Chapitre 10 | Marcus

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—Le Shérif Fuentes m'a rebaptisé Tête de pioche, expliqua Marcus.

Archie fronça les sourcils puis lança un coup d'œil interrogatif à l'intention de Fuentes.

—Il n'a pas fini de décuver. Simple question. Il a bu combien de pintes au bar Old Man Coyote ?

—Aucune idée. J'ai dû effectuer un dépannage en pleine nuit.

—Apparemment, j'ai avalé dix-sept pintes de Guinness, avoua Marcus sans honte. J'ai dépassé mon record.

—Seth m'en a parlé. Apparemment, tu lui as laissé un message vocal de vingt minutes. Il m'a demandé de te déposer chez lui.

Marcus se contenta de le fixer d'un air absent. Archie soupira avec exaspération.

—Et pour la vidéo de surveillance ? glissa-t-il à l'intention de Fuentes.

Ce dernier adressa un sourire satisfait en effaçant les bandes d'enregistrement sur le terminal.

—On a eu des coupures de courant durant la nuit, affirma-t-il.

—N'importe quoi, râla Marcus. Je n'ai pas pu dormir à cause de ce néon de merde au-dessus de ma tronche.

—Marcus, s'énerva Fuentes.

—Quoi ? grogna l'Irlandais.

—Dégage de mon commissariat avant que je ne change d'avis.

Archie promit de parler à un artisan pour remplacer la devanture du commissariat. Ensuite, il attrapa Marcus par le col avant de l'entraîner à l'extérieur.

—Sans déconner. J'ai eu ce putain de néon dans la tronche durant toute la nuit.

—Boucle-la, annonça le biker.

—Qui t'a flanqué une torgnole ? demanda Marcus en désignant l'ecchymose.

—Mohamed Ali en talons aiguilles.

Marcus réfléchit longuement à la remarque du tail gunner.

—N'essaie pas de comprendre, Tête de pioche. C'est trop compliqué pour toi.

Archie le conduisait donc chez son frangin. Ils venaient de dépasser la supérette Orangewood Walmart Market et l'unique banque franchisée de la ville, c'est-à-dire la Nevada State Bank.

Tous les habitants d'Orangewood avaient un compte dans cette banque. De la bourgeoise famille des Gilmore aux péquenauds dans son genre, à sec dès le lendemain de leur paie à cause de tous ces fichus crédits à consommation, en passant par les bikers du coin. Pour le banquier Reynolds, les bons payeurs étaient en réalité de mauvais payeurs car ils payaient leurs échéances en temps et en heure. En revanche, les mauvais payeurs étaient de bons payeurs car, criblés de dettes, ils engraissaient la banque à coups d'agios plus onéreux les uns que les autres.

—La poisse, la poisse, la poisse, grommela Marcus.

Ses oreilles sifflaient déjà à la remontrance de son meilleur pote.

—Tu as vu dans quel état tu as foutu ta caisse. Mon pote Strike va s'arracher les cheveux pour dénicher les pièces de rechange.

—Pas question que je me sépare de ma caisse, s'insurgea-t-il.

—Les réparations vont te coûter une blinde, le prévint Archie. Strike va devoir appeler toutes les casses du coin.

—Rien à foutre. Je paierai.

—Tu vas devoir en affronter des gars pour allonger l'oseille.

—Rien à foutre, je te dis. S'il le faut, je défoncerai tous les connards du Nevada à coups de poings.

Nevada Wolves T1 et T2 finis / T3 pas fini [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant