Chapitre 76 | Ezra

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Pendant que la tonalité retentissait, Ezra jeta un rapide coup d'œil à Strike. Après la remarque débile du Road Captain, le biker devinait que son pote était au téléphone avec Archie.

— Une autre meuf que l'allume-cigare. Avec quelques années au compteur, pesta-t-il. Je t'en foutrai moi ! Propose-moi une bière en cannette à la place d'une pression bien fraîche quand tu y es ! Je veux ma p'tite et pas une foutue copie !

Son interlocuteur décrocha enfin.

— Salut mon pote, dit Eoin O'Reilly à l'autre bout du fil.

— J'ai besoin de te voir, c'est très urgent ! Dis-moi que tu n'es pas en Californie !

— Je ne suis pas en Californie, répondit le trafiquant d'armes. Sois dans notre entrepôt dans une demi-heure.

Ezra éclata de rire et lui promit d'y être.

Leur entrepôt en question se trouvait dans la zone industrielle d'Ash Mile en bordure du désert. La devanture était entièrement taguée, la porte était verrouillée par une chaîne cadenassée. Ezra fit le tour sur sa moto et la cacha sous une bâche qui se trouvait là.

Il enjamba la clôture et atterrit sur le toit d'une voiture à la carrosserie brûlée par le soleil. En lisant la plaque d'immatriculation, Ezra se souvenait que cette caisse se trouvait déjà là cinq ans avant d'atterrir en taule. La crise économique de l'époque avait forcé les investisseurs à renoncer à l'aérodrome privé d'Orangewood, forçant les entrepreneurs à fermer boutique ou migrer vers le pôle industriel à proximité de l'orangeraie des Gilmore.

Le sergent d'armes traversa la cour jusqu'à une pile de palettes en bois contre le hangar et atteignit la fenêtre en hauteur. En l'enjambant, il sentit un objet pointu déchirer son jeans tout neuf, lui entaillant légèrement la peau de la cuisse.

— Putain de merde ! Mon futal ! râla-t-il.

Eoin O'Reilly stationnait au milieu de l'entrepôt vide. Il était en vive conversation téléphonique avec un Irlandais. Dans un calepin, il nota quelques symboles dont la signification échappait totalement à Ezra.

Le trafiquant d'armes raccrocha à son approche puis lui claqua affectueusement le dos.

— Comment tu vas ? lui demanda-t-il.

— Heureux d'être dehors si tu veux tout savoir ! affirma Ezra dans un sourire.

— Au bout de dix ans, tu m'étonnes ! Désolé de ne pas avoir pu assister à ta fête ! J'étais en Irlande pour affaire !

— Pas de problème ! Félicitations pour ton ascension au sein du MC des Irlandais ! Fini de jouer avec les petites frappes de la rue ! Tu es dans la cour des grands !

— C'est ça !

Tout môme, Eoin avait fugué du Colorado pour atterrir Dieu sait comment à Orangewood. Par le bus, lui avait rétorqué ce p'tit con quand les services sociaux l'avaient confié à la grosse Gracie. Avec les années, il avait conservé sa belle gueule d'ange. Toutes les filles du quartier lui courraient après lui et Ezra ne se doutait pas un seul instant que ça devait être encore le cas.

— J'ai besoin de flingues, dit le Sergent d'armes.

Eoin opina du chef.

— Simple question, renâcla le trafiquant. Cette affaire risque de m'attirer des ennuis ?

Ezra avait anticipé qu'Eoin rechignerait à lui fournir des armes sans un minimum d'explications.

— Un connard de Die-Hard Henchmen m'a tiré une Harley en leasing.

Nevada Wolves T1 et T2 finis / T3 pas fini [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant