Chapitre 14 : Elise

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Les fêtes de fin d'année se sont passées dans un calme absolue à la maison, non seulement parce que je n'étais pas en état, physique et psychologique, mais également parce qu'elle me rapproche inexorablement de ce que j'appelle ma deadline, nous sommes en fin janvier et c'est ma dernière semaine de liberté avant que je ne doive donner mon corps pour un inconnu avant de devenir une pute sans même en avoir le choix.

A ce propos, ma mère jubile sans aucune retenue, à ma connaissance, le montant s'élève désormais à presque 200 000$ et cela se bat entre deux hommes dont je ne connais rien, si ce n'est qu'ils ont tous les deux un âge avancé. 

Je n'ai aucune nouvelle de Spider, donc je pense que je ne couperais pas à ce projet, si je peux l'appeler ainsi. Et bien que je serais complètement shooté à ce moment-là, je ne doute pas avoir le droit à un brin de lucidité après coup, pour comprendre que ma vie se limiterait à écarter les cuisses pour ces gros dégueulasses, mais je ne me laisserais pas faire, pas après tout cela. Je ne sais pas si je dois me laisser mourir de faim, sauter d'une hauteur conséquente ou encore me couper de manière à être certaine que j'y passerais, probablement la troisième option, non seulement pour être sûre que je ne me louperais pas et que personne ne cherchera à m'en empêcher, et surtout pas Nathalie qui régent ma vie de la même manière qu'un dictateur. Et bien qu'actuellement je n'ai aucune volonté, je ne voudrais jamais, ô grand jamais, devenir l'exact reproduction de ma mère.

En l'espace d'un mois, j'ai souvent eu la visite du MAC, dont j'ignore encore le prénom, ainsi que ses sbires. Il a été accompagné d'un médecin une fois, pour s'assurer de la fiabilité de la marchandise mais également que je ne risque pas de crever à cause d'une dose, aussi minime soit-elle. Il a également des réunions avec ma mère, parfois même en ma présence, pour savoir ce que je serais capable de faire ou encore ma docilité pour ceux qui ne veulent pas se prendre la tête à mater une forte tête.

Cependant, je suis surtout surprise qu'il n'ait pas tenter de me toucher outre-mesure, il palpe notamment ma poitrine ainsi que mes divers attributs, mais je cherche pas à aller plus loin, comme si ma vertu ou ma dignité était quelque chose d'important, un paradoxe à lui tout seul ce type. 

Comme tous les jours depuis le début de la mise aux enchères, ça hurle dans la maison, mais je n'y fais plus attention, m'attendant encore et encore à ce que ce soit un homme mécontent de ne pas profiter d'une jeune à proximité pour s'amuser de la pire des manières.

J'entends les cris se rapprocher, notamment celui de ma mère auprès d'une tierce personne mais je ne bouge toujours pas de mon lit, même lorsque ma porte vole en éclat, et va probablement me plonger dans un horrible moment, je reste immobile, dos à la porte.

- Elise ? bon sang qu'est-ce qu'elle t'a fait cette folle, lance une voix alors que celle de ma mère s'éteint brusquement.

J'ai l'impression d'halluciner alors que cette voix provient d'outre-tombe. Fermant les yeux de toutes mes forces, j'espère en continue que cette voix s'arrêtera et que mon cerveau arrête de me faire espérer, surtout si je dois par la suite, me rendre compte que tout cela n'est que le fruit de mon imagination.

Mais d'un coup, des mains se posent sur mes bras, voulant me mettre sur le dos pour un jeu morbide. Ripostant autant que possible, je ne cris pas tant ma gorge est nouée à la fois par les larmes que je contiens, mais également à cause des doses que l'on m'a donner il y a quelques heures à peine.

- Eli ? Eli c'est Tasia, je viens te sortir de là, continue t'elle en tentant d'adoucir sa voix.

Le fait d'avoir utilisé mon surnom me stoppe net, me retournant tant bien que mal, j'observe la jeune femme qui me fait fasse, et bien qu'elle ressemble à ma sœur après quelques années, je peine encore à croire qu'elle est encore en vie, surtout après avoir vue son cercueil descendre dans la terre.

- Mais... tu es censée être morte, dis-je d'une voix étrange.

- Avec un club de biker dans les rangs, il ne faut pas croire tout ce que l'on voit petite sœur, me lance t'elle dans un rire.

Bien que je souhaiterais me joindre à elle, mon cœur bat la chamade en me disant qu'elle serait peut-être enfin ma porte de sortie pour un monde meilleur. Et même si j'ai du mal à me lever, je le fais grâce à son aide avant que l'on sorte toutes deux de la maison, sous le regard haineux de ma mère.

- Je t'ai reniée Anastasia, vocifère-t-elle, tu n'as aucune raison d'être ici, ta présence est plus que non souhaité !

- A la différence de toi c'est que j'en ai rien à faire, lance ma sœur en me tenant fermement, tu as d'ailleurs de la chance qu'Eli à besoin de moi pour tenir debout, parce que je ne donnerais pas cher de ta peau dans le cas contraire.

A peine les portes passer, j'ai l'impression de respirer à nouveau, surtout lorsque je vois quelques membres du club ainsi que Spider avec un sourire aux lèvres, celui-ci s'approche avant de passer une main dans mes cheveux.

- Je t'avais dit que je viendrais te chercher, j'espérais juste que ça prenait moins de temps... mais on va s'occuper de toi, tu as ma promesse

- Vous êtes là, c'est tout ce qui compte.

Peinant à tenir debout, je les laisse m'escorter jusqu'à une camionnette avec, au volant, un homme imposant avec une longue barbe d'un gris foncé. En voyant son cuir, je repère tout de suite son nom de route, Has, me doutant que le fait de l'appeler Âne est dû à sa barbe ayant la même couleur que l'animal et non qu'il ait une tête de mule, même si pour cela, je n'en sais rien.

- Tu vas aller avec Has, Eli, m'indique Anastasia pendant que je la retiens tant bien que mal, je serais sur la moto juste devant, je ne te lâche plus, c'est terminé tout ça

Je ne connais ni cet homme, ni cet univers, pourtant, j'ai envie de lui faire confiance, de leurs confier ma vie même, c'est donc après un soupir que je me laisse allonger sur la banquette arrière pendant que l'homme au volant me parle sans que je comprenne quoi que ce soit.

J'aurais énormément de question à poser à ma frangine, pourquoi, comment, et après ? Cependant, l'idée que je ne serais plus jamais séparer d'elle fait surface dans mon esprit, et sur cette note plus que positive, que je fini par m'endormir avec, pour la première fois en des années, un sourire aux lèvres.

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant