Mes années en enfer

Chapitre 19 : Elise

Lorsque je me mets enfin à émerger, du moins pour la seconde fois, je sais avant même d'ouvrir les yeux que je ne suis plus dans la camionnette mais plutôt dans une pièce qui m'est totalement inconnue et par-dessus tout, je suis toute seule. La première idée est que, peut-être, j'ai tout imaginé, mais l'odeur est belle et bien différente, ce n'est plus celle qui moisi, de l'alcool ou du sexe qui prédomine, mais plus de l'air frais, comme si la fenêtre était ouverte il y a encore peu de temps pour laisser la pièce respirer.

Je finis par ouvrir difficilement les yeux avant de devoir les refermer à cause de la clarté de la chambre. Après quelques essais fructueux, j'arrive à déceler des murs entièrement blancs sans la moindre décoration accrochées. Les voilages des rideaux sont également de cette couleur symbole de pureté, et après un mouvement de tête, je me rends compte que c'est la même chose concernant ma literie. 

perçois, aucune rivalité, pas même une menace comme je pouvais être témoin dans l'Illinois.

Après un moment pour me remettre les idées en place, je décide de me bouger et tenter de voir où je me trouves, après tout, si je n'ai rien inventé, je me retrouve dans un club de biker avec ma sœur comme protection, autant à ce que je vois si elle pourrait réellement m'aider ou si elle est ici contre son gré. Et alors même que je me redresse, les bras tremblotants, je sens ma tête tourner sans que je sache la raison. Secouant celle-ci pour me remettre les idées en place, je repousse la couette épaisse avant de passer mes jambes par-dessus le lit, et alors que je puisse dans mes forces pour me lever, je sens mes jambes trembler fortement avant que je ne m'effondre au sol sans avoir pu me rattraper à la table de chevet acajou présente à côté de ma tête.   

Alors que je pestais contre moi-même pour avoir deux pieds gauche, en plus d'être trop faible pour tout le reste, je vois, du coin de l'œil, la porte s'ouvrir sur une paire de botte. En levant difficilement la tête, je remarque qu'il s'agit de Tasia tout simplement. Et si je m'attendais à une raillerie ou un regard franchement accusateur pour tout ce que j'ai pu lui dire, il en est rien alors qu'elle s'approche de moi, rapidement rejoins par Spider qui n'a aucune peine pour me soulever.

- Tasia, dis-je la gorge nouée, je suis désolée, je...

- Chut, me dit-elle en me bordant doucement. Je sais que tu n'en pensais pas un mot, le médecin m'a prévenu que tu aurais des sauts d'humeur à cause du manque, tout ira bien tu verras, il faut juste prendre son mal en patience, termine-t-elle en me caressant les cheveux. 

Me laissant bercer par sa voix, je l'écoute me raconter sa conversation avec le médecin. J'irais mieux, oui, mais avant mon état risque de s'empirer avec de nombreux effets secondaires tels que les sauts d'humeurs, les nausées mais également un risque de diarrhées persistantes, bien que les effets varient d'une personne à l'autre. Cependant, tout cela me donne des bouffées d'angoisses à l'idée de ce que je vais devoir traverser avant d'avoir une vie relativement normale en vue de la situation.

Tasia semble l'avoir compris car je la vois commencer à me dire qu'elle sera là pour me soutenir du mieux qu'elle le peut, sans parler des nombreux bikers qui habitent ses lieux.

- Tu te sens mieux ? Me demande-t-elle au bout de quelques minutes, lorsque ma respiration devient à peu près normale.

- Ça va...

- Est-ce que tu veux manger un morceau ? Dis-moi ce qui te fera plaisir et je te l'apporte

- Rien, je n'ai pas très faim...

- Pas de problème, repose-toi Eli je repasserais tout à l'heure

 Après un mouvement de tête, je la vois se lever, prête à me laisser le temps nécessaire pour me faire à l'idée, pourtant, je suis incapable de la laisser sortir, une question me taraude et je sais que j'ai besoin de répondre dans l'immédiat, aussi, je décide de lui demander, m'attendant à toutes les réponses possibles.

- Tasia ?

- Oui ? Me lance-t-elle en se tournant dans ma direction

- Qui m'a porter jusqu'ici ? Spider ?

- Non, dit-elle avec un léger sourire. C'est Kaïs le prospect, d'ailleurs ils sont en messe actuellement mais je crois qu'il viendra te rendre visite juste après.

Faisant un nouveau mouvement de tête, je me mets à fixer le vide alors que mon cerveau tente de se frayer un chemin dans toutes mes pensées. Kaïs, le garçon qui m'a conduite jusqu'ici et qui m'a vue dans un état plus que lamentable m'a porter jusqu'à ma nouvelle chambre, sans se plaindre apparemment ou émettre le moindre mécontentement, pire encore, il viendra me voir une fois son truc terminer. Je sais qu'on a eu une certaine promiscuité dû à la route, pourtant une question ne veut pas sortir de mon esprit : Pourquoi viendrait-il ?