Troisième jour sans toucher à la moindre substances illicites et si j'ai quelque chose à dire, c'est que je m'épuise pour la bonne cause. Je lutte surtout pour rester éveillée jusqu'à ce que Nathalie s'endorme pour être certaine que je ne me fais pas droguée à mon insu, comme elle a pu me le faire il y a longtemps de ça.
Je sais que ce n'est pas le cas après avoir fait des recherches pour les effets du manque, parce qu'avant d'être sevrer c'est ce qui doit se passer, je dois être en manque, et sévèrement.
Lorsque je me suis renseignée, les premières choses que je remarque pour l'état de manque, parce qu'apparemment il s'agit d'un état plutôt qu'une sensation, la personne est dans un état pseudo dépressif, sans parler la faim, les tremblements ainsi que les angoisses et la sensation de faim, ce qui m'arrive depuis maintenant deux jours et quand j'y pense, j'aurais probablement dû regarder ça bien plus tôt, car ça signifie juste que mon corps est en train d'éliminer les toxines de la cocaïne.
Et bien que j'aie déjà eu des crampes abdominales à cause du manque, aujourd'hui j'ai vraiment l'impression d'être éventrée sans aucune forme de procès. J'en viens au point que je n'arrive pas à bouger de mon lit, j'ai également l'impression d'être malade à cause de la sensation de froid et de chaud qui me terrasse l'un après l'autre sans qu'il y ait d'entre-deux.
Bien quemon corps crie à l'agonie, j'arrive tout de même à me lever afin de courir pourvider le contenu de mon estomac dans les toilettes. Je suis fatiguée, j'ai malet pourtant, mon enfer vient de commencer, en espérant qu'il puisse se passerle plus rapidement possible
Prise dans une crise de larmes, j'arrive à me trainer jusqu'à ma chambre en me tenant le ventre. Attrapant un seau qui trainait, je le pose à côté de moi parce que je sais que je pourrais en avoir besoin et plus d'une fois vue comment mon ventre fait des bruits suspicieux. Il faut que je tienne, je dois faire en sorte que ma sœur n'a pas sacrifier sa propre vie pour rien. C'est difficile, après tout la drogue reste un moyen simple pour s'échapper de la vie quotidienne, et bien que ce soit tentant je dois tenir, je dois résister à cette prise ô combien bienfaitrice.
Bien que je sois allongée tels un fœtus, je remarque sans mal l'arrivée de Nathalie avec dans sa main, une seringue pleine de la substance transparente. Je sais très bien qu'elle va me proposer cette dose, et bien que je refuse depuis trois jours, je ne sais pas si je pourrais continuer sur cette voix. J'en viens au point où la mort serait la mesure la plus efficace pour m'en sortir, j'ai l'impression que tout cela, cette situation, aura ma peau sous peu, et comme une coquille vide, je ne pourrais rien faire d'autre que d'encaisser.
- Elise ça fait trois jours maintenant que tu souffres, une dose te fera du bien !
- Non, je n'en ai pas besoin
- Mais tu t'es vue dans un miroir ? Lance-t-elle en grinçant des dents, non seulement tu ressembles à rien mais tu es pâle comme un cadavre et maigre comme un rien, je ne dis pas que la cocaïne est un miracle contre tout ce qui te chagrine, mais ça te fera du bien, tu peux me croire !
- Non
Fermant les yeux, j'entends cette femme pénétrée dans ma chambre d'une marche lente, ses mots se percutent dans ma tête lorsqu'elle me dit qu'elle est fière de me voir résister autant, bien que ce soit inutile selon elle. Ne voulant rien répondre, j'ai l'impression qu'elle pose quelque chose sur la commode juste à côté de la porte, soit en face de là où je me trouve, ce qu'elle me confirme aussitôt.
- Je te dépose la seringue ici, il y a la dose nécessaire, alors tu pourras te piquer sans crainte, si jamais tu en as envie ou besoin
Bien que je regarde le plafond dans un premier temps, mes yeux finissent toujours par se poser sur l'endroit où elle se trouve, mon poison doux-amer. Secouant la tête, j'en viens même à me tourner, dos à la tentation avant d'y revenir, quoi qu'il arrive . C'est deux heures plus tard que je finis par craquer, faible personne que je suis. Pourtant, mon corps ne me porte pas, si bien que je me traine tant bien que mal pour me poser contre le mobilier puis tend la main pour attraper la seringue, pourtant si proche du bord.
J'ai les larmes aux yeux à force de tendre la main, mon esprit se livre à un combat entre résister ou rendre les armes, je ne sais plus quoi faire, quoi penser, je suis focalisée sur cette seringue pleine et j'ai envie, j'ai besoin, de m'injecter tout cela dans les veines, ne serait-ce que pour oublier un instant de plus.
Au prix d'un effort surhumain, j'arrive à faire bouger le meuble, et si je m'attendais à ce que la seringue me tombe dans les mains, la réalité est toute autre lorsque je n'arrive même pas à l'attraper à cause de ma lenteur et qu'elle finit par se briser juste devant moi, me laissant dans l'incapacité de réagir.
- Non... non, non, non, non, non, dis-je inlassablement en essayant de récupérer ce qu'elle contient.
Les yeux brouillées par les larmes, j'attrape la seringue afin d'y garder le liquide au maximum sans prendre en compte les nombreuses coupures que je me fais sur les mains.
Mais je n'en peux plus, finissant par appeler celle qui était ma mère, je n'ai pas besoin de lui dire quoi que ce soit pour qu'elle prenne les choses en main, et bien que je tente de me soutirer de sa poigne, je l'a laisse complètement faire lorsqu'elle me fait une injection.
- Maintenant c'est terminé les caprices, me lance-t-elle alors que j'ai l'impression que sa voix est de plus en plus lointaine. Désormais c'est drogue 24h/24, pour l'argent je me débrouillerais, mais tu feras cette enchère, que tu le veuille ou non, est-ce que c'est compris ?!
- Oui....
Je n'ai plus aucune volonté, je suis devenue la marionnette de ma propre mère, et bien que je sache que cela prendra du temps avant que mon avenir soit comme elle le souhaite, j'aimerais que tout cela se fasse vite, ou que je finisse par mourir d'une overdose, au choix. De toute façon, je n'ai plus le courage de penser à quelque chose de radieux.
Je suis désolée Tasia, j'ai pourtant essayé du mieux que je pouvais, mais elle est trop forte, beaucoup plus que moi.
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Mes années en enfer
RomanceJe ne sais pas ce qui a été le plus compliqué : perdre celle que je considérais comme un modèle ou comprendre que ma mère était tout simplement prête à tout pour vivre comme une reine, probablement les deux. J'étais choquée de voir de quoi elle éta...