Chapitre 108 | Tsukasa

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Un message de la prison de Summerline Jail Complex lui était parvenu. L'un de leurs gars en taule voulait lui parler de toute urgence au sujet de Craig Hodges.

Tsukasa se présenta donc au parloir après avoir attendu des plombes en salle d'attente à crever de chaud. Cette putain d'air conditionné ne fonctionnait toujours pas. Ça lui rappelait ces écrasants étés où il était lycéen à Tokyo. Plusieurs étudiants s'évanouissaient à cause de l'hypothermie car il était bien évidemment interdit de retirer leur uniforme.

À sa grande surprise, le président Pike Houghton s'assit de l'autre côté de la vitre. La fille du boss lui avait bien dit que son paternel allait être placé en QHS. Tsukasa demeura inébranlable et attrapa le téléphone pour discuter avec son supérieur.

— Tu as l'air étonné de me voir là !

— Pas vraiment ! Tu as transmis un message pour que je vienne te voir. Je suis là !

— Il paraît que tu enquêtes sur cet abruti d'Hodges. J'aimerai savoir pourquoi !

— D'une source sûre, il n'est pas mort d'hyperthermie mais d'une balle en pleine tête. Il n'a pas pu s'évader de cette taule sans une aide extérieure. D'après mon enquête, ce connard a suivi des directives de son évasion jusqu'à son exécution dans le désert !

Pike l'écoutait sans dire un mot, l'air féroce. De toute évidence, son président lui cachait bel et bien quelque chose.

— As-tu découvert un élément substantiel ?

Tsukasa finit mine de réfléchir. Il omit de lui parler de sa visite à Blackhawk Canyon avec Roxy et encore moins de sa « rencontre percutante » avec le fameux Ghost et ses poings.

— Le mystère demeure entier sauf si tu as une info de premier ordre !

— Pourquoi j'aurai une info au sujet de ce débile de toxico ?

— D'après la rumeur, quelqu'un en taule a voulu le fumer ! rétorqua Tsukasa.

— Tu préfères croire en des rumeurs de merde plutôt qu'en la parole de ton président !

— J'ai confiance en mon président. En revanche, je ne peux pas en dire autant de ta nouvelle bande de potes en prison. La Fierté Blanche ! Cette bande de dégénérés congénitaux trône une idéologie coloniale totalement fausse selon laquelle le type caucasien est intellectuellement plus avancé que tous les autres !

— Je fais ce qu'il faut pour rester en vie !

Tsukasa acquiesça sans l'ombre d'un sourire.

Il se massa la main droite à laquelle il manquait une phalange aux deux derniers doigts. Foutu syndrome du membre fantôme ! Le yubitsume ou l'auto-ablation de l'auriculaire ou de l'annulaire permettait au yakuza fautif de présenter ses excuses à son chef de clan. Dans sa vie, Tsukasa avait failli par deux fois à son devoir et il avait fait de la prison au Japon. Le règlement pénitentiaire y était beaucoup plus dur et strict si l'on était un yakusa au Japon après la promulgation des lois antigang, visant à éradiquer les yakuza. En clair, il avait pissé et chié quand son maton le lui permettait. Il avait bouffé un bol de riz quand son maton le lui permettait. Il était resté agenouillé au sol à fixer le vide sans bouger sans sourciller durant des heures quand son maton le lui ordonnait. La liste était exhaustive, il songea aux travaux forcés et l'interdiction de contact avec l'extérieur ou le refus d'accès à l'instruction comme le système américain le permettait à ses détenus pour préparer l'après. Au Japon, quand un homme devenait un yakuza, il demeurait jusqu'à sa mort et sa famille était proscrite avec lui !

Houghton avait dessoudé le mec de sa fille alors que le club lui avait clairement conseillé de rester en dehors des coucheries de sa gosse. Elle n'avait qu'à mieux choisir ses mecs, en particulier si elle le faisait parmi les rangs des Los Tecza !

Nevada Wolves T1 et T2 finis / T3 pas fini [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant