J'ai replongé quelques jours après l'accord passer avec ma mère. Pas parce que je voyais que je n'avais pas d'issus de secours, même si ça pourrait être le cas, mais c'est plutôt à cause de l'attaque qui a été faite dans la prison d'Angola, à la fois à l'extérieur, mais en plus avec l'émeute interne, rendant le nombre de décès plus qu'important. Lorsque cette nouvelle est passée à la télévision et m'est venue aux oreilles grâce à celle que j'appelle désormais par son prénom, j'ai pris la première bouteille qui venait et l'aie vidée d'un coup, me donnant un black-out monumental pour le reste de la journée.
Naturellement, pour éviter les règlements de comptes entre les gangs présents dans cette prison, la liste des détenus morts n'a pas été diffusés, encore moins celle des personnes qui se sont échappés, mais ce que je sais, c'est que ce fut un véritable carnage.
C'était il y a un mois, et quelques jours après je prenais mes seize ans, rendant cette journée encore plus sinistre que les précédentes. Profitant par ailleurs que j'ai atteint l'âge où les prostituées peuvent commencer à exercer, bien que les mineures restent dans l'illégalité quand il s'agit de vendre son corps, ma mère en profite pour exercer son activité devant mes yeux, apparemment c'est pour m'apprendre la théorie avant que je passe par la pratique, mais tout ce que cela me donne comme envie, c'est de prendre une dose supplémentaire pour oublier tout ce qui se déroule sous mes yeux.
Mais lejour de mon anniversaire a également pris une nouvelle tournure de cettejournée quand le téléphone fixe, que je pensais inutilisable, se met à sonner. Focalisée sur mon bol et complètement déconnectée de la vie réelle, je n'ai pas compris un traitre mot de ce que ma mère a pu dire à son interlocuteur. Tout ce que je sais, c'est qu'en ce mois de décembre, nous sommes attendu pour un évènement dont j'ignore tout et dans un lieu que je connais encore moins.
- On en a un peu plus pour une journée de route, me dit Nathalie en me réveillant un matin. Enfile quelque chose de confortable, je mets ta tenue dans un sac.
Cet évènement s'est déroulé la veille au matin, tôt le matin pour être précise. Je n'ai posé aucune question quant à notre destination, je l'ai juste laissé faire après avoir eu ma dose quotidienne. Je laissais mes yeux vaguer dans les paysages avant que l'on s'arrête à Salt Lake City, à la frontière de l'Utah pour y passer la nuit.
En sachant qu'il restait encore un trajet pour arriver à destination, sans parler du retour, je savais que ma génitrice ne possédait rien qui pourrait me faire planer, me laissant dans le flou sur le temps que je dois tenir sans aucun moyen pour échapper à la dure réalité qu'est devenue ma vie.
Il nous a fallu plus d'une journée de trajet en voiture pour arriver à destination. Mes coudes me démangeant, je ne fais que de me gratter en regardant le paysage ainsi que le nom de la ville où nous avons atterris ; Florence sur les côtes de l'Oregon. Sachant qu'il y a un décalage horaire entre l'Etat de l'Illinois et celui-ci, je sais qu'il faut qu'on retire deux heures juste l'horloge de la voiture, il est donc dix heure du matin.
Je perds une nouvelle fois le fils de mes pensées jusqu'à ce que la voiture se stoppe une bonne fois pour toute, devant le cimetière de la ville.
- Qu'est-ce qu'on fait ici ? Demandé-je d'une voix rouée en voyant toutes ses motos dans l'allée
- On est à l'enterrement de ta sœur, descend, on nous attend, lance-t-elle en coupant le contact.
J'ai l'impression que chappe de plomb à élue domicile dans ma gorge tant j'ai du mal à avaler ma salive. Les membres tremblants, je décide de suivre ma mère alors que tous les regards convergent vers moi, notamment celui d'un homme avec une énorme araignée tatouer sur la gorge.
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Mes années en enfer
RomanceJe ne sais pas ce qui a été le plus compliqué : perdre celle que je considérais comme un modèle ou comprendre que ma mère était tout simplement prête à tout pour vivre comme une reine, probablement les deux. J'étais choquée de voir de quoi elle éta...