se dernier, je finis par lui tenir la main juste en dessous de la table, pour puiser un peu de force en lui, pour décide de poser la question qui me brûle les lèvres.

- Qu'est-ce qui se passe ? Je vois bien que tout le monde est sur les dents en ce moment. 

Il suffit que je voie un coup d'œil entre Fox et Tasia pour comprendre qu'il lui demande son accord, un comble quand on sait que c'est lui qui dirige le club, pourtant, je comprends également qu'il s'agit de mon cas pour que ma sœur ait le dernier mot. Une fois certain qu'il peut annoncer ce qu'ils me cachent, il m'annonce tout simplement que les garçons sont sur les nerfs car un règlement de compte est sur le point d'arriver, cependant on ignore si c'est dans les prochains jours ou les prochaines heures.

- On va devoir entrer en confinement, c'est pour ça que tout le monde est dehors, d'ici peu nous ne pourrons plus sortir, même dans le jardin pour une raison de sécurité

- C'est à cause de moi ? De ce qu'il s'est passé ? Lui demandé-je, même si je connais déjà la réponse.

- Non, mais c'est en rapport avec ton histoire, oui. 

Machinalement, j'hoche la tête en regardant dans le vide, puis me met à penser à autre chose. Je sais que l'homme qui m'a acheter ainsi que le bras droit du MAC étaient présents, mais également qu'ils sont morts, pourtant, tout cela ne serait jamais arriver si ma mère n'aurait pas eu cette idée, et quelque chose me dit qu'elle est toujours en vie, et probablement plus proche de moi que je le pense.

- Est-ce que notre mère est ici ? Demandé-je après un moment. Tout cela est parce qu'elle a eu les yeux plus gros que le ventre, l'appât du gain, même si tu as une rancœur contre les hommes qui sont morts, je sais que rien serait arriver sans elle.

- Oui, elle est retenue ici, pourquoi ?

- Je veux la voir Tasia, s'il te plait.

Je vois dans son regard qu'elle n'est pas forcément d'accord avec cela, et la pression de Kaïs m'indique qu'il n'est pas pour non plus, mais je sens que j'en ai besoin, que je ne pourrais pas avancer sans l'avoir confronter une dernière fois. Je constate dans un premier temps que Tasia ne sait pas quoi faire, si elle doit m'accorder ce droit ou au contraire, s'y opposer. Regardant en direction de Fox, celui-ci acquiesce, donnant son accord pour aller la voir en compagnie de Spider et de Kaïs.

- Mais j'ai juste un conseil pour toi Elise, lance-t-il alors que nous étions prêts à partir, vous avez carte blanche si vous avez besoin de vous exprimer, d'une manière ou d'une autre, mais ne la tue pas, pas parce qu'elle ne le mérite pas, mais parce que ce n'est pas donné à tout le monde de vivre avec le poids de la culpabilité. 

Le remerciant d'une faible voix, je me laisser guider par Kaïs vers le lieux qui est devenue la résidence de ma mère depuis plus d'un mois maintenant. Je ne donne aucun commentaire lorsque je vois que nous arrivons dans une salle d'une propreté éclatante, bien que la lumière du jour soit quasiment inexistante, probablement pour éviter les curieux.

Après que Spider nous a dit de nous installer du mieux que l'on peut, je le vois partir par une porte avant de revenir avec celle qui était ma mère, et je peux dire que je ne la reconnais même pas.

Bien-sûr, elle reste toujours cette femme qui m'a mise au monde, tout comme ma sœur, mais elle est devenue extrêmement fine et marche d'une manière dégingandée, le manque de soleil à rendue sa peau pâle et pour la première fois, j'ai l'impression de la voir telle qu'elle est, et non comme elle voulait être perçue. 

Sans même que l'on bouge, je vois Spider installer notre mère grâce à des chaînes qui la maintienne debout, mais également les bras en l'air dans une position que je suppose, inconfortable. Après s'être assuré que tout était bon pour lui, il nous annonce qu'il sera pas loin et qu'il suffit de l'appeler pour qu'il rapplique, tout comme Kaïs. Après quelques gestes de tendresses, les garçons partent, nous laissant, pour la première fois, dans un semblant de réunion de famille.

M'approchant doucement, je ne peux m'empêcher de déglutir pendant que ma sœur se met en retrait. J'ai besoin de réponse à des questions qui ne cesse de me hanter, mais je ne sais pas si j'accepterais ses réponses, ni même si elle m'en donnera.

- Pourquoi ? Pourquoi tu m'as fait tout ça maman ? 

Ma mère, qui avait le regard rivé au sol, lève peu à peu sa tête dans ma direction, pourtant, elle ne me répond pas. Alors je pose une nouvelle fois ma question, et même si l'envie de frapper me vient, je résiste, ne voulant pas me rabaisser à faire du mal aux autres.

- Tu ressembles tellement à ta sœur, lance-t-elle avec une voix éraillée, il fallait que je la punisse, peu importe comment.

- Tu m'as fait du mal... pour te venger de ma sœur ?! 

- Ça et l'argent, tout le monde sait que c'est ce qui fait tourner le monde ma petite Elise, dommage que tu ais réussi à partir grâce à elle, tu m'aurais rapportée beaucoup plus que je pouvais l'espérer.

N'y tenant plus, je commence à lui mettre une gifle, puis une deuxième. Rapidement, ce sont mes poings qui me mettent à la heurter, je ne me contrôle plus, laisse toute ma rage et ma peine sortir à travers les coups. Je ne sais pas combien de temps je suis en train de la frapper, bien qu'elle m'ait mise au monde, pourtant, j'ai l'impression qu'il fallait que j'en passe par là pour faire fit du passé, aller de l'avant une bonne fois pour toute. 

En nage et vidée de toute énergie, je finis par m'écrouler à terre pendant que je regarde cette qui fut ma mère, qui bien que défigurée, respire encore relativement calmement. Je ressens encore l'envie de frapper, pourtant, je n'en ai plus la moindre force. Tasia, qui m'a regarder faire tout du long, j'approche doucement avant de mettre une main sur mon épaule.

- Ne t'oblige pas à faire ce que tu ne peux pas Eli', les garçons vont s'occuper d'elle, Nathalie s'en sortira pas vivante de cette pièce.

Hochant doucement la tête, j'indique à celle qui est désormais ma seule famille que j'ai besoin de sortir, de tirer un trait sur tout ça.

- Je comprends, file, je vais rester encore un peu avec elle, je crois que moi aussi, j'ai des questions à lui poser.

Sachant où elle veut en venir, je finis par me redresser sans adresser le moindre regard à celle qui est toujours enchaînée. Je laisse ma sœur avec elle, bien que je sache que les questions se feront avec des coups, je n'en ai cure désormais, je ne pourrais jamais pardonner à une mère qui maltraite son enfant par pure vengeance.

A peine sortie de la pièce, je regarde le ciel qui, bien que nuageux regorge d'espoir que je ne saurais définir, ce sont les larmes aux yeux que je commence à faire un pas, puis deux avant de m'effondrer, en larmes. Et si je pensais devoir toucher terre, je suis agréablement surprise de me faire retenir par Kaïs qui me tient tout contre lui. Et c'est ainsi, dans ses bras, que je me laisse envahir par les larmes, tandis que je dis adieu à mon passé une bonne fois pour toute. 

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant