Chapitre 13 : Elise

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C'est lorsque j'ai pensé à raccrocher qu'une fois à percer le combiné et peinant à m'éclairer la gorge pour être la plus concise possible, j'étais sur le point de fondre en larme lorsque j'ai enfin compris que le bordel qu'est devenue ma vie allait sûrement prendre fin.

- Allô ? Lance une nouvelle fois la voix à l'autre bout du combiné.

- Spider... c'est... c'est Elise, dis-je avant d'éclater en sanglot.

Cette discussion date d'il y a trois semaines, me retrouvant toujours au même niveau bien que l'année soit bientôt écoulée en cette fin décembre, et je m'en souviens comme si c'était hier. Naturellement, et bien que je fusse honteuse, j'ai dû tout lui raconter, que ce soit l'enfer que me fait vivre ma mère, l'alcool, la drogue et bien-sûr l'enchère de prévue dans deux mois. J'ai espéré dans un premier temps qu'il viendrait dans la seconde pour me sortir de là, mais de ce que j'ai compris, ce n'est pas comme ça qu'il fonctionne, devant avant tout en parler au reste de son club, parce qu'ils ne font rien sans l'accord de la majorité des membres.

Mais ne voulant pas rester les bras ballants, il m'a certifié mettre quelqu'un sur le coup pour cette histoire d'enchère, sûrement pour savoir si c'est la réalité ou des cracks, je ne sais pas exactement. Si c'est le cas, il m'a promit de faire une messe dans son club pour me venir en aide, de n'importe quelle manière, et depuis, j'attends un geste de sa part, peu importe lequel. Je ne peux pas dire si je lui fais entièrement confiance ou non, mais Tasia avait foi en lui, alors je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas accepter son aide.

Cependant, je sais par ma mère que l'enchère se passe comme prévu, en moins d'un mois, il y a déjà une somme de 75 000$ inscrite pour remporter la mise, c'est-à-dire moi et à en voir le regard lumineux de ma mère, la somme ne cesse d'augmenter au fil du temps qui passe. Intérieurement, je commence à désespérer pour mon avenir, je me vois déjà vivre dans un bordel pour assouvir les pulsions sexuelles des hommes, cet endroit serait probablement tenu par ma mère si elle en avait le pouvoir et nul doute que je serais la seule femme disponible au moindre homme passant la porte tant qu'ils ont les fameux billets verts dans les poches.

Tellement focalisée par mes propres peurs, je suis tirée de ma rêverie, pour ne pas dire mon cauchemar éveillé lorsque du bruit provenant de l'entrée se fait entendre. Le grabuge, me cloue sur place, je devrais aller voir, et pourquoi pas trouver un moyen pour fuir, mais j'en suis parfaitement incapable, ne sachant pas par la suite, si ce sera pour un avenir meilleur ou m'enfoncer encore plus dans la noirceur.

Encore en train de débattre intérieurement, j'ai un mouvement de sursaut lorsque la porte de ma chambre s'ouvre d'un geste vif, presque au point de l'arracher de ses charnières. En quelques secondes, ma chambre est occupé par trois hommes que je n'avais jamais vues auparavant. Je ne sais pas ce qu'ils me veulent, mais visiblement rien de bon si je prends en compte leurs sourires de prédateur.

- Elle est complètement shootée, lance Nathalie en pénétrant dans la pièce, vous ne pouvez pas constater de la marchandise comme ça !

Constater la marchandise ? Je ne comprends rien et avec la cocaïne dans mon organisme, j'ai surtout l'impression qu'ils parlent en langage codé.

- Nous avons eu vent de votre démarche à trouver un travail à votre fille, lance l'un d'entre eux. Nous recherchons exactement le profil de votre fille pour un homme avec des demandes... particulières.

- Il est hors de question que j'accepte ! Vocifère ma mère avant de se reprendre. Du moins il va falloir attendre si vous tenez absolument à obtenir ma fille pour votre client, sa virginité est aux enchères et je tiens absolument à ce qu'elle soit donner au vainqueur, c'est une question de respect et de professionnalisme. Cependant, après cette transaction effectuée je suis certaine que ma fille pourra vous être utile.

Je redoutais que ma mère me colle dans un bordel, et finalement je pense que ce sera le cas une fois ma virginité remporter. Bien que je demeure silencieuse, je ne loupe rien de cette échange. L'homme accepte d'attendre jusqu'à mi-février pour remporter son dû, son client devra patienter en imaginant ce qu'il pourrait me faire. Il parle également de mon premier salaire comme si j'allais être une de ses employée, avec une possibilité d'obtenir plus au fur et à mesure de mes progrès. Tout cela me débecte.

Je comprends maintenant que l'un des hommes en face de moi se trouve être un MAC, un homme forçant des jeunes femmes à se prostituer pour lui, et que ma mère vient de me vendre sans prendre en compte que je suis un être humain avec un cœur et des sentiments, bien qu'elle ne fît pas attention à cela auparavant. Non, finalement je ne suis pas surprise de cette issue, bien que je pensasse y avoir le droit bien plus tôt.

Sans crier gare, je sens des mains se poser sur mon corps bien que je tente de les repousser. J'entends au loin ma mère me dire de me laisser faire, ils sont là pour savoir si je ferais l'affaire, mais je m'y refuse, et à en constater leurs rires, le fait que je me débatte les amuses, pour ne pas dire les excites.

Nathalie les laisse faire durant de longues minutes avant de demander au chef de la suivre jusqu'au salon pour mettre leur accord à l'écrit, afin qu'elle soit vue comme un contrat tout ce qu'il y a de plus légal.

Et c'est lorsque je me retrouve seule et avec le sentiment d'être souillée au plus profond de mon être que je me demande jusqu'où elle est prête à aller pour obtenir ce qu'elle veut. 

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant