Chapitre 33 : Elise

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Voilà maintenant trois jours que Kaïs et Wolf sont rentrés, et si au départ je sentais comme de la joie de les voir au sein du club, j'ai l'impression que maintenant il y a de la tension, et ça se répercute sur chacun des membres présents ici.

Je ne suis pas idiote au point de penser qu'ils sont revenus les mains vides, enfin façon de parler, après to j'ai bien vue des silhouettes se faire trainer dans une direction dont j'ignore tout, mais je n'en sais pas plus, je ne tiens pas à le savoir d'ailleurs. Et comme certains garçons m'ont dit « je n'ai pas besoin de savoir ».

Attrapant le stylo et le petit calendrier présents sur ma table de chevet, je fais une nouvelle croix sur le calendrier pour tenir le décompte : voilà vingt jours que je suis arrivée ici, presque un mois sans prendre quoi que ce soit. Le plus gros changement est que je n'ai plus de douleurs au réveil, bien que je sois toujours avec cette diarrhée constante. Nous sommes maintenant à la troisième semaines de février et les températures commencent à remontés, me permettant de passer plus de temps dehors.

Me levant difficilement, j'attrape un gilet épais présent sur une chaise non loin avant de la mettre. Je me déplace bien mieux, à ma plus grande joie, même si j'ai toujours cet étrange sensibilité au réveil lié au bruit. Ça me donne l'impression d'être une petite chose fragile et je ne sais pas si je dois être reconnaissante de ce que je suis ou désespérer de ne pas pouvoir agir librement.

Finalement, après avoir fait ma petite toilette, je finis par me vêtir d'un jogging à corde, serrer au maximum et un t-shirt large, tous deux de couleurs grisâtre avant de descendre. Et si je m'attendais à croiser le regard de Tasia avant tous les autres, ce sont les yeux de Kaïs que je regarde en premier tandis qu'il se trouve avec tous les autres membres du club sur les différents canapés du salon. Ne prenant pas la peine de dire bonjour à tout le monde, me contentant d'un simple signe de main, je me dirige vers lui avant de m'installer sur ses jambes.

Calée contre ses bras et l'accoudoir, je finis par poser mon nez directement contre son afin de me gorger de son odeur alors que le silence prend place dans la pièce. Si, au départ, Kaïs n'a aucune réaction, il finit par reprendre sa discussion tout en me caressant doucement dans le dos, me faisant fermer les yeux peu à peu jusqu'à commencer à m'endormir.

Je ne sais pas pourquoi je suis ainsi avec lui, je devrais avoir peur de sa présence, de son contact, surtout avec tout ce que j'ai dû endurer, pourtant non. Je suis en confiance, bien plus que je ne pourrais le penser. J'en viens même à me demander si je ne souffre pas d'un quelconque problème à cause de ça, c'est impossible de ressentir des choses qu'on ne peut pas définir dans un temps aussi imparti, non ? Intérieurement, je me promets de poser la question à Tasia tout à l'heure, lorsqu'il devra me laisser pour effectuer une mission, quelle quel soit. C'est finalement bercer par sa voix, les battements de son cœur ainsi que la fragrance de son parfum que je finis par sombrer dans les bras de Morphée.

Je ne sais pas si je me suis endormie plusieurs minutes ou encore une heure ou deux, tout ce que je sais, c'est que la pièce est désormais silencieuse et semble vide lorsque j'ouvre les yeux. Kaïs aussi a disparu, je suis complètement allongée sur le canapé où il était installé auparavant, avec une légère couverture poser sur mon corps.

Prise d'une crampe abdominale, je finis tout de même par me redresser et lancer une regard autour de moi, juste pour me rassurer que je ne sois pas toute seule. C'est d'ailleurs en laissant mes yeux trainer un peu partout que je repère le plateau poser sur la table-basse avec un petit déjeuner complet et mes cachets à prendre.

- Bien dormi la marmotte ? Lance une voix légèrement à ma droite.

En tournant la tête, je remarque tout de suite Tasia, installer dans un fauteuil avec un livre ente les mains. Poussant un soupir de soulagement, je finis par me rallonger pour que la douleur soit moins intense.

- Tout va bien ? Lance-t-elle en reposant son livre.

- Ouais... juste des crampes...

Je ne sais pas si je dois poser les questions qui me turlupine à Tasia, mais je ne sais pas à qui je pourrais les poser sans paraitre pour une folle, d'ailleurs, je pense même que tout le monde me penserait cinglée si je commence à parler de sentiment pour une personne que je connais depuis peu, pourtant, je décide de la poser tout de même en passant par un moyen détourner.

- Dis Tasia, comment tu as sus que Spider était un homme pour toi ?

- Il faut que tu sache que le milieu carcéral est un endroit où tu tentes tant bien que mal de survivre. Je me suis forgé une carapace lorsque j'étais avec les mineurs, pourtant quand j'ai rencontré Spider la première fois, il ne s'est pas approché, se contentant de me regarder ou demander à des hommes à lui de se renseigner sur mon compte. Puis un midi, il s'est installer face à moi sans dire le moindre mots, quelques minutes plus tard, il m'attendait alors que je sortais de la douche, il m'a attirer dans celle-ci puis m'a embrassé, c'était mon premier baiser et dès ce moment présent, je savais que plus rien ne pourrait être pareil. Il m'a revendiqué dans la prison, m'a mis en sécurité et c'est ainsi que j'ai sus qu'on était lié, d'une manière ou d'une autre.

Bougeant doucement, la tête, en faisant signe que j'ai compris, je me mets à lui parler de ce que je ressens pour Kaïs, ne comprenant pas moi-même ce que tout cela veut dire. Je tiens à lui, c'est indéniable, et mis à part Tasia et Spider, qui sont désormais ma famille, il a été l'un des seuls à prendre soin de moi lorsque j'en avais le plus besoin. Mais est-ce par charité ? Par pitié ? Ou pour un sentiment qui nous dépasse tous les deux ? Je n'en sais rien, et je pense que c'est cela qui me bouffe le plus.

- Tu sais Elise, tu n'as que dix-sept ans, tu es encore jeune et fragile avec ce que tu as traversé, peut-être que Kaïs est fait pour toi, peut-être qu'il ne sera que de passage, je n'en sais rien, mais tu as le temps avant de choisir quelque chose qui scellera le reste de ta vie, du moins d'un point de vue sentimental. Mais quoi que tu choisisses, nous serons là pour toi, les membres du club, mais moi aussi, je ne t'abandonnerais plus jamais, c'est terminé d'être seule.

Le regard river sur le plafond, je laisse ses paroles s'encrer dans mon esprit, la larme à l'œil, je ne peux qu'acquiescer, soulagée d'avoir un membre de ma famille qui ne cherchera pas à faire de moi sa marionnette.

Mes années en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant